lundi 21 juin 2010

Thérèse d'Avila, Vie 17 , extraits


Thérèse d’Avila, Vie 17, extraits

Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte pas à pas de son autobiographie


J'ai suffisamment parlé de ce troisième mode d'oraison, et de ce que l'âme doit faire, ou, pour mieux dire, de ce que le Seigneur opère en elle…
Il faut alors, ainsi qu'il vous a été dit, mon père, s'abandonner sans réserve entre les bras de Dieu. Veut-il emporter l'âme au ciel, qu'elle y aille; en enfer, elle y va sans peine, étant avec son souverain bien. Faut-il mourir à l'instant même, faut-il vivre mille ans, la volonté de Dieu est son désir. Le Seigneur peut disposer d'elle comme d'un bien qui est à lui. Cette âme ne s'appartient plus; elle a fait à Dieu un don total et absolu d'elle-même; qu'elle se décharge sur lui de toute sollicitude…


Une seule visite, si courte qu'elle soit, suffit à un tel jardinier pour répandre sans mesure cette eau dont il est le créateur. En un instant, il enrichit l'âme de trésors qu'elle n'aurait peut-être pu amasser par tous les efforts de l'esprit, en vingt années de labeur. Ce céleste Jardinier fait croître et mûrir les fruits; il veut que l'âme en cueille pour elle, mais il lui interdit d'en distribuer, jusqu'à ce qu'elle ait puisé dans cette nourriture une grande vigueur. Sinon, elle serait exposée à tout dissiper en prodigalités, sans rien réserver pour son propre avantage; et, nourrissant à ses dépens des étrangers sans rien recevoir d'eux en retour, elle se verrait peut-être en danger de mourir de faim…



Cette oraison communique aux vertus une force supérieure à celle qu'elles tiraient de l'oraison de quiétude, qui a précédé celle-ci. L'âme se voit toute changée; et, sans savoir comment, elle fait de grandes choses, grâce au parfum que répandent les fleurs. Le Seigneur vient de leur commander de s'ouvrir, afin que l'âme puisse croire à ses vertus...L'âme retire de cette oraison une humilité beaucoup plus grande et plus profonde que celle qu'elle avait auparavant; elle voit d'une manière plus évidente qu'elle n'a rien fait, si peu que ce soit: elle s'est contentée de donner le consentement de la volonté, en acceptant les grâces dont le Seigneur l'a favorisée…

Cette manière d'oraison est, à mon avis, une union manifeste de l'âme tout entière avec Dieu: seulement, Dieu permet aux puissances de l'âme de connaître ce qu'il opère de grand en elles et d'en jouir…
L'âme comprend que la volonté seule est liée à son Dieu, et elle goûte dans une paix profonde les délices de cette étroite union, tandis que l'entendement et la mémoire gardent assez de liberté pour s'occuper d'affaires, et s'appliquer à des œuvres de charité.
Au premier abord, cet état semblerait le même que celui de l'oraison de quiétude; il y a cependant de la différence. Dans l'oraison de quiétude, l'âme n'ose faire le moindre mouvement, de peur de troubler la sainte oisiveté de Marie dont elle jouit; mais dans l'union dont je parle, elle peut en même temps remplir l'office de Marthe. Ainsi elle mène en quelque sorte de front la vie active et la vie contemplative, et tout en restant unie à Dieu, elle peut s'occuper d'œuvres de charité, de lectures, et d'affaires relatives à son état. A la vérité, elle ne peut alors pleinement disposer de ses facultés; elle sent que la meilleure partie d'elle-même est ailleurs. Elle est comme une personne qui, s'entretenant avec une autre, et s'entendant adresser la parole par une troisième, ne prête des deux côtés qu'une attention imparfaite. L'âme sent avec joie et bonheur qu'elle est ainsi partagée, elle en a une vue très claire; et cet état la prépare admirablement à goûter une paix très profonde, dès qu'elle se trouvera seule et libre de toute affaire…jouir plus encore de son Dieu, goûter davantage le bonheur de lui être unie, soupirer après l'accomplissement de ses désirs, voilà ce qu'elle veut.
Celui qui a reçu ces grâces ne saurait trop remercier Dieu Pour chacune d'elles; et celui qui ne les a pas reçues doit le bénir de les avoir accordées à quelque personne vivante, pour que nous en profitions nous-mêmes.
Dans l'union dont je parle, et qui m'est très souvent accordée, Dieu s'empare de la volonté, et de l'entendement aussi, ce me semble; car cessant de discourir, il reste absorbé dans la jouissance et la contemplation de Dieu. Il découvre alors tant de merveilles, que l'une lui faisant perdre l'autre de vue, il ne peut s'attacher à aucune en particulier et est incapable d'en rien faire connaître…
Quant à la mémoire, elle reste libre, et apparemment, l'imagination se joint à elle. Comme elle se trouve seule, il n'est pas croyable quelle guerre elle fait à l'entendement et à la volonté, pour troubler leur repos…

L'unique remède que j'aie découvert, après une lutte pénible de plusieurs années, est celui que j'ai indiqué en parlant de l'oraison de quiétude: c'est de ne pas faire plus de cas de l'imagination que d'une folle, et de l'abandonner à son thème, Dieu seul pouvant l'en retirer. Après tout, elle n'est ici qu'une esclave...

Dans toutes ces manières dont la troisième eau arrose le jardin, la gloire et la paix de l'âme sont si grandes, que le corps partage visiblement le bonheur et le plaisir dont elle est comblée. Cet effet est très sensible. Et quant aux vertus, elles y puisent ce degré de vigueur dont j'ai déjà parlé…

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