mercredi 1 septembre 2010

Thérèse d'Avila Vie 25, extraits


Thérèse d'Avila Vie, Chapitre 25, extraits

Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte pas à pas de son autobiographie.



Pour les paroles que Dieu adresse à l'âme, il n'y a aucun moyen de ne pas les entendre. Malgré nous, elles nous forcent à écouter, et obtiennent de notre entendement une attention parfaite à tout ce que Dieu veut lui dire; il ne sert de rien ici de vouloir ou de ne pas vouloir. Par là, le Tout-Puissant nous fait entendre qu'il faut lui obéir, et il nous prouve qu'il est notre véritable Maître. J'ai sur ce sujet une grande expérience; car la crainte d'être trompée m'a fait résister près de deux ans à ces paroles intérieures; et maintenant encore j'essaie de temps en temps de résister, mais sans grand succès…
Selon moi, il peut arriver qu'une personne qui recommande à Dieu de tout son cœur une affaire dont elle est vivement préoccupée, se figure entendre une réponse; par exemple, que sa prière sera ou ne sera pas exaucée. Cela est, en effet, très possible. Toutefois, l'âme qui aura entendu des paroles divines verra clairement ce qu'il en est; car entre elles et les autres, il y a une grande différence. Quand c'est l'entendement qui forme ces paroles, quelque subtilité qu'il y mette, il voit que c'est lui qui les arrange et qui les profère. En un mot, lorsque l'entendement est l'auteur de ces paroles, il agit comme une personne qui ordonne un discours; et quand elles émanent de Dieu, il écoute ce qu'un autre dit…


Il y a encore une autre marque, la plus évidente de toutes: c'est que les paroles qui viennent de l'entendement ne produisent aucun effet, tandis que celles qui viennent de Dieu sont paroles et œuvres tout ensemble…


Il y a tant de moyens de discerner ces deux genres de paroles, qu'il est difficile que l'on s'y trompe souvent; j'ajoute même qu'une âme exercée et prudente en verra très clairement la différence. Sans montrer sous combien de rapports elles diffèrent, je me contenterai de signaler celui-ci. Les paroles qui viennent de nous ne produisent aucun effet, et l'âme ne les admet pas, tandis qu'elle est forcée, malgré elle, d'admettre les paroles divines

Mais Dieu se fait-il entendre, nous écoutons ses paroles comme si elles sortaient de la bouche d'une personne très sainte, très savante, de grande autorité, que nous savons être incapable de mentir; ce qui est même une comparaison trop basse. Ces paroles, en effet, sont parfois accompagnées de tant de majesté, que, sans considérer de qui elles procèdent nous ne saurions ne pas trembler quand elles nous reprennent de nos fautes, et ne pas nous fondre d'amour quand elles nous témoignent de l'amour. De plus, comme je l'ai dit, elles présentent à notre esprit des vérités bien éloignées de la mémoire, et elles expriment si rapidement des pensées si admirables, qu'il nous faudrait beaucoup de temps seulement pour les mettre en ordre: à mon avis, il nous est impossible de ne pas voir alors que de telles paroles ne sont pas notre œuvre…
Quand c'est le démon qui nous parle, non seulement ses paroles ne produisent pas de bons effets, mais elles en produisent de mauvais… Outre que l'âme demeure dans une extrême sécheresse, elle se trouve en proie à je ne sais quelle inquiétude

La douceur et le plaisir que causent ces paroles diffèrent extrêmement de ce que font éprouver celles de Dieu. A l'aide de ce plaisir, l'ennemi pourra tromper les personnes qui n'ont jamais senti les véritables douceurs qui viennent de Dieu…


Lorsqu'une âme ne voit point en elle cette vigueur de la foi, et lorsque la dévotion ou les visions qu'elle a ne contribuent pas à l'augmenter, je dis qu'elle ne doit pas les tenir pour sûres... Je vois, et je sais par expérience, qu'il ne faut se persuader qu'une chose vient de l'esprit de Dieu, qu'autant qu'elle se trouve conforme à l'Écriture sainte...



Quant à moi, j'ai eu beaucoup à souffrir des craintes excessives de certaines personnes, surtout dans la circonstance que je vais rapporter. Plusieurs d'entre elles à qui, pour de bons motifs, j'accordais pleine confiance, s'étaient assemblées à mon occasion...Je crois qu'ils étaient cinq ou six, tous grands serviteurs de Dieu. Mon confesseur me déclara qu'ils prononçaient tous, d'un commun accord, que ce que j'éprouvais venait du démon...
Un jour, sous l'empire de cette affliction, je quittai l'église, et je vins me réfugier dans un oratoire de notre monastère. Je m'étais privée pendant plusieurs jours de la communion et de la solitude, qui étaient toute ma consolation. Je n'avais personne avec qui je pusse communiquer; car tout le monde était contre moi…
Tandis que j'étais dans l'extrême affliction que je viens de dire, et quoique à cette époque je n'eusse point encore eu de visions, ces paroles que j'entendis suffirent seules pour m'enlever toute ma peine, et faire naître en mon âme un calme parfait: « N'aie point de peur, ma fille, car c'est moi; je ne t'abandonnerai point, bannis toute crainte ».


Dans l'état où j'étais, j'aurais cru que, même en employant de longues heures à ramener la paix dans mon âme, nul n'aurait pu y réussir. Et voilà qu'à ces seules paroles, je sentis renaître la sérénité; je retrouvai la force, le courage, l'assurance, la paix, la lumière; en un instant j'avais été si complètement changée, que j'aurais soutenu contre le monde entier que ces paroles venaient de Dieu. Oh! quelle bonté en ce Dieu! quel bon Maître! et qu'il est puissant! Non seulement il donne le conseil, mais encore le remède; ses paroles opèrent ce qu'elles expriment. Comme il fortifie notre foi et augmente notre amour!

Souvent, en pareille occasion, j'aimais à me rappeler cette tempête que Notre Seigneur apaisa soudain en commandant aux vents de laisser la mer tranquille, et je disais: Quel est celui auquel obéissent ainsi toutes les puissances de mon âme, qui en un instant fait briller la lumière au sein d'une obscurité si profonde, qui attendrit un cœur dur comme le rocher, et qui arrose de l'eau rafraîchissante des larmes une terre que devait, ce semble, désoler une longue sécheresse? Quel est celui qui allume ces désirs? Qui me donne ce courage? Car voici les pensées qui s'élevaient alors dans mon âme: De quoi ai-je peur? Qu'est-ce donc? Je veux servir ce Maître; je n'aspire qu'à le contenter; je mets dans l'accomplissement de sa volonté toute ma joie, tout mon repos et tout mon bonheur…




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