jeudi 9 septembre 2010

Thérèse d'Avila Vie 26, extraits


Thérèse d'Avila Vie, Chapitre 26, extraits
Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte pas à pas de son autobiographie.

Je regarde comme une des grandes grâces du Seigneur ce courage qu'il me donna contre les démons; car une âme se nuit beaucoup à elle-même lorsqu'elle se laisse abattre par la peur, et dominer par une autre crainte que celle d'offenser Dieu. Sujets d'un Roi tout puissant, au service d'un Souverain auquel tout est assujetti, nous n'avons rien à redouter, comme je l'ai dit déjà, dès que nous marchons devant lui dans la vérité et avec une conscience pure. Je ne voudrais donc voir en nous qu'une crainte, celle d'offenser, si peu que ce soit, Celui qui peut soudain nous anéantir, mais qui, s'il est content de nous, peut aussi confondre tous nos ennemis.
Cela est vrai, pourra-t-on dire; mais où sera l'âme assez droite pour contenter le Seigneur en tout, et n'avoir point aussi quelque crainte? Certes, ce n'est pas la mienne; elle est trop pauvre, trop imparfaite, et remplie de trop de misères. Heureusement, Dieu ne nous traite pas avec la même rigueur que les hommes, il connaît nos faiblesses. Toutefois, malgré cette crainte de n'être pas assez fidèle, l'âme arrivée à l'état dont je parle, trouve en elle de grands indices d'un véritable amour pour Dieu. L'amour dont elle brûle ne reste plus caché comme dans les commencements; il se révèle, ainsi que je le dirai dans la suite, si je ne l'ai déjà dit, par l'impétuosité de ses transports, et par la véhémence du désir de voir Dieu. Tout la dégoûte, tout la fatigue, tout la tourmente, excepté jouir de lui, ou travailler pour sa gloire…

Voici ce qui m'est arrivé plusieurs fois. Étant assaillie de grandes tribulations à cause d'une affaire dont je parlerai (la fondation de Saint Joseph d'Avila), et me voyant en butte aux murmures, non seulement de presque toute la ville où je suis (Avila), mais encore de mon ordre, je m'affligeais profondément de tant de causes de trouble. Le Seigneur me disait: « De quoi as-tu peur? Ne sais-tu pas que je suis tout-puissant? J'accomplirai ce que je t'ai promis. » Ces paroles, dont j'ai vu depuis le fidèle accomplissement, laissaient au moment même dans mon âme une force étonnante. Je me sentais prête, dût-il m'en coûter encore davantage, à m'engager dans de nouvelles entreprises pour le service de Dieu, et à aller au-devant des souffrances…
Souvent aussi il me faisait des réprimandes; et il en agit encore ainsi lorsque je commets quelque imperfection Il y a alors dans ses paroles une force capable de faire rentrer une âme dans le néant; mais elles portent l'amendement avec elles, sa Majesté donnant tout ensemble, comme je l'ai dit, le conseil et le remède. De temps en temps, il rappelle à ma mémoire les péchés de ma vie, et particulièrement lorsqu'il veut me faire quelque grâce signalée. L'âme alors se croit déjà devant son Juge; et la vérité lui apparaît avec tant de clarté qu'elle ne sait où se mettre…
On voit par là qu'il y a tant de marques de l'action de Dieu dans une âme, qu'elle ne peut, à mon avis, l'ignorer. Toutefois, voici la conduite la plus sûre à tenir; elle n'a aucun danger, et offre de nombreux avantages; et nous, femmes, qui sommes étrangères à la science, nous devons surtout nous y conformer: c'est de faire connaître notre âme tout entière, et les grâces que nous recevons, à un confesseur éclairé, et de lui obéir. Notre Seigneur lui-même me l'a ordonné plusieurs fois; je le mets en pratique, et je ne pourrais sans cela être en repos…

Lorsque le divin Maître m'ayant commandé une chose dans l'oraison, mon confesseur m'en ordonnait une autre, Notre Seigneur me disait d'obéir; mais il changeait bientôt la disposition de mon confesseur, et lui inspirait de me commander la même chose que lui.

Lorsqu'on défendit de lire plusieurs livres traduits en castillan, j'en eus beaucoup de peine; j'en lisais quelques uns avec plaisir, et désormais, ne comprenant pas le latin, je m'en voyais privée. Notre Seigneur me dit: « N'en aie point de peine, je te donnerai un livre vivant »…Notre Seigneur a daigné lui-même m'instruire avec tant d'amour et de tant de manières, que je n’ai eu que très peu ou presque pas besoin de livres. Ce divin Maître a été le livre véritable où j'ai vu les vérités. Bénédiction à ce Livre vivant, qui laisse imprimé dans l'âme ce qu'on doit lire et faire, de telle sorte qu'on ne peut l'oublier Et qui donc pourrait voir le Seigneur couvert de plaies, affligé, persécuté, sans désirer partager ses douleurs et les embrasser avec amour? Qui pourrait apercevoir le plus faible rayon de la gloire qu'il prépare à ceux qui le servent, sans comprendre que tout ce qu'on peut faire et souffrir n'est rien, quand on espère une telle récompense? Qui pourrait voir les tourments que souffrent les damnés, sans considérer comme des délices les tourments d'ici-bas, et sans se sentir pénétré d'une infinie reconnaissance envers un Dieu qui tant de fois nous a délivrés de cet abîme?...

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