dimanche 17 octobre 2010

Thérèse d'Avila, Vie 33, extraits



Thérèse d'Avila Vie, Chapitre 33, extraits

Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte pas à pas de son autobiographie.

Ainsi, l'affaire allait se conclure, et l'on était à la veille de passer le contrat, lorsque notre provincial changea d'avis… Notre supérieur n'eut pas plus tôt retiré son consentement, que mon confesseur m'ordonna de ne plus penser à cette affaire; et Dieu sait avec quelle peine et au prix de quelles souffrances je l'avais conduite jusqu'à ce point! Dès qu'on apprit dans la ville que nous l'avions abandonnée, on se confirma dans la pensée que ce n'avait été qu'une rêverie de femmes; et les murmures redoublèrent contre moi, quoique je n'eusse rien fait que de l'avis du provincial.
J'étais très mal vue de tout mon monastère, pour avoir entrepris d'en établir un où la clôture serait mieux gardée. Les sœurs disaient que c'était leur faire affront; que rien ne m'empêchait de bien servir Dieu dans mon couvent, comme tant d'autres meilleures que moi…
Je me désistai donc de mon entreprise avec autant de facilité et de contentement que si elle ne m'eût rien coûté… comme je croyais avoir fait tout ce qui était en mon pouvoir pour mettre à exécution ce que Notre Seigneur m'avait commandé, il me semblait que je n'étais pas obligée à davantage; je demeurais donc tranquille et contente dans le monastère où j'étais, toujours fermement convaincue que ce dessein s'exécuterait, quoique je ne visse ni quand ni par quel moyen cela pourrait être.
Notre Seigneur me fit connaître alors le prix immense des peines et des persécutions que l'on souffre pour son service; car, sans parler de tant d'autres précieux avantages que j'en retirais, je vis dès cette époque mon amour pour Dieu prendre des accroissements tels, que j'en étais saisie d'étonnement…
Ce saint religieux dominicain (le Père Ibañez) persistait à croire comme moi que la fondation aurait lieu. Me voyant fermement résolue à ne plus m'en mêler pour ne pas aller contre les ordres de mon confesseur, il s'en occupait de concert avec cette dame, mon amie, que Dieu m'avait associée dans cette œuvre; ils écrivirent à Rome, et ils ne négligeaient rien pour en venir à l'exécution…
Je me renfermai durant cinq ou six mois dans un silence absolu, m'interdisant toute démarche et même toute parole sur cette affaire... Au bout de ce temps, le recteur du collège de la compagnie de Jésus (Père Denys Vasquez) ayant quitté cette ville, Notre Seigneur lui substitua dans cette charge un homme profondément versé dans les voies spirituelles, et qui, à un grand courage et à un excellent esprit, joignait les lumières de la science (Gaspar de Saint Lazare).
Ce recteur vint me voir. Je devais, d'après l'ordre de mon confesseur, lui ouvrir mon âme avec toute la liberté et toute la clarté possibles…
Je n'eus pas plus tôt commencé à traiter avec lui, que je compris sa manière d'agir; je vis que c'était une âme pure, sainte, et qui avait reçu du Seigneur une grâce toute spéciale pour discerner les esprits. Grande fut donc ma consolation.
Il y avait peu de temps que j'étais en relation avec ce père, lorsque Notre Seigneur commença à me presser de reprendre l'affaire de la fondation… Il fut convenu entre nous de conduire l'affaire dans le plus grand secret. Dans ce dessein, je priai l'une de mes sœurs (Jeanne de Ahumada), qui ne demeurait pas dans la ville, d'acheter la maison, et de la faire arranger comme si c'eût été pour elle; quant à l'argent, il plut au Seigneur de nous l'envoyer par des voies qu'il serait trop long de rapporter. En tout ceci, je veillais à ne rien faire contre l'obéissance; mais je savais que, si j'en parlais à mes supérieurs, tout serait perdu, comme la première fois, et même qu'il adviendrait pire encore...
La maison me paraissait tellement petite, que je désespérais d'y établir un couvent...je la fis arranger grossièrement et sans recherche, me contentant qu'on y pût vivre et qu'elle ne fût pas malsaine, ce à quoi il faut toujours prendre garde.

A la même époque, le jour de l'Assomption de Notre Dame, étant dans l'église d'un monastère du glorieux saint Dominique …je fus tout à coup saisie d'un si grand ravissement que je me trouvai presque hors de moi-même. Je m'assis, et il me semble que je ne pus voir élever la sainte hostie, ni être attentive à la messe, ce qui me laissa du scrupule. En cet état, il me sembla que je me voyais revêtir d'une robe éblouissante de blancheur et de lumière; je ne distinguai pas d'abord par qui, mais bientôt j'aperçus Notre-Dame à mon côté droit, et mon père saint Joseph à mon côté gauche, qui m'en revêtaient; je compris que j'étais purifiée de mes péchés. Étant donc revêtue de cette robe et toute inondée de délices et de gloire, il me sembla que Notre-Dame me prenait les mains. Elle me dit que je lui causais un grand plaisir par ma dévotion au glorieux saint Joseph; je devais croire que mon dessein concernant la fondation s'exécuterait; Notre Seigneur ainsi qu'elle et saint Joseph seraient très honorés dans ce monastère…

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