dimanche 31 octobre 2010

Ces bienheureux du quotidien


Ces bienheureux du quotidien

Ils sont nombreux, les bienheureux qui n´ont jamais fait parler d´eux
Et qui n´ont pas laissé d´image. Tous ceux qui ont, depuis des âges,
Aimé sans cesse et de leur mieux, autant leurs frères que leur Dieu !

Ceux dont on ne dit pas un mot, ces bienheureux de l’humble classe.
Ceux qui n’ont pas fait de miracle, ceux qui n’ont jamais eu d’extase
Et qui n’ont laissé d’autre trace qu’un coin de terre ou un berceau.

Ils sont nombreux, ces gens de rien, ces bienheureux du quotidien
Qui n´entreront pas dans l´histoire. Ceux qui ont travaillé sans gloire
Et qui se sont usé les mains, à pétrir, à gagner le pain.

Ils ont leurs noms sur tant de pierres, et quelquefois dans nos prières.
Ils sont dans le cœur de Dieu !

Robert LEBEL

samedi 30 octobre 2010

Litanie des saints

Litanie des saints

Une belle prière en ce jour de fête de Tous les Saints


Fête de la Toussaint
Prière universelle

Refrain : W 67 Bienheureux, bienheureux, ceux qui cherchent la paix de Dieu,
Bienheureux, bienheureux, ils habitent le cœur de Dieu.

- Quand ton Eglise semble minoritaire et pauvre, redis-lui Seigneur, qu’elle porte en elle les germes de la Vie Eternelle et la joie du monde.

- Quand les hommes de bonne volonté luttent pour la justice et la paix, montre-leur Seigneur, dès aujourd’hui, les fruits de leurs efforts et leur dignité de fils de Dieu.

- Quand des hommes, des femmes, des enfants, pleurent, sont persécutés ou insultés, annonce-leur Seigneur, la joie et la consolation de ceux qui partagent ta vie et ta victoire.

- Quand nous n’avons que la force de la douceur et de la miséricorde pour te révéler au monde, rends-nous heureux de notre faiblesse Seigneur, car Toi-même tu nous soutiens et nous exauces.

Horaire Messe 2 Novembre


2 Novembre au Carmel de Saint-Maur messe pour les défunts à 8h00

Origine de la Toussaint dans l'Eglise



Origine de la
Toussaint
comme fête
de l'Église

Qu’est-ce qui rend la Toussaint si importante pour qu’on en célèbre la Vigile la veille (« Eve ») et la Fête le jour même?

L'Église a toujours honoré les premiers témoins de la foi chrétienne qui sont morts dans le Seigneur. (Le mot grec pour «témoin» est martyr.) Au cours des trois premiers siècles les chrétiens ont été fortement persécutés, ils ont souvent subi des tortures et la mort sanglante - parce qu'ils étaient fidèles . Ils ont refusé de renier le Christ, même lorsque ce refus aurait pu sauver leur propre vie, ou la vie de leurs enfants et les familles.

L'histoire des débuts de l'Église est remplie d'histoires héroïques de la foi de ces témoins de la vérité du Christ. Les histoires de ces saints - ces chrétiens baptisés de tous âges et de tous milieux, que leur fidélité et leur courage ont conduit à la sainteté – sont devenus des modèles pour tous les autres chrétiens à travers l'histoire.
Plus tard l'Eglise a canonisé beaucoup de personnes dont les noms et l’histoire sont connus, (l’Église a reconnu officiellement que la vie de ces personnes a été sans aucun doute sainte, ou sanctifiée - un "saint" est un exemple pour nous)
Mais il y a eu des milliers de martyrs au début du christianisme, dont la majorité des noms sont connus de Dieu seul - et tout au long de l'histoire de l'Eglise il y a eu d'innombrables personnes qui ont vraiment été saintes, qui sont avec Dieu dans le ciel, même si leur les noms ne sont pas sur la liste des saints canonisés.
Afin d'honorer la mémoire de ces saints anonymes, et de rappeler leur exemple, l'Eglise leur a consacré un jour de fête particulière - une sorte de «journée de commémoration" - afin que tous les chrétiens célèbrent par une messe spéciale la vie et le témoignage de ceux «qui sont morts et qui nous a précédés auprès du Seigneur".
Cette fête que nous appelons la Toussaint est issue d'une fête de tous les martyrs, dans le courant du 4ème siècle. Au début, elle a été célébrée le premier dimanche après la Pentecôte.
Puis on la célébra le 13 mai lorsque le pape Saint-Boniface IV (608-615) restaura et reconstruisit pour l’utiliser comme église chrétienne un ancien temple romain que la Rome païenne avait dédiée "tous les dieux", le Panthéon. Le pape y ré-enterra les ossements de nombreux martyrs et dédia cette Eglise à la Mère de Dieu et à tous les saints martyrs, le 13 mai 610.
Environ cent ans plus tard, le pape Grégoire III (731-741) consacra une nouvelle chapelle de la basilique Saint-Pierre à tous les saints (et pas seulement aux martyrs) le 1° Novembre et il fixa la date anniversaire de la dédicace à cette même date.
Un siècle plus tard, le pape Grégoire IV (827-844) étendit la célébration de la Toussaint au 1° Novembre à toute l’Eglise.

La veille de cette fête importante, la Vigile de Tous les Saints, (All Hallows Eve = Hallowe’en), a été semble-t-il célébrée en même temps que la fête elle-même pour christianiser des rites celtiques.
(Les druides fêtaient alors le 31 Octobre la fête de Samhain « fin des étés »pour marquer la fin de l’année et le début de l’année nouvelle. A cette occasion comme ils pensaient que les âmes des morts erraient dans les rues et les villages la nuit, ils cherchaient à se les rendre favorables par des cadeaux et diverses pratiques).

La Toussaint est l'une des fêtes importantes de l'Eglise catholique. C'est un jour de fête de précepte, ce qui signifie que tous les catholiques sont invités à aller à la messe ce jour-là.
Cette fête est l'occasion de rappeler que tous les hommes sont appelés à la sainteté, par des chemins différents, parfois surprenants ou inattendus. La sainteté n'est pas réservée à une élite : elle concerne tous ceux et celles qui choisissent de mettre leurs pas dans ceux du Christ, elle nous concerne tous!

vendredi 29 octobre 2010

Thérèse d'Avila , Vie 37, extraits



Thérèse d'Avila Vie, Chapitre 37, extraits

Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte pas à pas de son autobiographie.

...depuis que Notre Seigneur m'a fait connaître combien grande est l'inégalité qui existe dans le ciel entre la félicité des uns et celle des autres, je vois bien que, sur la terre il n'y a pas non plus, quand il le veut, de mesure à ses dons. Aussi voudrais-je n'en voir mettre jamais dans le dévouement à une si haute Majesté.

Mon désir serait de consumer ma vie, mes forces, ma santé à son service, et de ne point perdre, par ma faute, le moindre degré de jouissance dans le ciel…car je vois que plus on le connaît, plus on l'aime et on le loue. Sans doute, je m'estimerais trop heureuse, après avoir mérité la dernière place en enfer, d'occuper la dernière place du paradis; et plaise à sa divine Majesté de me la donner un jour, sans considérer la grandeur de mes péchés! elle userait envers moi de la plus grande miséricorde; mais j'affirme que, si je le pouvais, et si le Seigneur me donnait sa grâce pour endurer d'extrêmes souffrances, je ne voudrais, quoi qu'il dût m'en coûter, rien perdre par ma faute. Infortunée! J'avais cependant, par mes nombreux péchés, tout perdu pour jamais…
Un simple regard sur la divine image que je porte gravée au fond de mon âme, me rend souverainement libre. Tout ce que je vois, loin de me captiver, excite mon dégoût, quand je le compare aux grâces et aux excellences que je découvre en ce divin Maître. Non, il n'y a ni science, ni félicité sur la terre qui soit de quelque prix a mes yeux, auprès du bonheur d'entendre une seule parole proférée par cette bouche divine…

Plus Notre Seigneur se montrait à moi, plus je sentais croître mon amour pour lui et ma confiance en sa bonté. Ses fréquents entretiens me le faisaient connaître d'une manière plus intime; je voyais qu'étant Dieu et homme tout ensemble, il ne s'étonne pas des faiblesses des hommes; il sait toute la profondeur de notre misère, et à combien de chutes nous sommes exposés, par suite du péché de nos premiers parents, qu'il est venu réparer. Je sentais que je pouvais traiter avec ce souverain Seigneur comme avec un ami, parce qu'il ne ressemble pas à ceux de la terre, qui mettent toute leur grandeur dans l'appareil d'une puissance empruntée. On ne leur parle qu'à certaines heures, et il n'y a que les personnes qualifiées qui les approchent…
O Roi de gloire et Seigneur de tous les rois! votre empire n'est point défendu par de frêles barrières, car il est éternel. Oh! comme, sans introducteur, on peut arriver jusqu'à vous!…nous pouvons traiter avec vous de tous nos intérêts, et vous parler au gré de nos désirs…

Je viens de passer huit jours dans cette obscurité; je ne trouvais plus en moi ni sentiment de mes obligations envers Dieu, ni souvenir de ses grâces; mon esprit était frappé d'impuissance, et absorbé par je ne sais quoi. Je n'avais assurément nulle mauvaise pensée, mais je me sentais si incapable d'en avoir de bonnes, que je riais de moi-même, et prenais plaisir à voir la bassesse d'une âme, quand Dieu suspend en elle son opération…elle a beau mettre du bois, et faire de son côté le peu qui est en son pouvoir pour allumer le feu de l'amour divin, aucune flamme ne monte. C'est déjà une grande miséricorde de la part de Dieu, que la fumée paraisse, et montre qu'il n'est pas entièrement éteint. Notre Seigneur l'allume ensuite de nouveau; mais jusque-là, quand on se romprait la tête à souffler et à arranger le bois, on ne ferait que l'étouffer davantage. Je crois que le meilleur alors est d'avouer franchement que l'on ne peut rien par soi-même, et de s'employer, comme j'ai dit, à d'autres œuvres méritoires. Peut-être Notre Seigneur enlève-t-il à l'âme l'oraison, afin qu'elle se livre à ces œuvres, et connaisse par expérience le peu dont elle est capable par elle-même.

Il est certain qu'aujourd'hui j'ai goûté de grandes délices auprès de Notre Seigneur: j'ai osé me plaindre de lui, et je lui ai dit: Eh quoi! mon Dieu, n'est-ce donc pas assez que vous me teniez dans cette misérable vie; que, pour l'amour de vous, je m'y soumette, et que je veuille vivre dans cet exil où tout m'empêche de jouir de vous, le manger, le dormir, les affaires, les rapports avec le monde? Vous seul connaissez la grandeur de ce tourment; et néanmoins, ô mon Seigneur, je l'endure pour l'amour de vous: faut-il encore que, dans ces rares instants où je pourrais jouir de votre présence, vous vous dérobiez à ma vue? Comment cela peut-il s'allier avec votre miséricorde? Comment l'amour que vous avez pour moi peut-il le tolérer? Seigneur, s'il m'était possible de me cacher de vous, comme vous de moi, votre amour, j'en suis sûre, ne le souffrirait jamais. Mais vous êtes toujours avec moi, et vous me voyez toujours. Mon tendre Maître, une pareille inégalité est trop cruelle; considérez, je vous en supplie, qu'elle n'est pas juste envers celle qui vous aime d'un si ardent amour…

Vous pouvez lire le texte intégral de ce chapitre 37de sa Vie en cliquant ici
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Fête de la Toussaint Heure Messe


Fête de la Toussaint Eucharistie à 9h00 au Carmel de Saint-Maur

Prière universelle 31° dimanche C


Prière universelle du 31° dimanche C

Refrain : Appelle-nous Seigneur, appelle-nous.

- Frères, nous dit saint Paul, nous prions continuellement pour vous afin que notre Dieu vous trouve dignes de l’appel qu’il vous a adressé.
Prions pour l’Eglise, pour chacun de ses membres, qu’ils s’ouvrent toujours plus à la grâce, et que leur vie manifeste la miséricorde de Dieu envers tous les hommes.

- Zachée, dit Jésus, descends vite, aujourd’hui il faut que j’aille demeurer chez toi.
Prions pour les responsables des nations qui perçoivent l’appel des peuples au dialogue et à la paix. Qu’ils s’engagent avec empressement dans la construction d’un monde plus juste et fraternel.

- Aujourd’hui le salut est entré dans cette maison dit Jésus.
Prions pour les hommes de toutes conditions, que chacun ose partager non seulement ses richesses matérielles mais aussi ses richesses de cœur, d’accueil, d’écoute, d’entraide, afin que nous vivions tous en frères dans une humanité réconciliée.

- Que Dieu rende active votre foi, ainsi notre Seigneur Jésus aura sa gloire en vous et vous en Lui nous dit saint Paul.
Prions pour notre assemblée, pour nos malades et nos absents. Que cette eucharistie vécue au nom de tous, nous fortifie dans la foi, l’espérance et la charité, pour que Dieu soit glorifié en nous.

jeudi 28 octobre 2010

Thérèse d'Avila, Vie 36, extraits


Thérèse d'Avila Vie, Chapitre 36, extraits

Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte pas à pas de son autobiographie.

Le soir même de mon arrivée ici (Avila), nous reçûmes les dépêches de Rome et le bref pour l'établissement de notre monastère …Je trouvai dans la ville l'évêque, le saint frère Pierre d'Alcantara et ce vertueux gentilhomme (François de Salcédo) qui le logeait chez lui, les serviteurs de Dieu trouvant toujours dans sa maison asile et bon accueil. Ils s'employèrent tous deux auprès de l'évêque, et le déterminèrent à prendre sous sa juridiction le nouveau monastère. Comme il devait être fondé sans revenus, la faveur demandée au prélat n'était pas petite; mais il était si affectionné aux personnes en qui il voyait une ferme résolution de servir Dieu, qu'il se sentit aussitôt disposé à nous aider…
Tout se fit dans le plus grand secret, et si l'on ne s'y fût pris de la sorte, je ne sais si on aurait pu rien exécuter, tant la ville était opposée à un tel dessein, comme la suite le fit voir.
A cette époque, Notre Seigneur envoya une maladie à un de mes beaux-frères, sa femme étant absente de cette ville, il se trouvait dans un tel a
bandon, qu'on me permit de demeurer auprès de lui. Ainsi l'on ne se douta de rien… Chose admirable! la maladie de mon beau-frère ne dura que le temps nécessaire à notre affaire; et lorsqu'il fut besoin qu'il recouvrât la santé, pour que je pusse retrouver ma liberté et que lui-même pût quitter la maison, Notre Seigneur la lui rendit si soudainement qu'il en était émerveillé.
Enfin, tout étant prêt pour la fondation, il plut à Notre Seigneur que le jour même de la fête de saint Barthélemy, quelques filles prissent l'habit, et que le très saint Sacrement fût mis dans notre église; et ainsi se trouva légitimement érigé, en l'année 1562, avec toutes les approbations requises de l'autorité, le monastère de notre glorieux père saint Joseph
Ce fut pour moi un avant-goût de la gloire céleste, de voir cette petite maison honorée de la présence du très saint Sacrement, et de remédier à la nécessité de quatre pauvres orphelines, grandes servantes de Dieu, en les recevant sans dot. Dès le principe, j'avais désiré que les premières qui entreraient fussent, par leur exemple, le fondement de cet édifice spirituel, et propres à réaliser le dessein conçu par nous de mener une vie très parfaite et de très grande oraison…
Trois ou quatre heures après la cérémonie, le démon me livra un combat intérieur dont je vais parler. Il me mit dans l'esprit que peut-être j'avais offensé Dieu dans ce que j'avais fait, et manqué à l'obéissance en fondant ce monastère sans l'ordre de mon provincial… D'autre part, les religieuses que je venais de recevoir vivraient-elles contentes dans une si étroite clôture? Le nécessaire ne leur manquerait-il point? Cette fondation n'était-elle pas une folie? Pourquoi m'étais-je engagée dans cette entreprise, moi qui pouvais si bien servir Dieu dans mon couvent?...
Le démon présentait tout cela à mon esprit, sans qu'il me fût possible de penser à autre chose; et il répandait en même temps dans mon âme une affliction, une obscurité, des ténèbres, que je ne saurais dépeindre. Me voyant dans cet état, je m'en allai devant le très saint Sacrement, bien que je fusse incapable de former une prière
Ce fut là, je puis le dire, un des moments où j'ai le plus souffert dans ma vie… Mais Notre Seigneur ne voulut pas laisser souffrir davantage sa pauvre servante, et il fut fidèle à m'assister dans cette tribulation, comme il l'avait fait dans toutes les autres. Par un rayon de sa lumière il me découvrit la vérité… Pourquoi craindre? J'avais désiré des croix, je devais me réjouir d'en trouver de si bonnes à porter; plus la répugnance était grande, plus le profit serait considérable; enfin, pourquoi devais-je manquer de courage dans le service de Celui qui m'avait comblée de bienfaits?
Cette tempête étant calmée, j'aurais bien voulu prendre un peu de repos après midi… Mais cela fut impossible. Déjà la nouvelle de ce qui venait d'avoir lieu excitait une grande rumeur tant dans la ville que dans mon couvent… La prieure m'envoya l'ordre de revenir sur-le-champ; je partis sans délai, laissant mes religieuses plongées dans la peine. Je prévoyais bien des tribulations; mais comme le monastère était fondé, j'en étais fort peu émue. J'élevai mon âme à Dieu pour lui demander son assistance, et je suppliai mon père saint Joseph de me ramener dans sa maison, lui offrant ce que j'aurais à endurer, et m'estimant fort heureuse de le souffrir pour son service…
La ville porta l'affaire au conseil du roi; il en vint un ordre de dresser une enquête exacte de tout ce qui s'était fait, et voilà un grand procès commencé...
Cette tempête dura près de six mois; mais le détail de nos souffrances dans cet intervalle serait trop long à rapporter…
L'émotion de la ville commençait à se calmer: le père présenté dominicain, auquel nous nous étions d'abord adressées (Pierre Ybañez), sut alors, quoique absent, si bien ménager les esprits, qu’il nous fut d'un très grand secours… il négocia si bien par certaines voies auprès de notre père provincial, que, contre toute espérance, celui-ci me permit dès lors de venir, avec quelques religieuses, habiter le nouveau monastère, afin d'y célébrer l’office divin et d'instruire celles qui y étaient déjà…
La joie que j'éprouvai le jour où nous y entrâmes fut inexprimable. Avant de pénétrer dans la maison, je m'arrêtai à l'église pour faire oraison: là, étant presque en extase, je vis Notre Seigneur Jésus-Christ qui me recevait avec un grand amour, et qui, en me mettant une couronne sur la tête, me témoignait sa satisfaction de ce que j'avais fait pour sa très sainte Mère. Un autre jour, tandis qu'après complies nous étions toutes en oraison dans le chœur, la très sainte Vierge m'apparut, environnée d'une très grande gloire, et revêtue d'un manteau blanc sous lequel elle nous abritait toutes
Nous n'eûmes pas plus tôt commencé à faire l'office, que le peuple fut touché d'une grande dévotion pour ce monastère. Nous reçûmes de nouvelles religieuses. Notre Seigneur changea le cœur de ceux qui nous avaient le plus persécutées; ils se montraient pleins de dévouement à notre égard, et nous faisaient l'aumône, approuvant ainsi ce qu'ils avaient tant condamné…
Plaise à Notre Seigneur que tout soit à son honneur et à sa louange, comme à l'honneur et à la louange de la glorieuse Vierge Marie, dont nous portons l’habit! Amen.

Vous pouvez lire le texte intégral de ce chapitre 36 de sa Vie en cliquant ici

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mercredi 27 octobre 2010

Une seule famille humaine, Benoit XVI


« Une seule famille humaine »

Message du PAPE BENOÎT XVI

pour la 97ème JOURNÉE MONDIALE du MIGRANT et du RÉFUGIÉ

Envisager le monde comme « une seule famille de frères et de sœurs dans des sociétés qui deviennent toujours plus multiethniques et interculturelles… Tous, appartiennent donc à une unique famille, migrants et populations locales qui les accueillent, et tous ont le même droit de bénéficier des biens de la terre, dont la destination est universelle, comme l’enseigne la doctrine sociale de l’Eglise. C’est ici que trouvent leur fondement la solidarité et le partage…
Le monde des migrants est vaste et diversifié. Il est constitué d’expériences merveilleuses et prometteuses, ainsi que, malheureusement, de nombreuses autres, dramatiques et indignes de l’homme et de sociétés qui se qualifient de civiles. Pour l’Eglise, cette réalité constitue un signe éloquent de notre époque, qui souligne de façon encore plus évidente la vocation de l’humanité à former une seule famille et, dans le même temps, les difficultés qui, au lieu de l’unir, la divisent et la déchirent. Ne perdons pas l’espérance et prions ensemble Dieu, Père de tous, afin qu’il nous aide à être, chacun en première personne, des hommes et des femmes capables de relations fraternelles; et, sur le plan social, politique et institutionnel, afin que s’accroissent la compréhension et l’estime réciproques entre les peuples et les cultures. »


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dimanche 24 octobre 2010

Thérèsed'Avila,Vie 35, extraits


Thérèse d'Avila Vie, Chapitre 35, extraits
Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte pas à pas de son autobiographie.
Tandis que j'étais chez cette dame, auprès de laquelle je restai plus de six mois, il arriva, par une disposition de la Providence, qu'une béate de notre ordre qui habitait à plus de soixante-dix lieues d'ici, entendit parler de moi. Passant par la région où j'étais, elle fit un détour de quelques lieues pour me voir…
Je ne savais point encore qu'avant la bulle de mitigation, notre règle défendit de rien posséder, et mon intention était de fonder le nouveau monastère avec des revenus, afin d'éviter le soin de procurer le nécessaire… Elle ne m'en eut pas plus tôt parlé, que j'entrai dans son sentiment. Je n'avais pas l'ombre d'un doute que ce ne fût là le plus parfait; j'aurais même souhaité, si mon état me l'eût permis, demander l'aumône pour l'amour de Dieu, et n'avoir ni maison ni quoi que ce soit en propre. Mais j'appréhendais que, si Dieu ne mettait pas au cœur de mes compagnes les mêmes dispositions, cette pauvreté ne fût pour elles une source de peines et de distractions…



Je cherchai, selon ma coutume, à m'éclairer auprès d'un grand nombre de personnes, et je n'en trouvais presque aucune de mon avis… mais en retournant à l'oraison et en considérant Jésus-Christ en croix, pauvre et dépouillé de tout, je ne pouvais souffrir d'être riche, et je le suppliais avec larmes de tout disposer de manière que je me visse pauvre comme lui
J'en écrivis à ce religieux dominicain qui nous était si dévoué (Pierre Ybañez). Il m'envoya deux feuilles de papier pleines de raisons de théologie pour me détourner de mon dessein… Je lui répondis que je ne prétendais point me prévaloir de la théologie pour me dispenser de vivre selon ma vocation, et d'accomplir le plus parfaitement que je pourrais le vœu de pauvreté que j'avais fait, afin de suivre les conseils de Jésus-Christ; qu'ainsi je le priais sur ce point de me faire grâce de sa science.
C'était un grand plaisir pour moi de rencontrer quelqu'un qui fût de mon sentiment. Cette dame chez qui j'étais, m'y fortifiait…Cette dame désirant voir le saint frère Pierre d'Alcantara qu'elle n'avait jamais vu, le Seigneur permit qu'à, ma prière, il voulût bien venir chez elle. Cet homme de Dieu avait un grand amour pour la pauvreté; il l'avait religieusement pratiquée durant plusieurs années, et il en comprenait les richesses; ainsi, non seulement il approuva mon dessein, mais il m'ordonna de travailler de tout mon pouvoir à le faire réussir…
Un jour, tandis que je recommandais très instamment cette affaire à Notre Seigneur, il me dit de ne renoncer en aucune manière à fonder le monastère sans revenus

Il plut également au divin Maître de changer le cœur du présenté (licencié en théologie)… Après le suffrage de tels hommes et les paroles du divin Maître, je n'avais plus rien à souhaiter; ma joie était au comble: avec ma résolution de vivre d'aumônes pour l'amour de Dieu, il me semblait que j'étais déjà maîtresse de tous les trésors du monde.



En ce temps-là, mon provincial révoqua l'ordre qu'il m'avait donné, en vertu de la sainte obéissance, de me rendre auprès de cette dame; mais il me laissait libre de partir aussitôt ou de demeurer encore quelque temps avec elle. Précisément à cette époque on devait faire l'élection d'une prieure dans notre monastère, et l'on me donnait avis que plusieurs des sœurs songeaient à m'imposer le fardeau. La seule pensée de ce dessein me jeta dans une peine indicible; je sentais que j'aurais souffert avec joie tout autre martyre pour l'amour de Dieu; mais je ne pouvais me résoudre à m'exposer à celui-là…Tandis que j'étais ainsi pleine de joie de me trouver éloignée de tout ce bruit, Notre Seigneur me dit de ne pas manquer de partir; puisque je désirais des croix, une bonne m'était préparée; je ne devais pas la refuser, mais partir avec courage et sans délai; lui-même m'aiderait. Cet ordre m'affligea beaucoup, et je ne faisais que pleurer, dans la pensée que cette croix était la charge de prieure… J'en parlai à mon confesseur, et il m'ordonna de hâter mon départ, me disant qu'évidemment c'était le parti le plus parfait…
Mais Notre Seigneur avait d'autres desseins, et il fallut s'y soumettre. Je me trouvais dans un trouble extrême, et dans une entière impuissance de faire oraison; je n'exécutais pas, me semblait-il, le commandement que m'avait fait Notre Seigneur; je refusais d'aller m'offrir à la tribulation, et je restais pour mon plaisir dans un endroit où j'étais bien traitée; tout mon dévouement pour Dieu se réduisait à des paroles; pouvant, par mon retour, lui plaire davantage, pourquoi balancer à partir? Après tout, si je devais en mourir, que j'en mourusse!...

Témoin de ma peine, et cédant comme moi à l'inspiration de Dieu, mon confesseur me dit de ne plus différer mon départ. Je suppliai donc cette dame de vouloir bien y consentir…
Sachant la vive peine que cette séparation lui causait, je regardais comme une merveille qu'elle voulût y consentir; mais comme elle avait une grande crainte du Seigneur, lorsque je lui dis entre autres choses qu'il y allait de son service, et lui donnai quelque espérance de revenir la voir, elle se rendit enfin, quoique avec beaucoup de peine. Pour moi, je n'en avais point de partir, car je comprenais que c'était là le plus parfait et que le service de Dieu le demandait; aussi la joie de le contenter me rendait facile le sacrifice de quitter cette dame…Je voyais que j'allais en quelque sorte me jeter dans un feu; et au reste, Notre Seigneur m'en avait prévenue; il m'avait annoncé une grande croix, que jamais, il faut le dire, je ne me serais figurée si pesante; et malgré tout cela, je partais non seulement joyeuse, mais impatiente d'entrer dans ce combat où Dieu m'engageait, et pour lequel il animait ma faiblesse d'un si grand courage.

O Dieu de mon âme, avec quel éclat se montre votre toute-puissance! Et qu'il est superflu de chercher les raisons de ce qu'elle veut! Vous rendez faisables les choses qui, selon la lumière de notre raison, semblent impossiblesCelui qui vous aime véritablement, ô mon souverain Bien, marche avec assurance, par un chemin large et royal, loin de tout précipice. Vient-il à chanceler, aussitôt, Seigneur, vous lui tendez la main; et si son amour s'adresse à vous et non au monde, une chute, ni même plusieurs, ne sauraient le perdre, car il chemine dans la vallée de l'humilité…
Tenons sans cesse nos regards attachés sur ce Dieu de bonté, et ne craignons pas que ce Soleil de justice se cache, ni qu'il nous laisse au milieu des ténèbres, en danger de nous perdre, si nous ne l'abandonnons pas nous-mêmes…

Vous pouvez lire le texte intégral de ce chapitre 35 de sa Vie en cliquant ici
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samedi 23 octobre 2010

Prière universelle 30° dimanche C


Prière universelle
30° dimanche ordinaire C

Refrain : Seigneur fais de nous des ouvriers de paix, Seigneur fais de nous des bâtisseurs d’amour.

- Donne à ton Eglise Seigneur, l’audace d’un cœur universel pour témoigner de toi dans ce monde. Que la parole humble et vraie des missionnaires de l’Evangile fasse naître la foi chez ceux auprès desquels ils sont envoyés. Nous t’en prions !

- Donne aux gouvernants et aux responsables sociaux et économiques le courage de faire la vérité au milieu des contradictions et des conflits de ce temps, pour conduire les peuples vers plus de justice et de paix. Nous t’en prions !

- Donne aux pauvres et aux exclus de nos sociétés la joie d’être soutenus et aidés par des frères au cœur bon, accueillant et généreux. Nous t’en prions !

- Donne à de nombreux jeunes de répondre avec joie à ton appel pour qu’ils partent annoncer à tous la bonne nouvelle du Royaume d’amour et de paix que tu veux construire avec eux. Nous t’en prions !

- Donne-nous de te servir et de te prier humblement et joyeusement, car tout ce que nous sommes vient de Toi, et tout ce que nous faisons est pour Toi. Nous t’en prions !

vendredi 22 octobre 2010

diaporama: fabrication des hosties au Carmel de Saint-Maur

Fabrication des hosties au Carmel de Saint-Maur

Thérèse d'Avila, vie 34, extraits



Thérèse d'Avila Vie, Chapitre 34, extraits


Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte pas à pas de son autobiographie.

Malgré mes soins pour tenir la chose secrète, tout ne put se faire avec tant de mystère que quelques personnes n'en eussent connaissance; les unes y croyaient, les autres refusaient d'y croire. Je craignais beaucoup que mon provincial, à la moindre parole qu'on lui en dirait à son arrivée, ne me défendit de poursuivre mon dessein; car, à l'instant même, j'aurais tout abandonné. Voici de quelle manière Notre Seigneur y pourvut.
Dans une grande ville (Tolède), distante de plus de vingt lieues de celle où j'étais, une dame de qualité venait de perdre son mari, et son extrême affliction l'avait réduite en tel état, que l'on craignait pour sa santé…
Soudain elle fit toutes les démarches possibles pour m'avoir chez elle, et en écrivit au provincial qui était alors fort éloigné d'elle. Celui-ci m'envoya un ordre, en vertu de la sainte obéissance, de partir sans retard avec une religieuse de mes compagnes…
Tandis que je me recommandais instamment à Dieu, je fus saisie d'un grand ravissement, qui dura tout le temps ou presque tout le temps des matines. Notre Seigneur me dit de partir… il convenait pour l'affaire du monastère que je fusse absente jusqu'à la réception du bref, parce que le démon avait ourdi une grande trame pour l'arrivée du provincial, mais je ne devais rien craindre, car il m'aiderait… Il plut à Notre Seigneur de faire éprouver à cette dame tant de consolation auprès de moi, qu'elle commença aussitôt à se porter beaucoup mieux. Son âme se dilatait de jour en jour...
Il arriva alors en cette ville un religieux de haute naissance, avec lequel j'avais traité un certain nombre de fois plusieurs années auparavant (Père Garcia de Tolède). Comme j'entendais un jour la messe dans un monastère de son ordre, voisin de la maison où j'étais, l'ardeur avec laquelle je souhaitais qu'il fût un grand serviteur de Dieu, m'inspira le désir de connaître la disposition intérieure de son âme. Ainsi, étant déjà recueillie dans l'oraison, je me levai pour aller lui parler…


En le quittant, je me retirai dans l'endroit solitaire où j’avais coutume de faire oraison… je me souviens qu'après avoir demandé au divin Maître, avec beaucoup de larmes, d'enchaîner sans réserve à son service ce religieux que j'avais toujours estimé bon, mais que je voulais voir parfait, je lui dis sans détour: Seigneur, vous ne devez point me refuser cette grâce; considérez que c'est là un excellent sujet pour être de nos amis.
O bonté, ô condescendance infinie de Dieu! Il parait bien qu'il ne prend pas garde aux paroles, mais qu'il considère seulement les désirs et l'amour qui les dictent. Et il souffre qu'une pécheresse comme moi parle avec tant de hardiesse à sa Majesté! Qu'il en soit à jamais béni!
Quant à la grâce que j'avais demandée pour ce religieux, j'avais la confiance qu'elle lui serait accordée…il résolut de s'adonner désormais à l'oraison de la manière la plus sérieuse, sans toutefois en venir à l'exécution à l'instant même…
Toutes les fois qu'à partir de cette époque ce religieux s'est entretenu avec moi, sa parole m'a laissée comme ravie; si je n'avais vu de mes yeux ses admirables progrès, j'hésiterais à croire que Dieu lui ait fait en si peu de temps de si grandes grâces. Il est habituellement si absorbé en Dieu, qu'il parait mort à toutes les choses de la terre. Je prie la divine Majesté de le soutenir toujours de sa main. S'il travaille à se perfectionner de plus en plus, comme la profonde connaissance qu'il a de lui-même me donne sujet de l'espérer, il sera un des plus remarquables serviteurs de Dieu, et il rendra des services signalés aux âmes, par l'expérience qu'il a si promptement acquise des choses spirituelles.
Cette expérience est un don du Seigneur, qu'il accorde quand il lui plait et comme il lui plaît; le temps et les services n'y font rien. Je ne nie pas qu'ils ne puissent y contribuer beaucoup, mais je dis que souvent Dieu, dans l'espace d'un an, élève certaines âmes à une plus haute contemplation que d'autres en vingt années. Lui seul en sait la raison…Je ne dis pas qu'un savant qui n'est pas dans ces voies ne puisse conduire les âmes qui y sont, pourvu que dans les choses ordinaires, tant intérieures qu'extérieures, il se règle d'après les lumières de la raison, et que pour les surnaturelles, il se conforme à l'Écriture sainte. Pour le reste, qu'il ne se mette pas la tête à la torture, et ne se flatte pas d'entendre ce qu'il n'entend point…
O mon Jésus! qu'elle est puissante l'action qu'exerce une âme embrasée de votre amour! Quelle estime ne devons-nous pas faire d'elle! et avec quelles instances ne devrions-nous pas vous supplier de la laisser longtemps en cette vie! Quiconque brûle du même amour devrait, s'il le pouvait, s'en aller à la suite de ces âmes. Quel avantage immense pour un malade du divin amour, d'en trouver un autre atteint du même mal! Quelle consolation pour lui de n'être plus seul! Comme ils s'excitent l’un l'autre à souffrir et à mériter! Comme ils se fortifient dans la résolution d'exposer pour Dieu mille vies, et dans le désir de trouver l'occasion de la perdre effectivement pour son amour !… Souffrir, voilà le métier de ces âmes. Oh! quelle grande chose que de recevoir de Dieu la lumière, pour comprendre ce que l'on gagne à souffrir pour lui!...


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jeudi 21 octobre 2010

La feuille tombe, poème


La feuille tombe

La feuille tombe
parce qu’elle est
morte.

Plus que le vent
est forte
la mort.

Plus que la mort
est forte
la vie

Qui tient la feuille
à l’arbre
attachée

Quand le vent
de la vie
la fait danser.

dimanche 17 octobre 2010

Thérèse d'Avila, Vie 33, extraits



Thérèse d'Avila Vie, Chapitre 33, extraits

Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte pas à pas de son autobiographie.

Ainsi, l'affaire allait se conclure, et l'on était à la veille de passer le contrat, lorsque notre provincial changea d'avis… Notre supérieur n'eut pas plus tôt retiré son consentement, que mon confesseur m'ordonna de ne plus penser à cette affaire; et Dieu sait avec quelle peine et au prix de quelles souffrances je l'avais conduite jusqu'à ce point! Dès qu'on apprit dans la ville que nous l'avions abandonnée, on se confirma dans la pensée que ce n'avait été qu'une rêverie de femmes; et les murmures redoublèrent contre moi, quoique je n'eusse rien fait que de l'avis du provincial.
J'étais très mal vue de tout mon monastère, pour avoir entrepris d'en établir un où la clôture serait mieux gardée. Les sœurs disaient que c'était leur faire affront; que rien ne m'empêchait de bien servir Dieu dans mon couvent, comme tant d'autres meilleures que moi…
Je me désistai donc de mon entreprise avec autant de facilité et de contentement que si elle ne m'eût rien coûté… comme je croyais avoir fait tout ce qui était en mon pouvoir pour mettre à exécution ce que Notre Seigneur m'avait commandé, il me semblait que je n'étais pas obligée à davantage; je demeurais donc tranquille et contente dans le monastère où j'étais, toujours fermement convaincue que ce dessein s'exécuterait, quoique je ne visse ni quand ni par quel moyen cela pourrait être.
Notre Seigneur me fit connaître alors le prix immense des peines et des persécutions que l'on souffre pour son service; car, sans parler de tant d'autres précieux avantages que j'en retirais, je vis dès cette époque mon amour pour Dieu prendre des accroissements tels, que j'en étais saisie d'étonnement…
Ce saint religieux dominicain (le Père Ibañez) persistait à croire comme moi que la fondation aurait lieu. Me voyant fermement résolue à ne plus m'en mêler pour ne pas aller contre les ordres de mon confesseur, il s'en occupait de concert avec cette dame, mon amie, que Dieu m'avait associée dans cette œuvre; ils écrivirent à Rome, et ils ne négligeaient rien pour en venir à l'exécution…
Je me renfermai durant cinq ou six mois dans un silence absolu, m'interdisant toute démarche et même toute parole sur cette affaire... Au bout de ce temps, le recteur du collège de la compagnie de Jésus (Père Denys Vasquez) ayant quitté cette ville, Notre Seigneur lui substitua dans cette charge un homme profondément versé dans les voies spirituelles, et qui, à un grand courage et à un excellent esprit, joignait les lumières de la science (Gaspar de Saint Lazare).
Ce recteur vint me voir. Je devais, d'après l'ordre de mon confesseur, lui ouvrir mon âme avec toute la liberté et toute la clarté possibles…
Je n'eus pas plus tôt commencé à traiter avec lui, que je compris sa manière d'agir; je vis que c'était une âme pure, sainte, et qui avait reçu du Seigneur une grâce toute spéciale pour discerner les esprits. Grande fut donc ma consolation.
Il y avait peu de temps que j'étais en relation avec ce père, lorsque Notre Seigneur commença à me presser de reprendre l'affaire de la fondation… Il fut convenu entre nous de conduire l'affaire dans le plus grand secret. Dans ce dessein, je priai l'une de mes sœurs (Jeanne de Ahumada), qui ne demeurait pas dans la ville, d'acheter la maison, et de la faire arranger comme si c'eût été pour elle; quant à l'argent, il plut au Seigneur de nous l'envoyer par des voies qu'il serait trop long de rapporter. En tout ceci, je veillais à ne rien faire contre l'obéissance; mais je savais que, si j'en parlais à mes supérieurs, tout serait perdu, comme la première fois, et même qu'il adviendrait pire encore...
La maison me paraissait tellement petite, que je désespérais d'y établir un couvent...je la fis arranger grossièrement et sans recherche, me contentant qu'on y pût vivre et qu'elle ne fût pas malsaine, ce à quoi il faut toujours prendre garde.

A la même époque, le jour de l'Assomption de Notre Dame, étant dans l'église d'un monastère du glorieux saint Dominique …je fus tout à coup saisie d'un si grand ravissement que je me trouvai presque hors de moi-même. Je m'assis, et il me semble que je ne pus voir élever la sainte hostie, ni être attentive à la messe, ce qui me laissa du scrupule. En cet état, il me sembla que je me voyais revêtir d'une robe éblouissante de blancheur et de lumière; je ne distinguai pas d'abord par qui, mais bientôt j'aperçus Notre-Dame à mon côté droit, et mon père saint Joseph à mon côté gauche, qui m'en revêtaient; je compris que j'étais purifiée de mes péchés. Étant donc revêtue de cette robe et toute inondée de délices et de gloire, il me sembla que Notre-Dame me prenait les mains. Elle me dit que je lui causais un grand plaisir par ma dévotion au glorieux saint Joseph; je devais croire que mon dessein concernant la fondation s'exécuterait; Notre Seigneur ainsi qu'elle et saint Joseph seraient très honorés dans ce monastère…

Vous pouvez lire le texte intégral de ce chapitre 33 de sa Vie en cliquant ici


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samedi 16 octobre 2010

Prière universelle, 29° dimanche C


Prière universelle du 29° dimanche C
Semaine Missionnaire Mondiale

Refrain : Sur la terre des hommes fais briller Seigneur ton amour.

- Nous te prions Seigneur pour l’Eglise appelée à prier sans se décourager. Que les adversités de ce temps soient pour elle un appel revivifier sa foi et son espérance et à s’en remettre à Toi, Seigneur juste et plein de miséricorde.

- Nous te prions pour les acteurs de la vie sociale et politique de notre pays. Que le dialogue, l’écoute et le respect réciproque les aide à construire un monde juste et fraternel qui place le développement humain intégral de tout homme au centre de toute décision.

- Nous te prions pour que l’Evangile soit annoncé jusqu’aux extrémités du monde. Que de nombreux témoins, là où ils sont envoyés, apportent aux hommes de ce temps la lumière et la joie du Christ.

- Nous te prions pour les pauvres de nos sociétés qui n’ont souvent aucune voix pour réclamer leurs droits. Que monte sans relâche devant Toi leur cri car tu écoutes, Toi, ceux qui t’appellent.

- Pour nous tous qui sommes appelés à témoigner de la Bonne Nouvelle dans ce monde en mutation. Que cette semaine missionnaire nous apprenne à offrir des signes d’espérance autour de nous et à devenir des frères universels.

Semaine missionnaire mondiale


La Semaine missionnaire mondiale 2010 se tient du 17 au 24 octobre. Son thème est : « Joie pour les cœurs qui cherchent Dieu » (Psaume 104, 3).
Dans notre "tour" des cinq continents, année après année, nous vivons cette Semaine Missionnaire Mondiale 2010 en communion avec l’Amérique latine, avec en toile de fond les vocations.

vendredi 15 octobre 2010

Thérèse d'Avila, Vie 32, extraits


Thérèse d'Avila Vie, Chapitre 32, extraits
Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte pas à pas de son autobiographie.

Un jour, étant en oraison, je me trouvai en un instant, sans savoir de quelle manière, transportée dans l'enfer. Je compris que Dieu voulait me faire voir la place que les démons m'y avaient préparée, et que j'avais méritée par mes péchés. Cela dura très peu; mais quand je vivrais encore de longues années, il me serait impossible d'en perdre le souvenir.
L'entrée de ce lieu de tourments me parut semblable à une de ces petites rues très longues et étroites, ou, pour mieux dire, à un four extrêmement bas, obscur, resserré. Le sol me semblait être une eau fangeuse, très sale, d'une odeur pestilentielle, et remplie de reptiles venimeux… Je sentis dans mon âme un feu dont, faute de termes, je ne puis décrire la nature, et mon corps était en même temps en proie à d'intolérables douleurs… Mais ces tortures du corps ne sont rien à leur tour auprès de l'agonie de l'âme. C'est une étreinte une angoisse, une douleur si sensible, c'est en même temps une si désespérée et si amère tristesse, que j'essaierais en vain de les dépeindre…je me sentais brûler et comme hacher en mille morceaux: je ne crains pas de le dire, le supplice des supplices, c'est ce feu intérieur et ce désespoir de l'âme.
Toute espérance de consolation est éteinte dans ce pestilentiel séjour… Là, tout vous étouffe; point de lumière; ce ne sont que ténèbres épaisses…
J'ignore la manière dont cela se passa, mais je compris bien que c'était une grâce insigne, et que le Seigneur avait voulu me faire voir, de mes propres yeux, de quel supplice sa miséricorde m'avait délivrée…
Cette vision a fait naître en moi une indicible douleur à la vue de tant d'âmes qui se perdent, et en particulier de ces luthériens que le baptême avait rendus membres de l'Église. Elle m'a donné en outre les plus ardents désirs de travailler à leur salut: pour arracher une âme à de si horribles supplices, je le sens, je serais prête à immoler mille fois ma vie…
Je puise encore là un désir non moins ardent: c'est que l'affaire si importante de notre propre salut nous occupe tout entiers. Non, point de réserve: faisons tout ce qui dépend de nous, et ne cessons de demander à cette fin le secours de la grâce…

Cette vision et d'autres grands secrets qu'il plut au Seigneur de me découvrir, relativement à la félicité future des justes et aux peines des méchants, me faisaient soupirer après un genre de vie où je pusse faire pénitence de mes péchés, et me rendre tant soit peu digne de cette gloire du ciel qui m'avait été montrée. Fuir tout commerce avec les créatures, et me séparer entièrement du monde, étaient mon unique vœu. Cette pensée occupait sans cesse mon esprit; mais loin de le troubler, elle y versait une paix délicieuse: il était manifeste qu'elle venait de Dieu, et que sa divine Majesté donnait à mon âme cette nouvelle chaleur pour digérer une nourriture plus forte que celle dont elle s'était nourrie jusque-là. Recherchant donc ce que je pourrais faire pour sa gloire, il me sembla que je devais commencer par satisfaire aux devoirs de ma vocation, en gardant ma règle avec la plus parfaite fidélité dont je serais capable…
Je m'entretenais une fois avec quelques personnes, lorsqu'une d'entre elles nous dit que si nous étions déterminées à vivre comme les religieuses déchaussées, il serait possible de fonder un monastère…
Un jour, au moment où je venais de communier, Notre Seigneur me commanda expressément de m'employer de toutes mes forces à l'établissement de ce monastère, me donnant la formelle assurance qu’il réussirait, et que la ferveur avec laquelle il y serait servi lui procurerait beaucoup de gloire.
Il voulait qu'il fût dédié sous le nom de saint Joseph; ce saint veillerait à notre garde à l'une des portes, et la très sainte Vierge à l'autre, tandis que lui, Jésus-Christ, serait au milieu de nous…

Notre projet fut à peine connu dans la ville, qu'il s'éleva contre nous une persécution qui serait bien longue à raconter. Que de mots piquants, que de railleries!...

Dans le temps où personne dans la ville ne voulant nous donner de conseil, on nous accusait de n’en faire qu’à notre tête, cette dame était allée trouver un religieux de l'ordre de Saint-Dominique, grand serviteur de Dieu et très savant (Père Ibañez). Elle avait informé ce saint homme de toute l'affaire, lui disant ce qu'elle pouvait donner de son patrimoine pour la fondation; elle désirait beaucoup être aidée de ses lumières, car c'était l'homme le plus instruit qui fût alors dans la ville, et bien peu dans son ordre lui étaient supérieurs…ayant examiné l'affaire avec grand soin, considéré notre intention et la régularité que nous voulions établir dans ce nouveau monastère, il était demeuré persuadé que ce dessein était fort agréable à Dieu, et qu'il ne fallait pas y renoncer. Ainsi, il nous répondit que nous devions nous hâter de le mettre à exécution…
Les choses en étaient là, grâce aux prières que l'on faisait pour nous, et nous avions acheté une maison. Elle était dans un site favorable, mais fort petite; c'est de quoi je n'avais nulle peine, parce que Notre Seigneur m'avait dit d'entrer comme je pourrais et que je verrais ensuite ce qu'il saurait faire. Et certes, je l'ai admirablement vu. Aussi, malgré la modicité du revenu, j'avais la ferme conviction que le divin Maître viendrait à notre secours par d'autres voies, et qu'il favoriserait notre entreprise.

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jeudi 14 octobre 2010

Veillée de prière avec Ste Thérèse d'Avila


Veillé de prière

avec Sainte Thérèse d’Avila

-Musique

L’amour du Christ nous presse

1- Lecture : Chemin de perfection 1

Mon cœur se brise de voir tant d'âmes se perdre. Leurs souffrances me touchent moins, mais je voudrais ne point voir qu'il s'en perd chaque jour davantage.
Ô mes sœurs dans le Christ! Aidez-moi, pour l'obtenir, à supplier le Seigneur; c'est dans ce but qu'il vous a réunies ici; telle est votre vocation, telles doivent être vos affaires, tel doit être l'objet de vos désirs, celui de vos larmes et de vos instances; non pas, mes sœurs, les affaires du monde, car tout en m'en affligeant, je ris quand on vient nous charger ici de demander à Sa Majesté des rentes et de l'argent, et cela de la part de personnes que je voudrais voir supplier Dieu de tout fouler aux pieds. Leur intention est bonne, leur dévotion est même évidente, mais je sais qu'Il ne m'écoute jamais lorsqu'il s'agit de ces choses-là. Le monde est en feu, on veut condamner à nouveau le Christ, comme on dit, puisqu'on élève contre lui mille faux témoignages, on veut jeter à terre son Église, et nous devrions perdre du temps à des choses qui priveraient le ciel d'une âme de plus, si par hasard Dieu les leur accordait? Non, mes sœurs, nous ne vivons pas en des temps où l'on puisse parler à Dieu d'affaires de peu d'importance.

- Chant : Puisqu'enfin tu vois Dieu pour les siècles de joie,
brûle-nous de son feu nous vivrons comme toi.

1. Thérèse, fille intrépide, sur les pas de Jésus-Christ
le cœur brûlant et l'âme avide, tu quittes tout Il est ta vie.
2. Thérèse, femme inlassable, c'est l'Amour qui t'a saisie
pour la fontaine intarissable, tu risques tout Dieu seul suffit!
3. Thérèse soeur très humaine, passionnée de vérité
dans ton élan, tu nous entraînes à chercher Dieu et à aimer.
4. Thérèse mère attentive, dans ton cœur un seul désir
habiter Dieu, boire l'eau vive et pour l'Eglise tout offrir.

- Psaume 144

2- Parole de Dieu : Philippiens 3, 7- 21


R/ Avec ta joie (couplets 1- 2)
Ref: Nous accueillons ta grâce, nous rendons grâce à Dieu (bis)

1.Avec ta joie que nul ne peut nous prendre, avec ton Nom qui enchante nos lèvres,
avec ton jour pour purifier le nôtre, avec le feu comme un fruit de ton jour,

2. Avec ton feu brûlant de proche en proche, avec ton Nom qui appelle nos frères,
avec ton cœur pour pardonner au nôtre, avec ta paix comme un fruit de ton cœur.

Demeurez dans mon amour

3- Lecture : Vie 12, 2-3


Nous pouvons nous représenter nous-mêmes devant le Christ, nous exercer à vivement nous éprendre de son Humanité sacrée, vivre en sa présence, lui parler, lui demander ce dont nous avons besoin, nous plaindre à lui de nos peines, nous réjouir avec lui de nos joies, et ne pas l'oublier pour autant, sans chercher des prières apprêtées, mais des mots conformes à nos désirs et à nos besoins. C'est une excellente façon de faire de très rapides progrès; ceux qui s'efforcent ainsi à vivre en cette précieuse compagnie, à beaucoup en profiter, à éprouver un amour véritable pour ce Seigneur, à qui nous devons tant, je les tiens pour avancés. Pour cela, nous ne devons pas faire cas d'un manque de ferveur, comme je l'ai dit, mais rendre grâce au Seigneur qui nous permet de désirer le contenter, même si nos œuvres sont minces.

- Chant : Je suis à Toi Seigneur, pour Toi je suis né(e)
pour Toi je veux vivre, Seigneur que veux-tu de moi ?

1. Je suis à Toi car tu m’as créé(e), je suis à Toi car tu m’as appelé(e), je suis à Toi
car tu m’as attendu(e), sans Toi Seigneur je me serais perdue, Dieu, miséricorde, éternelle Sagesse.
2. Voici mon corps, ma vie et mon âme, je les remets entre tes mains, à Toi pour toujours je me suis consacré(e), que veux-tu m’ordonner ô bon Maître, Toi dont l’amour chaque jour nous rachète.
3. Donne-moi la mort ou la vie, donne-moi l’ombre ou la gloire, donne-moi le combat ou la paix, donne à ma vie la faiblesse ou la force, A tout je dis oui !

- Psaume 41


4. Evangile : Jean 4, 5- 15.

Chant : Viens boire à la fontaine, approche-toi du feu
Viens boire à la fontaine, connais ton Dieu.

1. Il t’appelle ne tarde pas, il t’invite Dieu a soif de toi.
2. Tu hésites mais Dieu suffit, son eau vive guériras tes peurs.
3. Sa parole soutient ton pas, ses demeures s’ouvriront pour toi.
5. Il t’écoute comme un ami, Il est proche le Seigneur Jésus.


Vivre le quotidien avec Jésus

5- Lecture : Fondations, 5

Il est clair que l'extrême perfection ne se trouve pas dans les régals intérieurs, ni dans les grandes extases, ni dans les visions, ni dans l'esprit de prophétie, mais bien dans une telle conformité de notre volonté avec celle de Dieu qu'il nous suffise de comprendre qu'il veut quelque chose pour que nous le voulions de toutes nos forces; nous prenons alors les choses amères aussi joyeusement que les choses savoureuses, du seul fait que Sa Majesté en a décidé. Il semble extrêmement difficile, non pas d'agir ainsi, mais de nous réjouir de ce qui contrarie la nature; c'est pénible, en vérité. Mais l'amour, lorsqu'il est parfait, a le pouvoir de nous faire oublier notre propre contentement pour contenter celui que nous aimons. Et il en est vraiment ainsi: lorsque nous comprenons que nous contentons Dieu, les plus grandes peines nous semblent douces. C'est ainsi qu'aiment ceux qui ont subi persécutions, déshonneurs et insultes. C'est si vrai, si bien connu, si simple, que je n'ai pas à insister davantage.

Nada te turbe, nada te espante:
Quien a Dios tiene
nada le falta.
Nada te turbe, nada te espante, solo Dios basta

Que rien ne te trouble,
Que rien ne t’effraie,
Tout passe,
Dieu ne change pas.
La patience obtient tout,
Celui qui a Dieu ne manque de rien,
Dieu seul suffit.

- Cantique AT 17


6- Lecture Chemin de perfection 28 (commentaire du Notre Père)

Considérez maintenant ce que dit votre Maître: Qui êtes aux cieux. Pensez-vous que peu nous importe de savoir ce qu'est le ciel, et où vous devez chercher votre Père sacré? Or je vous dis que pour des esprits distraits, il importe beaucoup non seulement de croire qu'Il est là, mais de tâcher de le comprendre par l'expérience; c'est l'une des choses les plus propres à lier l'entendement et à recueillir l'âme.
Vous savez que Dieu est partout, or on dit évidemment que là où est le Roi se trouve aussi la cour; enfin, là où est Dieu, c'est le ciel. Vous ne pouvez en douter, là où est Sa Majesté, là est aussi toute la gloire. Considérez donc ce que dit saint Augustin qui le cherchait partout, et le trouva au-dedans de lui-même. Pensez-vous qu'il importe peu à une âme distraite de comprendre cette vérité, de voir qu'elle n'a pas besoin d'aller au ciel pour parler à son Père éternel, ni pour se délecter avec lui, et qu'il n'est pas nécessaire qu'elle lui parle à grands cris? Si bas qu'elle parle, il est si près de nous qu'il nous entend; elle n'a pas non plus besoin d'ailes pour aller le chercher, mais de chercher la solitude pour le regarder au-dedans d'elle-même, sans s'étonner d'y trouver un si bon hôte; en grande humilité, qu'elle lui parle comme à un père, qu'elle lui dise ses besoins comme à un père, qu'elle lui conte ses peines, qu'elle lui demande d'y remédier, en entendant bien qu'elle n'est pas digne d'être sa fille.
Trêve aux timidités que certaines personnes confondent avec l'humilité. Non, l'humilité ne consiste pas à refuser une faveur que vous fait le roi, mais à l'accepter en comprenant combien vous en êtes indigne, et à vous réjouir de cette grâce...Traitez-le en père, en frère, en maître, en époux, tantôt d'une manière et tantôt de l'autre; il vous enseignera lui-même ce que vous devez faire pour le contenter.

- Musique

Prière, louange, intercession spontanée

Prière ensemble :

Seigneur Jésus, tu as passé par tous nos chemins

Tu nous parles par chacun des événements porteurs de ta volonté

Tu nous parles par nos frères, reflets de ton visage ;

Donne-nous de savoir en tout, partout, reconnaître ta présence,
Découvrir ta tendresse,
Et demeurer dans la paix
Afin de paraître en tenue de service
La lampe allumée à la main
Quand tu viendras combler notre désir
Et nous faire habiter en ton Amour
Pour les siècles des siècles. Amen
!


Te Deum L 202
A toi, Dieu, notre louange!
Nous t'acclamons: tu es Seigneur!
A toi, Père éternel,
l'hymne de l'univers.

mercredi 13 octobre 2010

Prière Universelle Fête de Ste Thérèse d'Avila


Prière Universelle Fête de Ste Thérèse de Jésus (d’Avila)

Seigneur Jésus, tu as dit: « Si tu savais le don de Dieu… tu lui aurais demandé et il t’aurait donné de l’eau vive. »
Avec Sainte Thérèse nous te demandons cette eau vive pour toute l’église, que chacun de ses membres offre à celles et ceux qu’il côtoie la Parole qui fait vivre.

Seigneur Jésus, tu as dit à la femme de Samarie : « Donne-moi à boire. »
Avec Sainte Thérèse, nous te demandons pour tous les gouvernants et décideurs de ce temps de rechercher ce qui apaise la vraie soif des hommes et de tout mettre en œuvre pour le réaliser dans le concret de l’existence de ceux qui leur sont confiés.

Seigneur Jésus, tu as dit : « Celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif. »
Avec Sainte Thérèse, nous te prions pour tous les blessés et assoiffés de la vie, qu’ils trouvent près d’eux des amis qui les soutiennent et leur redonne vigueur et espérance.

Seigneur Jésus, tu as dit : « L’eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle. »
Avec Sainte Thérèse, nous te prions les uns pour les autres, pour tous ceux qui nous sont unis par la prière, que ton Esprit de vie nous comble tous de ses dons et qu’ils rejaillissent en paix, joie, bonté et amour sur le monde de ce temps.

mardi 12 octobre 2010

Pour toi je suis née, Thérèsed'Avila (poème)


Je suis à Toi, pour Toi je suis née,

Que veux-tu faire de moi ?

Souveraine Majesté,
Éternelle Sagesse,
Bonté douce à mon âme,
Dieu, Souveraineté, Être unique, Miséricorde,
Vois combien est vil l'être
Qui aujourd'hui proclame ton amour en ces termes :

Que veux-Tu de moi, Seigneur ?

Je suis à Toi, puisque tu m’as créée ;
A Toi, puisque tu m’as rachetée ;
A Toi, puisque tu m’as supportée ;
A Toi, puisque tu m’as appelée ;
A Toi, puisque tu m’as attendue ;
A Toi, puisque je ne me suis pas perdue.
Que veux-Tu faire de moi ?

Que commandes-Tu donc, ô bon Maître,
Que fasse un si vil serviteur ?
Quelle mission as-tu donnée
À ce pécheur esclave ?
Tu me vois à tes pieds, ô mon tendre Amour,
Ô tendre Amour, Tu me vois ici ;
Que veux-Tu faire de moi ?


Voici mon cœur :
Je le remets entre tes mains.
Voici mon corps, ma vie et mon âme,
Mon amour et mon affection.
Ô doux époux, ô ma Rédemption,
Puisqu'à Toi je me suis consacrée,
Que veux-Tu faire de moi ?

Donne-moi la mort ou donne-moi la vie,
Donne-moi la santé ou la maladie,
Donne-moi la gloire ou le mépris,
Donne-moi les combats ou la paix parfaite,
Donne à ma vie la faiblesse ou la force ;
À tout je dis oui ;
Que veux-Tu faire de moi ?

Donne-moi richesse ou pauvreté ;
Donne-moi consolation ou désolation ;
Donne-moi joie ou tristesse ;
Donne-moi l'enfer ou donne-moi le ciel,
Douce vie, ô soleil sans nuage,
Puisque je me suis remise à Toi tout entière,
Que veux-Tu faire de moi ?

Si tu le veux, donne-moi l'oraison,
Sinon, donne-moi la sécheresse ;
Si tu le veux, donne-moi l'abondance et la dévotion,
Sinon, donne-moi la stérilité
Ô souveraine Majesté,
Là seulement je trouve la paix,
Que veux-Tu faire de moi ?
Donne-moi donc la sagesse,
Sinon, par amour pour toi, j'accepte l'ignorance ;
Donne-moi des années d'abondance,
Ou de famine et de disette ;
Donne-moi les ténèbres ou la clarté du jour ;
Ballotte-moi ici ou là ;
Que veux-Tu faire de moi ?
Si tu me veux dans la joie,
Par amour pour toi je veux me réjouir.
Si tu me commandes des travaux,
Je veux mourir à la peine.
Dis-moi seulement : où, comment, et quand ?
Parle, ô doux Amour, parle.
Que veux-Tu faire de moi ?

Thérèse d'Avila

dimanche 10 octobre 2010

Fête de Ste Thérèse d'Avila


Fête de Sainte Thérèse d'Avila

Au Carmel de Saint-Maur

Jeudi 14 Octobre à 20h30 Veillée de prière

Vendredi 15 Octobre à 9h00 Eucharistie Solennelle


Vous êtes toutes et tous cordialement invités!

Thérèse d'Avila Vie 31, extraits


Thérèse d'Avila Vie, Chapitre 31, extraits

Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte pas à pas de son autobiographie.

Après avoir parlé de quelques tentations et de quelques troubles intérieurs et secrets qui me venaient du démon, je veux en rapporter d'autres dont j'étais assaillie presque en public, et où l'action de cet esprit de ténèbres était visible…
Je me trouvais un jour dans un oratoire, lorsqu'il m’apparut, à mon côté gauche, sous une forme affreuse…
Ces attaques se renouvelaient presque toujours lorsque Dieu me faisait la grâce d'être utile à quelque âme par mes avis
Un ecclésiastique qui, depuis deux ans et demi, vivait dans un péché mortel des plus abominables dont j'aie jamais entendu parler, et qui durant ce temps, sans se faire absoudre et sans se corriger, n'avait pas laissé de dire la messe, vint me déclarer le triste état de son âme... Je fus très vivement touchée de son sort, et de la grandeur de l'offense commise envers Dieu; je lui promis de demander et de faire demander instamment au Seigneur, par des personnes meilleures que moi, qu'il lui plût d'avoir pitié de lui…
Il ne pouvait considérer sans un profond étonnement ce que j'avais enduré à son sujet, et comment il était resté affranchi de son épreuve. Je n'en étais pas moins étonnée que lui; et si, pour le voir délivré de la tentation, il m'eût fallu souffrir plusieurs années encore, je m'y serais dévouée de bon cœur…

Une autre fois, je me vis entourée d'une multitude de ces esprits ennemis, mais j'étais en même temps environnée d'une vive lumière qui les empêchait de venir jusqu'à moi. Je compris que Dieu me protégeait contre eux, et qu'ils ne pourraient m'entraîner à aucune faute… Ils ne sont forts que contre ces âmes lâches qui capitulent sans combat; celles-là, ils les traitent en despotes…
Entraînée par cette tentation, je voulus sortir du monastère où j'étais, et m'en aller avec ma dot dans un autre du même ordre. Je savais que la clôture y était beaucoup mieux gardée, et qu'on y pratiquait de très grandes austérités; de plus, il était fort éloigné, ce qui me souriait beaucoup, par l'espoir d'y vivre inconnue; mais mon confesseur ne voulut jamais me le permettre. Ces craintes m'enlevaient grandement la liberté d'esprit, et je reconnus depuis qu'une humilité qui donnait naissance à tant de trouble n'était pas la bonne…


Aujourd'hui je vois clairement que ces vaines craintes, ces peines, et cette prétendue humilité, ne sont que des imperfections qui montrent que l'on n'est pas assez mortifié. Une âme qui s'abandonne entièrement à Dieu et qui juge sainement des choses, n'est pas plus touchée du bien que du mal qu'on dit d'elle; instruite par le divin Maître, elle a trop bien compris que de son propre fonds elle n'a rien. Ainsi, qu'elle se confie à Celui de qui tout lui vient. S'il fait éclater ses dons au dehors, elle doit penser qu'il a ses raisons pour cela. Mais en même temps, qu'elle se prépare à la persécution…

J'ose le dire, il faut plus de courage pour suivre le chemin de la perfection, lorsqu'on n'est pas parfait, que pour se dévouer à un prompt martyre. En effet, à moins d'une faveur toute particulière de Dieu, l'on ne devient parfait qu'en beaucoup de temps. Les gens du monde néanmoins ne voient pas plus tôt une personne entrer dans ce chemin, qu'ils veulent qu'elle soit sans aucun défaut: de mille lieues, ils découvrent la moindre faute qui lui échappe…

Vraiment, à les entendre, l'aspirant à la perfection ne devrait plus manger, ni dormir, ni même respirer, comme l'on dit… Il leur faut donc, je le répète, un grand courage; car elles n'ont pas encore commencé à marcher, et l'on veut qu'elles volent; elles n'ont pas encore vaincu leurs passions, et l'on veut que dans les combats les plus difficiles, elles restent aussi fermes que les saints confirmés en grâce, dont on a lu la vie…


Je souhaiterais savoir bien m'expliquer, car beaucoup d'âmes, je le crois, sont ici dans l'erreur. Elles veulent voler avant que Dieu leur ait donné des ailes… Je connais plusieurs âmes qui se trouvent, à cause de cette erreur, en grande affliction. Elles commencent par de grands désirs, une grande ferveur, et une ferme résolution d'avancer dans la vertu; plusieurs même abandonnent pour Dieu toutes les choses extérieures… elles lisent dans les traités d'oraison divers moyens pour s'élever à la contemplation, et n'ayant pas encore la force de les mettre en pratique, elles s'affligent et perdent courage…que ces âmes ne s'affligent point si elles ne peuvent tout à coup s'élever si haut; qu'elles se confient sans réserve en la bonté de Dieu: un jour, il changera leurs désirs en effets, pourvu qu'elles persévèrent dans l’oraison, et fassent de leur côté tout ce qui est en leur pouvoir…


Vous pouvez lire le texte intégral de ce chapitre 31 de sa Vie en cliquant ici

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vendredi 8 octobre 2010

Prière universelle 28° dimanche C


Prière universelle 28° dimanche C

Refrain : Dieu qui nous fait vivre Dieu notre espérance, montre-nous les chemins de la vie.

- Seigneur, nombreuses sont les personnes qui cherchent lumière et espérance sur leur route. Que l’église, à travers chacun de ses membres, leur découvre les gestes et les paroles qui les feront vivre.

- Comme Naaman le Syrien, des hommes et des femmes ont besoin de se laisser déplacer par des paroles neuves et inattendues pour exercer leur responsabilité avec justesse et équité. Aide-les à accueillir avec humilité les chemins imprévus que tu ouvres devant eux.

- Beaucoup, au bord de nos chemins, crient comme les dix lépreux : « Jésus, prends pitié de nous ». Quand ils n’espèrent plus que de toi leur salut, ouvre leur cœur à l’Esprit-Saint qui ne manquera pas d’éclairer leurs ténèbres de sa lumière et d’apaiser leur souffrance par sa paix.

- Et nous tous que ton amour rassemble et purifie de la lèpre du péché en cette Eucharistie, apprends-nous à te rendre grâce et à marcher à ta suite sur ton chemin pascal.

mercredi 6 octobre 2010

Chiara Luce Badano


Chiara Luce Badano, une jeune de 19 ans

a été béatifiée à Rome ce 25 Septembre 2010.

Ses parents et des milliers de jeunes en provenance d'Italie et du monde entier sont venus à Rome pour célébrer sa vie et de sainteté. Chiara est née à Sassello, en Italie en 1971. Jeune catholique, elle devint membre du mouvement des Focolari. Frappée par le cancer des os qui lui paralysa les jambes et dont elle mourut en 1990, elle a vécu le message évangélique avec une intensité étonnante.
« Je vous invite à la connaître : sa vie a été brève, mais son message est superbe », a déclaré Benoît XVI.
« Comment une jeune de 17-18 ans peut-elle vivre une telle souffrance, humainement sans espérance, en répandant de l'amour, de la sérénité, de la paix, de la foi ? ». « Il s'agit évidemment d'une grâce de Dieu, mais cette grâce a aussi été préparée et accompagnée d'une collaboration humaine : la collaboration de Chiara elle-même, certainement, mais aussi de ses parents et de ses amis ».

Pour découvrir son sourire et sa vie, voyez ci-dessous:



ou encore cette très belle video en italien:






mardi 5 octobre 2010

Thérèse d'Avila Vie 30, extraits



Thérèse d'Avila Vie, Chapitre 30, extraits
Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte pas à pas de son autobiographie.

Voyant que je ne pouvais rien ou presque rien contre ces grands transports d'amour, ils devinrent pour moi un sujet de crainte. Le plaisir et la peine qu'ils me faisaient simultanément éprouver étaient pour moi un mystère. Je savais bien que la souffrance du corps est compatible avec la joie de l'esprit; mais une peine spirituelle si excessive unie à un bonheur si ravissant, voilà où ma raison se perdait. Cependant je continuais à faire effort pour résister, mais en vain, et souvent je me sentais épuisée... Je voyais clairement que personne ne me comprenait. Je n'osais néanmoins le dire qu'à mon confesseur; en parler à d'autres eût été déclarer que je n'avais pas d'humilité.

Il plut à Notre Seigneur de remédier en partie à mes peines, et même de les faire cesser pendant quelque temps, en conduisant dans cette ville le béni frère Pierre d'Alcantara… Cette dame veuve dont j'ai parlé, si digne servante de Dieu et mon intime amie (Guiomar de Ulloa), ayant appris l'arrivée de ce grand personnage, désira que je le visse…
Ce fut dans sa maison, et dans quelques églises, que j’eus de nombreux entretiens avec ce religieux…
Ce saint homme m'éclaira sur tout, et me donna une parfaite intelligence de ces visions; il me dit de ne plus craindre, mais de louer Dieu, m'assurant qu'il en était l'auteur
Ce saint homme fut pénétré de la plus vive compassion pour moi. Il me dit qu'une des plus grandes peines dans cet exil était celle que j'avais endurée, c'est-à-dire cette contradiction des gens de bien; il ajouta qu'il me restait encore beaucoup à souffrir, parce que j'avais besoin d'une continuelle assistance, et qu'il n'y avait personne dans cette ville qui me comprît Il me promit de parler à mon confesseur, et à un de ceux qui me causaient le plus de peine…Ce grand serviteur de Dieu accomplit promesse; il parla à tous les deux, et leur montra par de puissantes raisons qu'ils devaient se rassurer, et ne plus m’inquiéter à l'avenir...

Néanmoins, comme Notre Seigneur me conduisait par la voie de la crainte, je ne pouvais ouvrir mon âme ni à une sécurité parfaite quand on me rassurait, ni à une crainte sérieuse quand on me disait que j'étais trompée. Ainsi, que l'on m'inspirât de la crainte ou de la confiance, nul ne pouvait obtenir de moi une foi plus grande que celle que Notre Seigneur mettait dans mon âme...
Il m'arrivait quelquefois, comme il m'arrive encore, mais plus rarement, d'éprouver simultanément de si grandes peines spirituelles et de si accablantes douleurs corporelles, que je ne savais que devenir. D'autres fois, quoique ces souffrances du corps fussent plus cruelles, mon esprit ne souffrant point, je leur faisais face avec beaucoup d'allégresse; mais lorsque j'endurais les deux à la fois, j'éprouvais un véritable martyre.
Toutes les grâces que le Seigneur m'avait faites s'effaçaient alors de ma mémoire; il ne m'en restait, comme d'un songe, qu'un vague souvenir qui ne servait qu'à me tourmenter. Mon esprit était tellement obscurci, que je roulais de doute en doute, de crainte en crainte; il me semblait que je n'avais pas su comprendre ce qui se passait en moi; peut-être étais-je victime d'une illusion; il devait me suffire d'être trompée, sans tromper encore des gens de bien; enfin, je me trouvais si mauvaise, que je m'imaginais être cause par mes péchés de tous les maux et de toutes les hérésies qui désolaient le monde. Ce n'était là qu'une fausse humilité, inventée par l'ennemi pour me troubler et essayer de me jeter dans le désespoir…
On reconnaît à des marques évidentes que cette fausse humilité est l'ouvrage du démon. Elle commence par l'inquiétude et le trouble; puis, tout le temps qu'elle dure, ce n'est que bouleversement intérieur, obscurcissement et affliction de l'esprit, sécheresse, dégoût de l'oraison et de toute bonne œuvre.
Enfin, l'âme se sent comme étouffée, et le corps comme lié, de telle sorte qu'ils sont incapables d'agir.


Quand l'humilité vient de Dieu, l'âme reconnaît, il est vrai, sa misère; elle en gémit, elle se représente vivement sa propre malice, et voit que ces sentiments qu'elle a d'elle-même ne sont que la pure vérité: mais cette vue ne lui cause ni trouble, ni inquiétude, ni ténèbres, ni sécheresse; elle répand au contraire en elle la joie, la paix, la douceur, la lumière…En même temps qu'elle éprouve de la douleur d'avoir offensé Dieu, elle se sent dilatée par le sentiment de ses miséricordes; et si la lumière qu'elle reçoit la confond, elle la porte en même temps à bénir Dieu de l'avoir si longtemps soufferte.

Dans cet état, on ne perd ni la foi ni les autres vertus, puisqu'on croit ce qu'enseigne l'Église; mais la foi est comme amortie et endormie, et les actes qu'on en produit semblent ne partir que du bout des lèvres.
Cherche-t-elle alors dans la prière ou dans la solitude quelque adoucissement, elle n'y rencontre que des angoisses plus cruelles. Elle éprouve au dedans d'elle-même un tourment intolérable, dont la nature lui est inconnue…L'âme sent en soi un feu qui la brûle, mais elle n'en connaît ni l'origine, ni l'auteur, et ne sait ni comment le fuir, ni comment l'éteindre. Veut-elle recourir à la lecture pour se soulager, elle en retire aussi peu de secours que si elle ne savait pas lire.
S'entretenir avec quelqu'un est pire encore, parce que le démon nous rend si colères et de si mauvaise humeur, qu'il n'y a personne qui ne nous devienne insupportable, sans qu'il soit possible de faire autrement. Nous ne croyons pas peu faire en n'éclatant pas… Aller trouver son confesseur n'apporte pas plus de consolation…
En certains jours, une vision, ou, comme je l'ai dit ailleurs (cf. chap. 25), une seule parole de Notre Seigneur telle que celle-ci: « Ne t'afflige point; n'aie point de crainte », faisait naître en mon âme une sérénité parfaite, comme si aucun trouble n'eût précédé… L'âme se purifie dans ces peines comme l'or dans le creuset; elle en sort plus spirituelle, et plus capable de contempler le Seigneur au dedans d'elle-même. Elle trouve alors légères ces peines qui auparavant lui semblaient insupportables, et elle les souhaite de nouveau si Dieu doit en être plus glorifié

Il est encore des jours où, même dans la solitude, je ne puis avoir aucune pensée fixe et arrêtée de Dieu ni d'aucun bien, ni faire oraison; mais je sens que j’en discerne la cause. Je vois clairement que tout le mal vient de l'entendement et de l'imagination; car pour la volonté, elle est droite, me semble-t-il, et il n'est point de bonne œuvre qu'elle ne soit disposée à embrasser. Mais telles sont les divagations de l'esprit, qu'il ressemble à un fou furieux que personne ne peut enchaîner; et il n'est pas en mon pouvoir de le fixer l'espace même d'un Credo... Je comprends alors bien mieux la grandeur de la grâce que Dieu m'accorde, lorsque, tenant ce fou enchaîné, il me met dans une parfaite contemplation; et je pense aussi à ce que diraient de moi ceux qui me croient bonne, s'ils me voyaient dans un tel égarement d'esprit. Je suis émue de la plus vive compassion en voyant l'âme en si mauvaise compagnie, et je désire si ardemment la voir libre, que je ne puis quelquefois m'empêcher de dire à Notre Seigneur: Quand donc mon âme se verra-t-elle enfin occupée tout entière à célébrer vos louanges? Quand toutes ses puissances jouiront-elles de vous? Ne permettez pas, Seigneur, qu'elle soit plus longtemps divisée, et comme déchirée en lambeaux!

Que de fois, à ce sujet, me suis-je souvenue de cette eau vive dont Notre Seigneur parla à la Samaritaine! Que j'aime cet endroit de l'Évangile! Dès ma plus tendre enfance, sans comprendre comme maintenant le prix de ce que je demandais, je suppliais très souvent le divin Maître de me donner de cette eau; et partout où j'étais, j'avais toujours un tableau qui me représentait Notre Seigneur auprès du puits de Jacob, avec ces paroles écrites au bas: Seigneur, donnez-moi de cette eau (Jn 4, 15).

On peut aussi comparer cet amour divin qui transporte, à un grand feu dont l'activité réclame sans cesse une matière nouvelle. L'âme voudrait, à quelque prix que ce fût, mettre continuellement du bois dans ce feu pour l'empêcher de s'éteindre. Pour moi, quand je n'aurais que de petites pailles à y jeter, je serais contente; très souvent, je n'ai point autre chose. Quelquefois j'en ris; mais d'autres fois, je m'en afflige beaucoup. Je me sens intérieurement pressée de servir Dieu en quelque chose, et, ne pouvant faire davantage, je m'occupe à orner de verdure et de fleurs quelques images, à balayer, à parer un oratoire, ou à d'autres petits travaux si bas, que j'en demeure ensuite toute confuse.

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