jeudi 16 juin 2011

Thérèse d'Avila, Chemin 29, extraits

Thérèse d'Avila,

Chemin de perfection 29,
extraits (Escorial)

Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte pas à pas du Chemin de Perfection

Suite du même sujet. Combien les épreuves des contemplatifs surpassent celles des personnes qui sont dans la vie active ; c’est un grand sujet de consolation pour ces dernières.

1 Je crois que ceux qui sont dans la vie active s’imaginent dés qu’ils voient les contemplatifs recevoir quelque consolation, que la vie de ces derniers n’est remplie que de joies. Et moi je vous dis que vous ne pourriez peut-être pas souffrir un seul jour ce qu’ils endurent…Soyons comme les soldats qui ont beaucoup servi : pour que leur capitaine puisse disposer d’eux, ils doivent toujours être prêts, car quel que soit le poste où ils serviront, il leur donnera leur solde et les paiera généreusement

2 …Ainsi, mes sœurs, oraison mentale ! et pour celle qui n’y parviendra pas, oraison vocale, lecture et colloques avec Dieu, comme je le dirai plus loin. Ne négligez jamais les heures d’oraison observées par les autres, vous ne savez pas à quel moment le Capitaine vous appellera et voudra vous envoyer de nouvelles épreuves dissimulées sous d’apparentes consolations. S’il ne vous appelle pas, comprenez que vous n’y êtes pas aptes et que la prière vocale est ce qui vous convient ; voilà en quoi consiste la véritable humilité : à croire sincèrement que vous n’êtes pas même capables de faire ce que vous faites, et à vous montrer joyeuses d’accomplir ce qui vous est commandé.

3 Si cette humilité est vraie, bienheureuse telle servante de la vie active qui ne se plaindra que d’elle-même. J’aimerais beaucoup mieux être à sa place qu’à celle de certaines contemplatives. Laissez donc les autres avec leur combat : il n’est pas petit. Ne savez-vous pas que dans les batailles, les porte-drapeaux et les capitaines ont l’obligation de se battre farouchement ?

4 Un pauvre soldat avance pas à pas, et si parfois il se cache pour ne pas entrer au plus rude de la mêlée, personne ne s’en aperçoit et il ne perd ni son honneur ni sa vie. Le porte-drapeau, bien qu’il ne combatte pas, porte le drapeau, et il doit se laisser mettre en pièces plutôt que de le lâcher ; tous ont les yeux fixés sur lui. Pensez-vous que ceux à qui le roi confie ces offices ont une tâche légère ?…la vraie humilité consiste à être satisfaits de ce qu’on nous donne ; il y a des personnes qui semblent vouloir demander à Dieu des faveurs comme si c’était un droit. Étrange humilité vraiment ! aussi celui qui nous connaît tous a-t-il raison de ne leur en accorder que très rarement ; il voit clairement qu’elles sont incapables de boire son calice.

5 Voulez-vous, mes filles, savoir si vous avez fait des progrès ? Que chacune d’entre vous examine si elle se tient pour la plus misérable de toutes; la plus parfaite n’est pas celle qui goûte le plus de consolations dans la prière et a des extases, des visions ou d’autres choses de ce genre, car il faut attendre l’autre vie pour connaître la valeur de ces faveurs. La monnaie qui a cours, le revenu assuré, la rente perpétuelle et non la redevance remboursable à volonté (comme ces faveurs qu’on nous donne et qu’on peut nous retirer) se trouvent dans une grande vertu d’humilité, de mortification et dans une obéissance telle qu’on ne déroge pas d’un iota aux ordres du Supérieur (ce sont ceux de Dieu, vous le savez bien, puisque le Supérieur le représente). C’est surtout l’obéissance que je devrais recommander, car il me semble que sans elle il n’y a pas de religieuses…

6 Je veux dire que si une personne a fait vœu d’obéissance et y manque en n’apportant pas tout le soin possible à l’observer avec là plus grande perfection, je ne sais pourquoi elle se trouve dans un monastère ; je puis au moins lui assurer qu’elle n’arrivera jamais à être contemplative, ni même à bien mener une vie active…

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