dimanche 26 juin 2011

Therèse d'Avila, Chemin 31, extraits

Thérèse d'Avila

Chemin de perfection 31,
extraits (Escorial)

Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte pas à pas du Chemin de Perfection.

Expose une comparaison qui fait quelque peu comprendre ce qu’est la contemplation parfaite.


1 L’eau a trois propriétés qui, maintenant, se présentent à mon esprit et se rapportent à mon sujet. L’une, c’est de rafraîchir. Quelle que soit la chaleur que nous ayons, elle disparaît dès que nous entrons dans une rivière ; l’eau éteint aussi un grand feu, sauf le feu de goudron qu’elle avive, dit-on, davantage. O mon Dieu, quelle merveille ! un feu qui s’enflamme davantage par l’eau, quand il est fort, puissant…

2 Quand Dieu, mes sœurs, vous appellera à boire de cette eau vous goûterez ce que je dis, et vous comprendrez comment le véritable amour de Dieu est maître de tous les éléments et du monde. Et comme l’eau procède de la terre, ne craignez pas qu’elle éteigne ce feu-là ; bien que ces éléments soient opposés, elle n’a pas de pouvoir sur lui ; le feu d’amour est maître absolu, il ne lui est soumis en rien. Vous ne vous étonnerez pas, mes sœurs, si j’ai tant insisté dans ce livre pour que vous vous efforciez d’acquérir cette liberté. N’est-ce pas charmant qu’une pauvre petite nonne de Saint-Joseph puisse parvenir à dominer sur toute la terre et sur les éléments ?...

3 Si cette eau vient du ciel, soyez sans crainte : elle ne tuera pas plus ce feu que cette autre eau ne l’avive ; ils ne sont pas opposés, ils sont du même pays ; ne craignez pas que l’un nuise à l’autre ; chacun, au contraire, favorise l’effet de l’autre, car l’eau enflamme davantage le feu et contribue à l’alimenter, et le feu aide l’eau à rafraîchir. O mon Dieu ! comme c’est beau et merveilleux un feu qui rafraîchit ! Eh oui ! un feu qui glace même toutes les affections du monde !...

4 La seconde propriété de l’eau est de purifier les choses qui ne sont pas pures. S’il n’y avait pas d’eau pour laver, que deviendrait le monde ? Savez-vous que cette eau vive, cette eau céleste, cette eau claire, purifie tellement qu’il suffit d’en boire une seule fois pour qu’elle laisse, j’en suis certaine, l’âme nette et pure de toute faute…

5 La troisième propriété de l’eau est de désaltérer et de faire disparaître la soif ; car la soif, me semble-t-il, est le désir d’une chose dont nous avons tellement besoin que nous mourons si nous en sommes privés. Chose étrange, le manque d’eau nous tue, et sa surabondance nous ôte la vie ; c’est ainsi que meurent beaucoup de noyés. O mon Seigneur ! puissé-je être engloutie dans cette eau vive et y perdre la vie ! Mais ce n’est pas possible. Certes ! le désir qu’on a d’elle est capable de nous ôter la vie, car l’amour et le désir de Dieu peuvent croître à tel point que la nature ne soit plus capable de les supporter ; aussi y a-t-il des personnes qui en sont mortes. J’en connais une à qui ce serait arrivé, si Dieu ne l’avait rapidement secourue avec cette eau vive en si grande abondance qu’elle entrait en extase ; sa soif était si ardente, son désir de Dieu se faisait si intense qu’elle se voyait clairement mourir de soif si on ne lui portait pas secours. Béni soit celui qui nous invite à aller boire à son Évangile !

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