dimanche 25 novembre 2012

Fondations 31, Thérèse d'Avila, extraits

Thérèse d'Avila Fondations, 31 (traduction Marcelle Auclair), extraits
Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte du Livre des Fondations
De la fondation du glorieux Saint-Joseph de Sainte-Anne à Burgos. La première messe y fut dite le dix-neuvième jour du mois d'avril, octave de Pâques, en 1'année 1582.

    1 Il y avait plus de six ans que certaines personnes de la Compagnie de Jésus, hommes âgés, doctes et spirituels, me disaient que ce serait bien servir Notre-Seigneur que de fonder à Burgos une maison de ce saint Ordre, et leurs raisons m'incitaient à le souhaiter. Les nombreux travaux de l'Ordre et d'autres fondations m'avaient empêchée de m'en occuper.

   2 En l'année 1580, j'étais à Valladolid lorsque l'Archevêque de Burgos, auparavant Archevêque des Canaries, vint à passer; il se rendait à son nouvel archevêché. A ma prière, l'Évêque de Palencia, Don Alvaro de Mendoza...me promit de grand coeur de lui demander son autorisation: il estime que Notre-Seigneur est bien servi dans ces maisons, et se réjouit chaque fois qu'il s'en fonde une nouvelle.

   3 ... Il répondit que ce serait avec grand plaisir, qu'il avait même désiré fonder un de ces monastères aux Canaries, sachant combien on y servait le Seigneur, il y en avait un dans son pays natal, et, de plus, il me connaissait bien. L'Évêque me dit donc de ne pas m'inquiéter de l'autorisation, car il s'était montré très content; comme le concile n'exige pas qu'elle soit donnée par écrit, mais que la volonté du prélat suffit, nous pouvions la tenir pour acquise.

   4 En parlant de la fondation de Palencia, j'ai dit combien il m'avait été difficile de fonder à ce moment, si malade qu'on pensait que je n'y survivrais point, et je n'étais pas encore en convalescence; pourtant, lorsqu'il s'agit de servir Dieu, ces raisons ne comptent pas pour moi, et je ne vois pas d'où provenait le dégoût que j'éprouvais alors...

   5 Il sembla préférable de commencer par Palencia, plus proche, et puis la saison était dure, et Burgos si froid; nous voulions aussi être agréables au bon Évêque de Palencia; ainsi fut donc fait. Comme il se présenta alors l'opportunité d'une fondation à Soria où tout était prêt, il sembla préférable d'y aller d'abord et directement. L'Évêque de Palencia estima séant de rendre compte à l'Archevêque de ce qui se passait, et je le suppliai de le faire; après mon départ pour Soria, il manda dans ce seul but à l'Archevêque un chanoine nommé Juan Alonso; il m'écrivit à moi-même avec beaucoup d'amour combien il souhaitait ma venue, et s'entendit avec le chanoine; il écrivit aussi à Sa Seigneurie, s'en remettant à lui, ajoutant qu'il agissait ainsi parce qu'il connaissait Burgos et que son consentement était nécessaire pour y entrer.

   6 II fut enfin décidé que j'irais à Burgos; nous traiterions d'abord avec la ville... il ne convenait pas de fonder un monastère autrement qu'avec des revenus ou avec le consentement de la ville...

   7 L'Évêque croyait à juste titre l'affaire faite lorsqu'il me fit dire de partir. Je crus pourtant sentir un certain manque d'entrain de la part de l'Archevêque, et je lui écrivis en le remerciant de la grâce qu'il me faisait; j'ajoutais que je croyais plus risqué de fonder contre le gré de la ville qu'à son insu, ce qui mettrait Sa Seigneurie en grave conflit avec elle. On eût dit que je devinais le peu d'aide qu'il m'apporterait en cas de difficultés; il y en eut, provoquées par les divergences d'opinion que suscitent ces fondations...

   8 Il était dans la ville de Burgos une sainte veuve nommée Catalina de Tolosa, native de Biscaye, dont les vertus étaient telles que parler de son oraison, de ses pénitences, de ses aumônes, de sa charité, allongerait beaucoup ce récit...

   9 ... je la priai donc de me chercher à Burgos une maison à louer, afin de prendre possession et de faire installer des grilles et des tours, à mes frais... persuadée qu'il n'était pas inutile d'avoir l'autorisation de la ville, elle entreprit les démarches.

   10 Elle avait deux voisines, mère et fille, de haut rang, grandes servantes de Dieu, qui désiraient également beaucoup que cette fondation se fasse. La mère s'appelait Dona Maria Manrique; elle avait un fils intendant de police, nommé Don Alonso de Santo Domingo Manrique; la fille s'appelait Dona Catalina. D'un commun accord, elles demandèrent à cet intendant d'obtenir l'autorisation du conseil de la ville; il s'enquit auprès de Dona Catalina de Tolosa de nos possibilités matérielles, car si nous n'avions rien, nous n'obtiendrions rien. Elle répondit qu'elle s'engageait à nous donner une maison, - ce qu'elle fit -si nous n'en avions pas, et à nous nourrir; elle signa aussi la pétition de son nom. Don Alonso mena si adroitement les pourparlers qu'il obtint l'autorisation écrite de tous les intendants; il la porta à 1'Archevêque...

11 Au milieu de tout cela, un jour de l'octave de Saint-Martin, alors que je recommandais cette fondation à Notre-Seigneur, je sentis que si nous obtenions cette autorisation, il serait possible de fonder ce monastère. Il me semblait pourtant inadmissible d'aller à Burgos où il fait si froid; malade comme je l'étais d'un mal auquel le froid est si contraire, il serait téméraire d'entreprendre un si long voyage, presque aussitôt après le si dur retour de Soria et le Père Provincial ne m'y autoriserait pas... Je pensais à cela, bien décidée à ne pas partir, lorsque le Seigneur me dit ces mots, me donnant à entendre que l'autorisation était acquise: «Ne t'occupe pas du froid, car je suis la vraie chaleur. Le démon met tout en œuvre pour empêcher cette fondation, agis en Mon nom afin qu'elle se fasse et ne manque pas d'y aller en personne: ce sera très utile.»

   12 Cela me fit encore changer d'avis, bien que ma nature répugne parfois aux travaux pénibles, mais non pas ma volonté de souffrir pour ce grand Dieu; je lui demandai donc de ne pas faire cas de ma faiblesse, de me commander ce qui serait nécessaire, car avec son aide je ne manquerais pas de le faire. Il neigeait, il faisait froid. J'étais surtout effrayée par ma mauvaise santé...

   13 On ne tarda guère à m'apporter l'autorisation avec des lettres de Catalina de Tolosa et de son amie Dona Catalina; elles me demandaient de hâter mon arrivée, de crainte qu'un obstacle ne surgisse...

   14 Étant donné ces circonstances, ces saintes femmes me supplièrent tellement de me hâter que si cela n'avait tenu qu'à moi et si je n'avais été retenue par des affaires, je serais partie sur-le-champ; je me jugeais obligée à ne pas laisser passer l'occasion, alors qu'elles faisaient si grande diligence. Les paroles que j'avais entendues me faisaient prévoir beaucoup d'obstacles, je ne pouvais savoir d'où ils surgiraient, ni de qui, car Catalina de Tolosa m'avait écrit qu'elle était certaine d'avoir la maison qu'elle habitait pour la prise de possession, la ville était d'accord, ainsi que l'Archevêque. Je me demandais en vain de qui viendraient les difficultés que le démon susciterait, mais je ne doutais pas que les mots que j'avais entendus ne vinssent de Dieu...

   16 Le Père Provincial voulut nous accompagner pour cette fondation. Il avait déjà prêché l'Avent, et se trouvait libre; et puis, il devait aller visiter Soria, où il n'était pas retourné depuis la fondation du monastère, ce ne serait donc pour lui qu'un petit détour; il voulait aussi veiller sur ma santé pendant ce voyage, car il faisait très froid, j'étais vieille, malade, et ils semblent tous se soucier un peu de ma vie. Il fut certainement inspiré par Dieu car les chemins se trouvèrent complètement inondés, et il fut fort utile, ainsi que ses compagnons, pour nous éviter de nous égarer et aider à tirer les chariots des bourbiers...

   18 Tel fut le mauvais voyage que nous fîmes jusqu'à Burgos, à travers beaucoup d'eau qui inondait ses abords. Notre Père voulut que nous allions en premier lieu voir le saint Crucifix pour lui recommander l'affaire et laisser tomber la nuit, car il était de bonne heure lorsque nous arrivâmes, un vendredi, lendemain de la conversion de saint Paul, 26 janvier. Il était bien décidé à fonder immédiatement...

   21 Le Père Provincial alla de bon matin demander sa bénédiction à l'Archevêque; nous étions persuadés que tout était fait. Il le trouva très troublé et très mécontent de mon arrivée sans sa permission, comme s'il ne m'en avait pas lui-même donné l'ordre et si jamais personne ne lui avait parlé de l'affaire; il parla donc de moi au Père Provincial avec beaucoup de colère. Lorsqu'il eut concédé qu'il m'avait commandé de venir, il dit que j'aurais dû venir seule pour négocier... Il congédia le Père Provincial en lui disant que si nous n'avions ni revenus, ni maison à nous, il ne nous donnerait l'autorisation sous aucun prétexte, et que nous ferions aussi bien de nous en retourner. Par de jolis chemins et par le temps qu'il faisait!

   22 Ô Seigneur, qu'il est vrai que vous faites immédiatement payer par de grandes souffrances tout ce qu'on fait pour vous! Mais quel prix précieux que cette souffrance pour ceux qui vous aiment vraiment, si nous en comprenions la valeur!...

   23 Quelques-uns des amis à qui le chanoine Salinas avait écrit étaient venus me voir, ainsi que ses parents. Ils furent d'avis de demander l'autorisation de dire la messe chez nous, afin de nous éviter d'aller par les rues. La boue était excessive, grand inconvénient pour des Déchaussées; la maison comportait une pièce décente qui avait servi pendant plus de dix ans de chapelle à la Compagnie de Jésus à son arrivée à Burgos; il nous semblait donc que rien ne s'opposait à une prise de possession là où nous étions, en attendant un autre logement. Il fut impossible d'obtenir de l'Archevêque la permission de dire la messe malgré les supplications des deux chanoines. Tout ce qu'on put en tirer, ce fut de fonder dans cette maison lorsque les revenus nous seraient assurés, si quelqu'un garantissait pour nous l'achat d'une autre maison et notre départ de celle que nous occupions. Nous trouvâmes immédiatement l'un et l'autre, les amis du chanoine Salias se portèrent garants et Catalina de Tolosa proposa de donner les rentes...

   25 Lorsque tout fut d'accord pour la caution et les revenus, l'Archevêque dit de transmettre au Proviseur, et que tout serait rapidement expédié. Le démon ne devait pas cesser de le harceler, car une fois tout examiné, alors que nous croyions qu'il n'y avait plus aucune raison de différer, après avoir passé près d'un mois à obtenir de l'Archevêque qu'il se contente de ce que nous faisions, le Proviseur m'envoya un mémoire disant que nous ne recevrions pas l'autorisation tant que nous n'aurions pas une maison à nous, car l'Archevêque ne voulait plus que nous fondions dans celle que nous habitions, la jugeant humide, et la rue trop bruyante... il était inutile d'insister, la maison devait être au goût de l'Archevêque.

   26 Grand fut alors le trouble du Père Provincial, et le nôtre...Ainsi affligée, et mes compagnes l'étaient grandement, sans même que je sois en oraison, Notre-Seigneur me dit ces mots: «Maintenant, Thérèse, tiens bon.» Cela me donna plus de courage pour dire au Père Provincial de partir et de nous laisser; le Carême approchait, et il était forcé d'aller prêcher.

    27 Ses amis et lui donnèrent l'ordre de mettre à notre disposition quelques pièces de l'Hôpital de la Conception: là il y avait le Saint-Sacrement et la messe tous les jours. Cela le rassura un peu, mais nous n'obtînmes pas cela sans peine. L'une des salles habitables était louée par une veuve qui non seulement ne voulut pas nous la prêter (bien qu'elle restât six mois sans l'occuper), mais elle fut très mécontente qu'on nous ait donné quelques pièces sous les combles ...

28 ... j'avais peur de cette veuve, riche, et bien apparentée; elle pourrait nous faire partir dès que l'envie lui en prendrait. Mais le Père Provincial, plus avisé, voulut que nous passions par tout ce qu'ils voulaient afin d'y entrer vivement. Ils ne nous donnaient que deux pièces et une cuisine; mais un grand serviteur de Dieu, nommé Hernando de Matanza, qui avait la charge de l'hôpital, nous en donna deux autres pour servir de parloir; il fut très charitable envers nous, comme il l'est pour tout le monde, car il fait beaucoup pour les pauvres. François de Cuevas, maître des postes de la ville, également chargé de cet hôpital, fut aussi très bon pour nous. ...

   31 Pour en revenir à ce que je disais, lorsque le Père Provincial lui-même nous eut installées là où nous pouvions entendre la messe et vivre cloîtrées, il eut enfin le cœur de partir pour Valladolid où il devait prêcher, fort peiné de ne rien voir qui fasse espérer que 1'Archevêque donnerait son autorisation; il ne pouvait me croire lorsque j'affirmais que tout s'arrangerait...Telles étaient les manœuvres du démon pour empêcher cette fondation; mais, ô Seigneur, comme on voit que vous êtes puissant! Vous vous êtes servi des obstacles mêmes qu'il suscita pour un plus grand bien. Soyez à jamais béni.

   32 Depuis notre entrée à l'hôpital, de la veille de Saint-Matthieu à la veille de Saint- Joseph, nous fûmes en pourparlers pour diverses maisons. Il y avait tant d'inconvénients qu'aucune de celles qui étaient en vente n'était achetable. On m'avait parlé d'un gentilhomme qui depuis quelque temps voulait vendre la sienne; il plut à Dieu qu'elle n'agréa à aucun des Ordres qui cherchaient une maison. Ils s'en étonnent aujourd'hui, et quelque-uns en ont bien du regret...

   34 ... Le gentilhomme à qui elle appartenait était absent, il avait donné tous pouvoirs pour la vente à un ecclésiastique serviteur de Dieu à qui Sa Majesté inspira le désir de nous la vendre et de s'entendre tout simplement avec nous.

   35 Il fut convenu que j'irais la visiter. Elle me plut tellement que si on nous avait demandé deux fois le prix prévu, je l'aurais trouvée bon marché; on en demandait peu, deux ans auparavant le propriétaire avait refusé de la laisser pour la même somme. Le lendemain l'ecclésiastique et le licencié vinrent me trouver, car ce dernier, vu leur peu d'exigences, eût voulu conclure immédiatement...

   36 Le licencié a un très bon jugement, il voyait clairement que si notre projet s'ébruitait, cela nous coûterait beaucoup plus cher, à moins de renoncer à acheter; il fit donc diligence, et obtint de l'ecclésiastique qu'il lui donnât sa parole de revenir après la messe. Nous allâmes tout recommander à Dieu, qui me dit: «Tu te laisses arrêter par l'argent?» en faisant entendre que cette maison nous convenait. Les sœurs avaient ardemment demandé à saint Joseph de nous donner une maison pour sa fête, et bien que nous ne puissions penser l'obtenir aussi vite, il les exauça. Ils me pressèrent tous de conclure, ce qui se fit, car le licencié trouva à la porte un notaire qui semblait envoyé par le Seigneur, il l'amena, et disant qu'il convenait de conclure, il amena aussi un témoin; la porte de la salle fut fermée ...et la vente fut conclue en bonne forme, comme je l'ai dit, la veille de la fête du glorieux saint Joseph, grâce à l'heureuse diligence et à l'intelligence de ce bon ami.

   37 Nul ne croyait qu'on vendît cette maison si bon marché, aussi, dès que l'affaire fut connue, commencèrent à se manifester des acheteurs qui prétendaient que l'ecclésiastique qui avait fait l'accord l'avait bradée; ils demandèrent l'annulation de la vente, pour cause de duperie flagrante: le pauvre ecclésiastique passa de bien mauvais moments. Ils avertirent immédiatement les propriétaires qui étaient, je l'ai dit, un gentilhomme de haut rang et sa femme; ils furent si heureux qu'on fondât un couvent dans leur maison qu'ils approuvèrent tout, ils n'auraient d'ailleurs pas pu faire autrement. Le lendemain, on passa les actes et le tiers de la maison fut payé...

39 ... On eût dit que Notre-Seigneur s'était réservé cette maison, car presque tout semblait avoir été prévu. Il est vrai que lorsque je la vis, je crus rêver en constatant qu'elle était faite pour nous. Notre-Seigneur nous récompensa donc bien de tout ce que nous avions enduré en nous conduisant en ce lieu de délices, car c'est un délice que le verger, la vue et l'eau. Qu'il soit béni pour toujours. Amen.

   40 L'Archevêque fut informé aussitôt, il se réjouit beaucoup que nous soyons si bien tombées, et il se félicita, avec raison, de son entêtement. Je lui écrivis combien j'étais heureuse de le satisfaire, et que j'allais hâter l'installation afin qu'il mette un comble à ses bienfaits...

   41 Il vint voir la maison, elle lui plut beaucoup, sa bonne grâce fut extrême, mais pas au point de nous donner l'autorisation: il nous donna seulement plus d'espoir; mais il fallait encore passer je ne sais quels actes avec Catalina de Tolosa. Certains avaient grand-peur qu'il ne la donne point; le docteur Manso, l'autre ami du Père Provincial dont j'ai parlé, et également ami de l'Archevêque, attendait le moment favorable pour lui rappeler notre affaire, et l'en importuner. II était très peiné de nous voir comme nous étions, car bien que cette maison eût une chapelle qui avait servi à dire la messe pour les propriétaires, l'Archevêque ne nous permettait pas, à nous, de la dire, et dimanches et fêtes nous sortions pour l'entendre dans une église; par chance, elle était toute proche, mais il s'écoula environ un mois entre notre emménagement et la fondation; tous les théologiens assuraient qu'il suffisait qu'on eût dit autrefois la messe dans cette chapelle pour qu'on puisse continuer. L'Archevêque est lui-même grand théologien, il le savait aussi, il semble donc qu'il y avait une autre raison, et que Notre-Seigneur voulait nous faire souffrir; c'est moi qui supportais le mieux cette épreuve, mais certaines religieuses, quand elles se voyaient dans la rue, en tremblaient de chagrin.

   42 Ce ne fut pas une petite affaire que de passer ces actes, car s'ils se contentaient un jour d'une caution, le lendemain ils voulaient l'argent et multipliaient les difficultés...

   43 Moi, lorsque je vis ces lenteurs, j'écrivis à l'Évêque de Palencia, en le suppliant d'écrire à nouveau à l'Archevêque...

   44 ... et l'Archevêque nous donna enfin son autorisation; il chargea de nous l'apporter le bon Hernan de Matanza, qui nous arriva plein de joie. Ce jour-là les sœurs étaient plus affligées que jamais, et la bonne Catalina de Tolosa dans un tel état que je n'arrivais pas à la consoler; on eût dit que le Seigneur s'était plu à nous désoler davantage au moment même où il allait nous donner le bonheur; moi-même, qui ne m'étais jamais inquiétée, j'avais eu des doutes la nuit précédente. Que son nom soit béni à jamais, et loué à présent et toujours. Amen.

   45 L'Archevêque autorisa donc le docteur Manso à dire la messe le lendemain et à poser le Très Saint-Sacrement...

   47 Ô vrai homme et vrai Dieu, mon Époux! Peut-on ne pas apprécier cette grâce? Louons-Le, mes sœurs, de nous l'avoir accordée, ne nous lassons pas de louer un si grand Roi et Seigneur qui nous a préparé un royaume qui ne finira jamais, en échange de quelques petites peines enveloppées de mille joies, qui toutes finiront demain. Qu'il soit toujours béni. Amen. Amen...

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