jeudi 21 mars 2013

Homélie pour la fête de Saint Joseph

Homélie pour la fête de Saint Joseph
Carmel de Saint-Maur. Père Maurice Boisson

Joseph le silencieux, le serviteur discret de la venue de Dieu chez nous, Joseph qui a permis que les choses se fassent, comme on dit. Il y a des gens comme ça : leur rôle est simplement de permettre que les choses se fassent, bien.
L’Evangile ne rapporte aucune parole de lui. Il a bien dû causer quand même. Mais l’Evangile nous rapporte quelques gestes décisifs de lui.

Avec Marie enceinte, incompréhension, pensée de la renvoyer. Joseph la prend chez lui. « Ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse. L’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint » (Matthieu 1,20). « Chez toi » : pas dans la maison d’à côté. Joseph n’écoute pas le règlement, mais la parole de Dieu dans sa conscience. Puis c’est la naissance, qui nécessite la protection, le soin attentif de Joseph. « Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère… » (Matthieu 1,13). Il part en Egypte avec Marie pour protéger ce bébé. Après la mort d’Hérode, il retourne dans son pays avec sa famille.

Joseph, le silencieux, l’écoutant, au sens où écouter veut dire obéir, c’est-à-dire correspondre et répondre à une Parole. Il écoute.
Joseph, le père bousculé en qui la joie de retrouver le fils, dit l’Evangile de ce jour, s’accompagne de l’incompréhension. « C’est chez mon Père que je dois être » (Luc 2,49).
Il rappelle à sa mère l’origine de sa maternité et à son père la source de sa paternité. Et il redescend avec eux à la maison. « Et il leur était soumis » (Luc 2,51).

Jésus apprend de Joseph et de Marie ce qu’est être fils. Ca ne lui est pas venu tout seul. Jésus a appris de Joseph ce qu’est un père, c’est pourquoi il en parlera si bien en parlant de son Père du Ciel. Joseph exerce la paternité en introduisant Jésus, Fils de Dieu, dans un corps social, en lui donnant un nom, une situation, un métier, une famille, des relations, une adresse. Jésus n’est pas un O.V.N.I. « Celui-là n’est-il pas le fils du charpentier ? » (Matthieu 13,55) On connaît ses cousins, ses cousines.
C’est ça l’Incarnation. Le Cardinal Marty disait : « Dieu n’est pas venu faire trempette dans notre monde. »

Joseph, comme tout père, est un passeur. Il a fait passer cet enfant d’une rive à l’autre. « Passons sur l’autre rive » (Marc 4,35), dira plus tard Jésus. Un jour, Jésus quittera le domicile, le métier, la famille, pour habiter à Capharnaüm, pour être totalement aux affaires de son Père.
La grandeur de Joseph, c’est sa discrétion. La discrétion et l’humilité, le service de Joseph, fait sa grandeur, fait qu’on s’attache à lui, qu’on peut le prier. Qui, si ce n’est la Vierge Marie, pourrait mieux nous comprendre et nous aider ?
La grandeur de Joseph, c’est d’avoir préparé le cœur humain de Jésus à nous dire le cœur de Dieu.

Comme toujours dans l’Evangile et l’histoire sainte, la Révélation de Dieu se passe dans l’ordinaire de la vie. Un pèlerinage, pour la fête : la famille de Jésus mêlée aux autres, l’inquiétude des parents, l’incompréhension. Joseph et Marie ont permis au mystère de Dieu de se réaliser, sans en saisir la portée.
Pourtant, ils ont toujours accompagné cette réalisation, sans que l’Evangile en parle, faisant confiance à Dieu dans l’ordinaire des jours et des événements.
Que Joseph nous aide à découvrir, dans le quotidien paisible et parfois douloureux de nos vies, la présence de Dieu qui nous invite à la confiance discrète et humble.

Aucun commentaire: