jeudi 4 juillet 2013

Homélie 13° dimanche C


Homélie 13° dimanche C
Carmel Saint-Maur - P. Maurice Boisson

 Ca sent les vacances ! Pas trop au niveau de la météo ! Et pas forcément pour tout le monde !

Cette période d’été qui commence – si on peut dire – correspond généralement à une ambiance plus « cool », faite de dépaysement, d’envie de souffler, de voyager, de recharger les batteries.

Pour vous, mes Sœurs, c’est peut-être un temps plus privilégié d’accueil.

On sent parfois comme un besoin de faire le vide. Cela suppose un désencombrement, un silence intérieur, un vide intérieur - pour entendre un appel intérieur.

C’est la Parole de Dieu de ce dimanche - un message murmuré avec une forte douceur, au plus profond du cœur, au cœur de nos préoccupations quotidiennes, de notre labour. Ce message nous dit doucement une parole forte. « C’est en profondeur seulement que les paroles se raccourcissent. »

Un geste sans parole, dans la première lecture. Il faut le faire ! Le jeune agriculteur Elisée, arrivé à la dernière raie de charrue du champ qu’il labourait, brûle sa charrue (en bois, bien sûr !), il brûle ses bœufs avec, pour suivre quelqu’un qui l’appelait - sans paroles non plus - en jetant vers lui son manteau (cf. 1 Rois 19,19).

Elisée se désencombre, pour un vide intérieur où peut se faire reconnaître le signe d’un appel.

Chemin faisant, en cours de route, trois hommes dont on ne dit pas les noms (qui nous ressemblent) disent à Jésus leur besoin de le suivre. L’enthousiasme passager, l’émotion, l’attrait les animent.

« Où tu iras j’irai », disait une chanson. Jésus les remet devant la réalité.

Au premier, il dit : « Je n’ai pas de chez-moi » (cf. Luc 9,58).

Au deuxième : « Laisse les autres enterrer ton père » (cf. Luc 9,60).

Au troisième : « Si tu regardes toujours dans le rétroviseur, derrière, tu ne peux avancer, ni me suivre » (cf. Luc 9,62).

Que sont devenus ces trois hommes ? L’histoire ne le dit pas. Jésus ne fait pas de reproche, ni de menaces. Il les met devant leur liberté.

Un appel avec beaucoup de douceur, dans des formules abruptes et radicales qu’il faut bien comprendre et qui nous rappellent l’Absolu de Dieu. « Dieu seul suffit » - « Dieu seul compte » - a dit sainte Thérèse d’Avila.

Cet appel se réalise dans les situations très diverses que nous vivons. Que nous soyons Sœurs carmélites, chefs d’entreprise, retraités, etc., on a tous un bout de charrue à brûler, un petit confort à laisser, quelques nostalgies passées à enterrer, quelques encombrants intérieurs à mener à la benne.

Ce à quoi Jésus nous invite, c’est à prendre un chemin de liberté.

« Vous avez été appelés à la liberté », dit Paul dans la deuxième lecture (Galates 5,13) – à libérer en nous ce qui nous empêche de répondre « présent » à Dieu, aux autres, à nous-mêmes. Ce chemin n’est pas tout tracé d’avance. « Tu m’apprends le chemin de la vie » (Psaume 15,11) – c’est le Psaume que nous venons d’entendre.

Jésus ne demande pas à tous de brûler sa charrue et son attelage - son outil de travail, ses relations, les liens familiaux. C’est déjà pas rien de la tirer, la charrue !

Certains entendent cet appel et y répondent. Ils, elles, nous rappellent cet absolu de Dieu et témoignent de cette liberté intérieure de répondre chaque jour au « Suis-moi » (Luc 9,59).

A tous, cet Evangile nous murmure : « Suis-moi, donne quelques signes du monde de Dieu, du Royaume, tu es appelé à la liberté ».

En parlant de charrue… Les anciens disaient : « Pour labourer droit il faut regarder loin » - devant, pas derrière. Celui qui met la main à la charrue ne regarde pas en arrière ! Le rétroviseur n’est pas le miroir des chrétiens ! Jésus lui-même nous montre l’exemple – ce sont les premières lignes de cet Evangile : « Il prit avec courage la route de Jérusalem » (Luc 9,51).

Le message de ce dimanche paraît dur, contraignant, en contraste avec cette ambiance estivale et plus « relaxe » dans laquelle nous entrons. Pourtant c’est un chemin de vie, de liberté, de désencombrement, d’écoute intérieure, qui nous est proposé.

Bon été !

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