mardi 13 août 2013

Homélie 19e dimanche C


Homélie 19e dimanche C
Carmel de Saint-Maur  P. Maurice Boisson

On vit dans une société qui se voudrait « super sécurisée » : on se garantit de tout, on s’assure sur tout, on met des normes partout, on prend toutes les précautions possibles en imaginant le pire pour le plus petit risque.

C’est sûrement nécessaire, mais, comme on dit : « Qu’est-ce qu’on peut encore faire qui ne soit réglementé ou interdit ? »

Cette société est en même temps « super fragile ». Arrivent l’imprévu, l’imprévisible, l’inattendu, l’inconnu : des inondations, des accidents, des violences de toutes sortes, des conflits, des pépins de santé… ce qui arrive : malgré tous les dispositifs bien cadrés, ça nous tombe dessus comme des morsures ou des caresses de la vie (l’Evénement - « notre maître intérieur » (Mounier). Tout n’est pas maîtrisable ou programmable.

La Parole de Dieu de ce dimanche nous rappelle le risque de la vie, le risque de la foi auxquels on est confronté – l’imprévu de Dieu.

Si Dieu avait parlé à Abraham aujourd’hui (deuxième lecture), lui demandant de partir vers un pays qui lui serait donné en héritage, sans lui indiquer l’arrivée, Abraham de 2013 aurait dit : « D’accord, je pars, mais tu m’installes un G.P.S. sur mon chameau ! Il me guidera vers cette direction. »

Or Abraham « partit sans savoir où il allait » (Hébreux 11,8). C’est pour ça qu’il était sur le bon chemin : parce que, ne sachant pas où il allait, il fit confiance à quelqu’un, à une parole, à une promesse.

« Va dans le pays que je te montrerai. » (Genèse 12,1)

Le G.P.S. d’Abraham - notre père dans la foi - c’est la confiance. Grâce à la foi – c’est le même mot que confiance « se fier à » - il a marché de campement en campement en direction de la terre de la promesse. Nous le faisons aussi dans nos vies,…  dans nos déplacements intérieurs.

La confiance n’est pas naïveté, ni faiblesse, ni une parole facile à dire : « Faut faire confiance ». La confiance est un risque. Elle nous fait « connaître des réalités qu’on ne voit pas » (Hébreux 11,1) et nous permet  de « posséder déjà ce qu’on espère ». On fait confiance en se fiant à quelqu’un de crédible : Dieu est fidèle en sa promesse.

Quel est notre G.P.S. intérieur ? Capable de nous guider quand on ne sait pas trop où on va, quand on ne sait plus qui croire, ni à qui se fier, ni à quel saint se vouer.

On est inquiet. C’est une des grandes questions d’aujourd’hui : n’avoir plus confiance – dans les institutions, les personnes, les organisations. Quand on n’a plus confiance, on est déstabilisé, alors on met des règlements, des normes, qui ne remplacent pas la responsabilité personnelle de faire face à l’inattendu.

La Parole de Dieu de ce matin nous invite à faire confiance à Quelqu’un qui nous parle au plus intime de nous-mêmes – présent en nous plus que nous-mêmes.

« Soit sans crainte, petit troupeau » - ce sont les premiers mots de l’Evangile de ce jour – « car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume » (Luc 12,32).

« Le Père a trouvé bon de vous donner le meilleur de Lui-même. » Et il n’a que du meilleur, Dieu : source de lumière qui nous guide, la source de vie qui donne la force de faire le chemin, la source d’Amour qui nous permet d’aimer sur ce chemin.

« Va dans le pays que je te montrerai  » : notre terre intérieur. Alors, assurés et confiants dans les promesses de Dieu, nous serons dans la joie (première lecture).

Activons notre G.P.S. en direction du cœur de Dieu, nous ne serons pas déçus.

 

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