dimanche 17 novembre 2013

Homélie 33e dimanche C

Homélie 33e dimanche C
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

Les catastrophes survenues aux Philippines sont encore présentes à nos esprits, dans les médias - et bien sûr les conséquences sont toujours une terrible actualité pour ce pays. Ces événements ont suscité beaucoup de solidarité et de secours sur le plan international, même si la mise en place est un peu difficile. Nous renouvelons à nos Sœurs originaires de ce pays notre compassion et notre prière.

Nous avons appris ces derniers jours la prise en otage, après d’autres, d’un prêtre français au Cameroun.

On sait aussi la situation difficile des chrétiens dans certains pays.

On pourrait allonger la liste des situations et des événements qui traversent notre monde et qui secouent aussi notre propre pays ces temps.

En écoutant l’Evangile de ce dimanche, on croirait le journal télévisé de vingt heures : une annonce de mauvaises nouvelles, qui, en fait, reflètent l’actualité de notre monde d’aujourd’hui.

Jésus voudrait-il en rajouter ? On a envie de dire : « Ca suffit comme ça, n’en remettons pas une couche ! ».

Ces paroles de Jésus, prononcées pour les gens en admiration devant la beauté du Temple, de ses pierres, reconstruit à neuf, ne veulent pas nous faire peur, mais tourner notre regard, notre esprit, vers l’au-delà du visible, pour aller vers le sens, la signification et la direction, le sens caché des événements, pour susciter en nous la confiance en un avenir promis - et stimuler notre action, notre façon de vivre , au quotidien – qui aille vers la réalisation du monde nouveau, donné et promis par Dieu, mais à réaliser dès maintenant et ici.

Jésus nous met en garde contre la tentation qui peut être compréhensible devant ces événements - tentation du fatalisme : « C’est comme ça » - et tentation de l’impuissance : « On n’y peut rien. »

Ce qui se passe, ce qui arrive, l’événement, « Ce sera pour vous l’occasion de rendre témoignage » - dit Jésus (Luc 21,13). Quel témoignage ?

D’abord celui d’être et d’agir contre toutes les sortes de maux, de mal, de souffrances, de destructions, comme l’a fait Jésus. Témoigner de Dieu qui ne veut pas les catastrophes, ni la souffrance - qui n’en est pas la cause non plus. Dieu ne prend pas la place des lois internes de la nature, ni des crises de sa croissance, pas plus qu’il ne peut prendre la place de notre liberté, dans laquelle il nous a créés, pour faire de nous des marionnettes sur qui on tire les ficelles pour leur faire faire ceci ou cela.

Rendre témoignage, dans les événements et la croissance du monde, c’est indiquer la direction de celui qui a conçu le plan, l’idée, le concept – comme on dit aujourd’hui. Là se joue l’état et l’avenir du monde, qui commence dans notre cœur et dans notre quotidien - la direction de la justice, de la paix, de la vérité, de la charité, de la fraternité, du respect et du soin de tout ce qui touche à la vie, à la création.

Nous avons demandé cette disposition intérieure dans la prière d’ouverture de cette messe : « C’est un bonheur durable et profond de servir le Créateur de tout bien. »

Le Créateur de tout bien… Dieu ne crée pas le mal… on est assez bête pour s’en charger.

C’est l’occasion pour nous de rendre témoignage de la confiance en la présence de celui qui, dans les événements, prend soin, souci de nous, même si apparemment ce n’est pas évident, et qu’on a plus souvent le sentiment d’une absence.

« Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie. » (Luc 21,18-19) C’est la dernière ligne de ce journal de vingt heures, un certain jour à Jérusalem, devant le temple, présenté par Luc, avec un invité nommé Jésus.

On s’y croirait. Mais on y est, au cœur de ce monde, de ce qui arrive, de ce qui nous arrive. Le message de ce dimanche nous  décape de l’illusion d’être ou de vouloir être dans le définitif, le sûr, alors que nous baignons dans le provisoire et la fragilité. La clef, c’est croire que le monde a un avenir promis par Dieu, et que nous pouvons contribuer à réaliser cet avenir, ici, maintenant. La porte, c’est notre cœur.

Aucun commentaire: