lundi 25 novembre 2013

Homélie Christ Roi 2013


Homélie Christ Roi 2013
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

Dans notre mentalité française, on n’imagine guère être les sujets d’un roi ; la révolution est passée par là. Pourtant, ce titre et sa signification restent bien d’actualité : les rois et les reines de ceci, de cela, ça ne manque pas ! - celles et ceux qui sont les plus belles, les plus forts, qui ont le plus de pouvoir, et souvent l’avoir ; et parfois c’est l’inverse : ce terme de roi et de reine peut être aussi un injure et une insulte.

Tout cela ne nous aide pas à comprendre que le Christ que nous fêtons aujourd’hui est Roi. Sa Royauté, son Règne, c’est tout le contraire : il n’est pas sur un podium ni sur un trône, il est pendu à une croix, on se moque parce qu’au-dessus de sa tête est posée une inscription : « Celui-ci est le roi des Juifs ». Alors les passants ricanent : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! » (Luc 23,37) - c’est l’Evangile de ce dimanche.

Or nous fêtons aujourd’hui un Roi dont nous sommes les frères, les amis, et non les sujets. Nous suivons un Roi d’humilité, Roi sans palais, Roi sans armée !

Le Christ est Roi :

- habite-t-il château et palais ? - une crèche d’animaux est son berceau ;

- sa couronne est-elle de pierres précieuses ? – elle est tressée d’épines ;

- ses vêtements sont-ils de tissus d’or ? – une simple tunique tressée par sa mère ;

- roule-t-il en voiture blindée ? – un ânon est sa monture ;

- ses grades sont-ils casqués et armés ? – quelques amis un peu froussards, trouvés à la pêche ;

- son sceptre royal ? – des mains qui guérissent, qui remettent debout, qui consolent, pardonnent ;

- son pouvoir ? – un cœur qui aime à l’infini ; c’est pour ça qu’il est sur cette crois, entre deux voleurs, des larrons.

Et c’est l’un des deux larrons, celui qu’on dit bon - et qui n’en est pas moins larron – qui nous dit qui sont ce Roi et son Royaume. Alors que tout le monde rigolait, ce larron se tourne vers son voisin, et lui dit tout bas : « Souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne ! » (Luc 23,42).

Au moment où se déchaînaient la violence, la haine, sur cette colline du Calvaire, au moment où le mal s’acharne à détruire tout amour, à ruiner toute espérance, à couvrir de son obscurité les quelques lumières allumées par ce crucifié - Jésus -, un balbutiement, sorti d’un corps souffrant et d’un cœur repentant, atteint le voisin crucifié comme lui, appelé par son prénom : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne ! »

Et ce voisin, compagnon de misère, se fait le Roi du don, le Roi du pardon, le Roi du service, le Roi de la paix, de la justice, le Roi de l’Amour – on l’entendra dans la Préface.

C’est lui qui, à partir de ce moment – aujourd’hui – prend le pouvoir et le gardera pour toujours, un pouvoir « sans limite et sans fin » (Préface) sur toutes les forces et les formes du mal qui atteindront ses frères – nous : « Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis » (Luc 23,43) - dans ce monde nouveau de Dieu.

C’est ça, être Roi à la manière de Dieu. C’est cette Royauté que nous, ses amis baptisés en lui qui nous a faits prêtres, prophètes et rois, c’est ce pouvoir que nous sommes amenés à exercer : serviteurs de l’Amour.

Le podium des amis de ce Christ Roi, c’est la ras du sol, de la vie, des relations, là où nous avons à exercer notre pouvoir - celui du Christ -, sur le mal.

Ce pouvoir, comme celui que nous voulons suivre, est d’être serviteur de l’Amour, du bien, de la vérité, de la paix, de la justice.

Nous sommes tous, plus ou moins, et de quelque manière, des larrons, mais des bons larrons, que Jésus – le Christ Roi -, prend avec lui pour travailler avec lui, aujourd’hui, à la réalisation de ce Règne, celui de la civilisation de l’Amour, du cœur.

« Amour qui nous attends au terme de l’histoire, ton Royaume s’ébauche à l’ombre de la Croix ; déjà sa lumière traverse nos vies » - et notre monde (Chant E173).

                    

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