dimanche 26 janvier 2014

Homélie 3e dimanche A

Homélie 3e dimanche A
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

Quand j’étais gamin, avec mes parents et frères et sœurs, à la fin de l’été, on allait ramasser quatre rangs de pommes de terre qu’un voisin agriculteur nous laissait dans son champ. On mettait ces pommes de terre à la cave, pour l’hiver. Lorsqu’arrivait le printemps, celles qui restaient donnaient de grands germes dirigés vers la petite lumière du soupirail. On aurait dit que ce peu de lumière les tirait de l’obscurité, les attirait.

Si ce qui est vivant dans une pomme de terre est attiré vers la lumière, à plus forte raison nous autres, les humains, on a besoin de lumière.

La vie a besoin de lumière ; on n’aime pas bien quand les jours diminuent ou quand il y a longtemps qu’on n’a pas eu de soleil. Ca fait partie de nous, d’être attirés vers la lumière, de vouloir sortir de l’obscurité. « J’aimerais y voir clair - dit-on –, dans ma vie, dans mon avenir, dans mes affaires, dans ce qui se passe. » Y voir clair…

Par deux fois, dans la première lecture et dans l’Evangile, la Parole de Dieu de ce dimanche exprime cette expérience du désir de lumière - source de libération, de paix intérieure.

« Le Seigneur est ma lumière et mon salut ; de qui aurais-je crainte ? » (Psaume 26,1)

« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre une lumière a resplendi. » (Isaïe 9,1)

Le prophète Isaïe s’adressait à des gens déportés en terre étrangère, hostile, méchante. L’annonce de la lumière est l’expression de la libération, de la liberté, de la dignité. Les ténèbres, la violence, l’humiliation - expressions du mal -, ne peuvent avoir le dernier mot sur la lumière.

Ce même message s’adresse à nous aujourd’hui, dans nos obscurités et celles de notre monde.

« La nuit réclame son aurore. »

« Toute nuit pressent que la lumière jaillira de l’aurore qu’elle attend. » (Claude Duchesneau)

On sait bien que nos vies, la vie du monde, ne sont pas tout noir ou tout blanc – ou tout rose et tout gris - elles sont tissées d’ombres et de lumières.

Notre désir le plus profond nous fait chercher la lumière, marcher vers elle ; la lumière attire, à condition qu’elle n’aveugle pas.

« Sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre une lumière a resplendi. »

Cette lumière, pour nous, c’est Quelqu’un de vivant : Jésus, le Christ.

« Je suis la lumière du monde. » (Jean 8,12 ; 9,15)

« Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. » (Jean 14,5)

Il nous appelle à être un rayon, un reflet de cette lumière, comme il a appelé ces quatre amis occupés à leur pêche, à leur métier : Simon, André, Jacques et Jean. Ils n’étaient certes pas des lumières ! - mais si on se laisse éclairer par Celui qui est Lumière, si on laisse pénétrer en nous quelques rayons de la lumière, alors on la reflétera, on la renverra – cette lumière -, peut-être faiblement - il ne s’agit pas d’éblouir, c’est peut-être une tentation -, mais d’éclairer un chemin, des pas, une issue.

« Ta parole est la lumière de mes pas, la lampe de ma route. » (Psaume 118,105)

On peut éblouir beaucoup et éclairer peu.

Ces petits reflets de lumière du cœur de Dieu s’appellent présence - c’est d’ailleurs le nom qu’on donne à une lumière qui détecte une présence -, proximité, amitié, soutien, partage, prière, paix intérieure ; tout ce qui empêche de rester dans le noir, tout ce qui peut donner d’espérer, d’aimer, d’y voir clair, de se repêcher.

« Je vous ferai pêcheurs d’hommes. » (Matthieu 4,19)


C’est le désir de Jésus pour ses amis.

Pêcher du poisson, c’est le tuer pour le manger, c’est l’attraper, par ruse, par leurre, c’est le sortir du milieu où il vit. « La pêche n’est jamais une bonne nouvelle pour le poisson » -, dit un proverbe américain.

Pêcher des humains, c’est leur permettre de retrouver vie et lumière, les re-pêcher, leur sortir la tête de l’eau ; ce n’est pas les attraper par ruse, mais leur indiquer une sortie, un chemin, une lumière. Quand on est repêché à un examen, on s’en sort.

Dieu nous re-pêche sans cesse pour nous ouvrir à la lumière.

La Parole de Dieu de ce dimanche nous invite à nous laisser attirer par la lumière du Christ, le cœur de Dieu, à la chercher, à s’en laisser pénétrer, pour être ne serait-ce qu’un petit reflet, un petit rayon indiquant une présence, une espérance.

« Jésus le Christ, lumière intérieure, ne laisse pas mes ténèbres me parler.

Jésus le Christ, lumière intérieur, donne-moi d’accueillir ta lumière. »

Aucun commentaire: