dimanche 12 janvier 2014

Homélie Baptême du Seigneur 2014

Homélie Baptême du Seigneur 2014
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

Un beau jour, Jésus range ses outils, à l’atelier où il travaille avec Joseph. Ensemble, ils mettent en ordre les affaires : les clients, les commandes, les factures.

Jésus et sa mère Marie se comprennent sans trop parler ; elle sent bien et pressent dans son cœur féminin et maternel l’inconnu qui continue, surtout depuis le jour où le jeune Jésus avait répondu : « Ne saviez-vous pas que je me dois aux affaires de mon Père ? » ( Luc 2,49)

Alors ! Pour être aux affaires de son Père - à trente ans à peu près -, Jésus quitte les liens de la tendresse, de l’affection, de l’amitié, de la complicité avec la famille et les amis. Un désir intérieur l’appelle ailleurs. Il va se poser au bord du lac - c’est pas mal ! Pas pour faire le touriste, mais c’était un lieu de passage, de brassage de populations, le « carrefour des nations » - des païens.

L’annonce de l’Evangile ne se fait pas dans les sacristies ni seulement à l’intérieur des églises. C’étaient déjà les « périphéries » dont parle le Pape François.

Cette expérience de la famille de Jésus est aussi la nôtre : l’expérience du détachement, du départ, des ruptures, des déplacements intérieurs aussi, des séparations pour vivre la vie religieuse.

On va toujours de commencements en commencements, même quand il nous semble qu’on finit ! On n’a jamais fini de commencer, de re-naître, d’aller « de commencements en commencements » pour accomplir ce qui est juste, c’est-à-dire ajusté au désir de Dieu.

Dieu, en Jésus, partage notre expérience ; il fait comme tout le monde - c’est l’Evangile de ce jour (Matthieu 3,13-17). Passant sur les bords du Jourdain, où Jean baptisait, il prend la file comme tout le monde, pour être baptisé, comme les pécheurs, lui qui n’en est pas un.

On comprend la réaction du cousin baptiseur : « C’est toi qui dois me baptiser, et pas l’inverse ! » C’est Dieu à l’envers !

Oui, Dieu se dit souvent à l’envers, à l’envers de nos idées, de nos imaginations, à l’envers de là où on voudrait le mettre. « Tu fais pas partie de ceux qui se font baptiser ! Tu n’es pas un pécheur. C’est pas ta place, dans la file, avec eux – avec nous. »

« Mais oui - dit Jésus à Jean – pour le moment, laisse-moi faire, on doit faire comme ça. Laisse-moi prendre la file avec ceux qui ont besoin de descendre dans l’eau, pour les sortir de l’eau. »

On voudrait tellement mettre Dieu à côté, à côté de la vie, en dehors de la file, à côté de nos fragilités. « Laisse-moi faire, laisse-moi être avec eux, avec nous. »

Ouf ! Merci Jésus !

« Pas pour faire comme eux, nous, mais pour qu’ils sortent de l’eau, l’eau de la méchanceté, de la violence, pour vivre et aimer. »

C’est ça, notre Baptême.

Prêtons l’oreille de notre cœur à cette voix de tendresse : « Tu es mon Fils, tu es ma fille bien-aimée ; en toi, j’ai mis tout mon amour. »

Une voix – dit l’Evangile-, qui traverse les cieux, les nuits, les nuages, les turbulences, les orages, pour atteindre le plus profond de ce que nous sommes : des fils et filles bien-aimés du Père.

Ouvrons la porte de notre cœur à la colombe dont nous parle ce récit – pas mille colombes, mais une colombe, l’Esprit, la même qui, lâchée par Noé depuis l’Arche pendant le déluge, est revenue avec un brin d’olivier dans le bec : signe qu’elle avait trouvé un lieu où la vie avait repris dans les eaux mortelles du déluge.

La voix de la tendresse de Dieu, la colombe de son Esprit de Vie et d’Amour -, c’est le message de ce dimanche :

Bien aimé de Dieu, le Père t’a donné tout son Amour…

… pour que tu sois à ton tour donnant de cet Amour - dans ce temps ordinaire, quotidien, que nous n’avons jamais quitté mais dans lequel nous entrons.

 

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