lundi 21 avril 2014

Homélie dimanche de Pâques 2014

Homélie dimanche de Pâques 2014
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

Quand on part de nuit, qu’on marche ou qu’on roule de nuit, voir le jour se lever est un soulagement ; ça redonne courage ; on va vers le jour.

Dans mes quelques séjours à l’hôpital, j’ai toujours été frappé par le réconfort que pouvait apporter le discret premier rayon du jour. Le jour se lève !

« C’est dans la nuit qu’il est bon de croire à la lumière ! »

Quand, dans des moments difficiles, une parole, une présence, un geste entrouvrent une brèche là où tout paraît fermé, c’est un peu de lumière qui peut passer.

De grand matin, Marie Madeleine se rend au tombeau (cf. Jean 20,1). Il fait encore sombre. La nuit n’a pas complètement disparu. C’est vrai qu’elle était épaisse, un certain vendredi où tout avait basculé.

L’intuition de Marie Madeleine, son affection pour Jésus, son expérience de vie, lui font pressentir que la lueur d’un jour nouveau chassera la nuit, même épaisse.


Devant ce tombeau, la pierre qui le ferme, qui enferme, est roulée sur le côté. La sortie est libérée, ouverte vers le jour.

Marie Madeleine, la pécheresse pardonnée, est la première de tous à être témoin de cette nouvelle, et à l’annoncer à Pierre et à Jean.

Jean, le plus proche de Jésus, sent ses yeux et son cœur s’ouvrir : « Il vit et il crut. » (Jean 20,8) – lui qui, avec les autres, n’avait pas encore compris, jusque-là, que Jésus, mis à mort, serait relevé de la mort.

L’Evénement de Pâques nous met au cœur de notre foi et de notre expérience humaine : Dieu donne raison à son Fils, qui a « fait le bien » - dit la première lecture (cf. Apôtres 10,38). En le relevant de la mort, il lui a donné raison contre toutes les forces et le formes du mal, qui tuent. Pour toujours, il donne raison à celles et ceux qui essaient de faire, comme lui, le bien.

En enlevant la pierre qui ferme le tombeau, tous les tombeaux, en tous genres, Dieu réduit à néant leur pouvoir d’enfermement, en libérant, en ouvrant, pour permettre à la vie, au bien, de passer.

Seul l’amour peut rouler les pierres du mal qui maintiennent dans la nuit et le manque d’air.

Seul l’Amour, le don, comme le dit le Christ, permet à la vie, à la lumière, de passer.

Que de pierres à rouler, que de tombeaux à ouvrir pour laisser passer la bonté, la charité, l’attention aux autres, le service, la paix, la justice.

Que de pierres obstruent la sortie libre, quand nous faisons l’amère expérience, à un moment ou à un autre, de l’enfermement, de l’absence de lumière ou d’air pur.

En ouvrant le tombeau qui libère Jésus de la mort, Dieu ressuscite ce que nous crucifions par nos refus d’aimer.

« Depuis le jour du Corps livré, du sang versé, nous savons que tout est grâce. »

Le tombeau est vide.

Pâques, cette résurrection, commence chaque fois que nous faisons reculer ce qui a partie liée avec la mort : l’égoïsme, la méchanceté.

Depuis le tombeau vide de mort, ouvert sur la vie, nous savons que rien de ce qui a été vécu par amour, avec Amour, dans l’Amour, ne restera enfermé dans la nuit et le confinement du tombeau.

« Je sais, moi, que mon libérateur est vivant et que je surgirai de la terre, du tombeau » - disait Job (19,25-26) dans sa souffrance.

Avec le Christ ressuscité, quand on meurt, c’est pour la vie, pour vivre.

Avec le Christ ressuscité, le mal est mort, si nous consentons à le faire mourir, en nous, dans notre monde, au quotidien de nos vies.

Comme Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin, sachons, dans l’ombre et dans la nuit, accueillir et attendre le jour, l’aube, l’amour de celui qui peut rouler la pierre de nos tombeaux et les ouvrir à la lumière.

Christ est ressuscité : il est vraiment ressuscité.

 

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