Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Quand on part de nuit, qu’on
marche ou qu’on roule de nuit, voir le jour se lever est un soulagement ;
ça redonne courage ; on va vers le jour.
Dans mes quelques séjours à l’hôpital,
j’ai toujours été frappé par le réconfort que pouvait apporter le discret
premier rayon du jour. Le jour se lève !
« C’est dans la nuit
qu’il est bon de croire à la lumière ! »
Quand, dans des moments difficiles, une parole, une
présence, un geste entrouvrent une brèche là où tout paraît fermé, c’est un peu
de lumière qui peut passer.
De grand matin, Marie Madeleine se rend au tombeau (cf. Jean
20,1). Il fait encore sombre. La nuit n’a pas complètement disparu. C’est vrai
qu’elle était épaisse, un certain vendredi où tout avait basculé.
L’intuition de Marie Madeleine, son affection pour Jésus,
son expérience de vie, lui font pressentir que la lueur d’un jour nouveau
chassera la nuit, même épaisse.
Devant ce tombeau, la pierre qui le ferme, qui enferme, est
roulée sur le côté. La sortie est libérée, ouverte vers le jour.
Marie Madeleine, la pécheresse pardonnée, est la première de
tous à être témoin de cette nouvelle, et à l’annoncer à Pierre et à Jean.
Jean, le plus proche de Jésus, sent ses yeux et son cœur
s’ouvrir : « Il vit et il
crut. » (Jean 20,8) – lui qui, avec les autres, n’avait pas encore
compris, jusque-là, que Jésus, mis à mort, serait relevé de la mort.
L’Evénement de Pâques nous met au cœur de notre foi et de
notre expérience humaine : Dieu donne raison à son Fils, qui a « fait
le bien » - dit la première lecture (cf. Apôtres 10,38). En le relevant de
la mort, il lui a donné raison contre toutes les forces et le formes du mal,
qui tuent. Pour toujours, il donne raison à celles et ceux qui essaient de
faire, comme lui, le bien.
En enlevant la pierre qui ferme le tombeau, tous les
tombeaux, en tous genres, Dieu réduit à néant leur pouvoir d’enfermement, en
libérant, en ouvrant, pour permettre à la vie, au bien, de passer.
Seul l’amour peut rouler les pierres du mal qui maintiennent
dans la nuit et le manque d’air.
Seul l’Amour, le don, comme le dit le Christ, permet à la
vie, à la lumière, de passer.
Que de pierres à rouler, que de tombeaux à ouvrir pour
laisser passer la bonté, la charité, l’attention aux autres, le service, la
paix, la justice.
Que de pierres obstruent la sortie libre, quand nous faisons
l’amère expérience, à un moment ou à un autre, de l’enfermement, de l’absence
de lumière ou d’air pur.
En ouvrant le tombeau qui libère Jésus de la mort, Dieu
ressuscite ce que nous crucifions par nos refus d’aimer.
« Depuis le jour du Corps livré, du sang versé, nous
savons que tout est grâce. »
Le tombeau est vide.
Pâques, cette résurrection, commence chaque fois que nous
faisons reculer ce qui a partie liée avec la mort : l’égoïsme, la
méchanceté.
Depuis le tombeau vide de mort, ouvert sur la vie, nous
savons que rien de ce qui a été vécu par amour, avec Amour, dans l’Amour, ne
restera enfermé dans la nuit et le confinement du tombeau.
« Je sais, moi,
que mon libérateur est vivant et que je surgirai de la terre, du tombeau »
- disait Job (19,25-26) dans sa souffrance.
Avec le Christ ressuscité, quand on meurt, c’est pour la
vie, pour vivre.
Avec le Christ ressuscité, le mal est mort, si nous
consentons à le faire mourir, en nous, dans notre monde, au quotidien de nos
vies.
Comme Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin,
sachons, dans l’ombre et dans la nuit, accueillir et attendre le jour, l’aube,
l’amour de celui qui peut rouler la pierre de nos tombeaux et les ouvrir à la
lumière.
Christ est ressuscité : il est vraiment ressuscité.
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