mercredi 16 avril 2014

La souffrance de l'arbre.

La souffrance de l'arbre.


« Je pleure.
Sans honte.
Un chagrin comme le mien, on n'en fera plus jamais ... C'est le plus grand chagrin du monde!
Le seul de tous les temps !
J'ai froid Du cœur.
J'ai peur De l'âme.
Mal... Du corps.

Je vous le dis, bande d'hommes, quand vous passez près de moi. En promenade ... A me frôler.
A m'admirer.
Pas un à m'entendre!
Vos enfants, peut-être, lorsqu'ils disent: « L'arbre pleure. » mais on ne croit pas les enfants !

J'ai des larmes qui coulent, à la place du sang. De l'or brun.
Des siècles plus tard, vous les appellerez de la résine et vous croirez avoir fait une trouvaille !
Moi, je vous crie que ce sont des sanglots d'arbre mais, vous ne voulez pas écouter.
La colombe de Noé est venue, oh, il y a si longtemps, m'arracher un rameau et, cela dure depuis!

Dieu, s'il vous plait, regardez moi! J'ai le tronc rempli de larmes ...
Un vrai torrent qui va et vient dans mon intérieur. Des frondaisons aux racines, et cela remonte.
Je voudrais me courber mais je ne peux pas ... Votre doigt en guise de colonne vertébrale !
Vous m'avez choisi, raide comme un pieu et deux seules branches, comme des bras écartelés !

Et le pire, si vous saviez le pire, vous, les hommes qui passez!
Cet Autre qui va venir.
Cet Autre, avec ses mains ouvertes.
Avec ses yeux d'amour. .. Ses milliers de cœurs!
Cet Autre, sanglant, déchiré, qui va se coucher sur moi. Celui qui est fait comme vous mais, tant de fois meilleur!
A chaque respiration, Il a tout le corps qui vous dit: « Je vous aime. ». Il est fatigué d'aimer; Il en vit tout le jour.

La nuit, Il ne dort pas ... Pas le temps !
« Il faut que j'aime.
Je suis là pour ça. »

Il en mourra.
Cet Autre que vous verrez à peine autant que vous m'entendez!
Qui aura semé les miracles et la Bonne Parole, sans compter, à la façon dont vous semez le blé dans les champs ...

Bien sûr, moi, je ne suis qu'un arbre, un chêne, un cèdre, un olivier à la rigueur un peu plus haut et moins tordu que ses congénères, mais des gens comme Lui!
Des rayonnements.
Vous devriez tous courir après. Combien y en a-t-il qui le feront? Quelques purs, quelques rares!

La majorité m'aura scié avant, aux bonnes dimensions!
Une longueur de bras à planter en terre, la hauteur d'un corps et, au­dessus, une petite place pour accrocher un écriteau.
Alors, parce que j'ai la taille voulue et que j'ai été désigné depuis la naissance des univers, moi, l'arbre de la Croix du Christ, je pleure.

Seul.
Sans honte.

E Tonnelier

Aucun commentaire: