Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Notre société est plutôt
impatiente, il faut aller vite, pour les plus jeunes, avoir tout de suite ce
qu’on décide. Si l’automobiliste qui est devant nous tarde quelques secondes à
démarrer au feu vert, si une personne met du temps à chercher sa carte bancaire
à la caisse du magasin alors que la file d’attente est longue et les caddies
bien remplis, voilà que nous sommes impatients, énervés, stressés.
Comme disait le
grand-père : « On prendra bien le temps de mourir ! »
Oui, le temps, la patience,
l’attente, la durée - mises à mal dans nos modes de vie modernes - sont par
conséquent encore plus indispensables, à la fois pour notre vie tout court et
pour notre vie chrétienne. Ça fait partie du style de Dieu, bien que - pour lui
- le temps n’existe pas, et que sa patience soit sans limite envers nous.
C’est l’expérience que font
les amis de Jésus depuis l’Ascension jusqu’à la Pentecôte : temps de
l’attente, du désir, de la patience.
C’est la situation dans
laquelle nous sommes : l’attente, le désir, l’accueil du don de Dieu et de
l’Esprit Saint qui rend présent le Christ dans son absence visible.
Après que Jésus eut disparu à
leurs yeux à l’Ascension – c’est la première lecture (Actes 1,12-14) -, les
onze retournèrent au mont des Oliviers, de juste mémoire le lieu de la détresse
de Jésus, de la trahison, de l’attente de la mort ; ils l’ont vu vivant,
mais ils continuent à avoir des doutes. Là, à l’étage de la maison, les amis
attendent, désirent, préparent leur cœur, par la prière, à accueillir la
réalisation de la promesse d’une présence. « Le Seigneur ne vous laisse
pas orphelins : il reviendra vers vous, alors votre cœur connaîtra la
joie. » - c’est l’acclamation de l’Evangile.
L’attente, la patience et le
désir : c’est ce qui permet à la graine de germer - ce qui permet au don
que Dieu nous fait de prendre corps en nous, de s’enraciner, de germer et de
porter du fruit. Il n’y a pas de moisson, ni de vendanges, ni de fruit, sans la
patience - ses longues et lentes germinations.
Les amis de Jésus, à l’étage
de la maison, avec quelques femmes, dont Marie – ce qui est exceptionnel dans
le monde juif de ce temps-là – attendent chaque jour : est-ce que la
promesse va se réaliser ? D’un seul cœur, ils prient, ils préparent le
terrain - leur cœur, leur esprit, leur corps - à recevoir le don d’une
présence nouvelle, plus intense que la présence physique.
Cette présence, on le verra
dimanche de Pentecôte, c’est la santé, le tonus de Dieu lui-même qui nous sont
donnés : force, lumière, ouverture d’esprit, recherche de vérité, paix et
joie intérieures.
Ces dons ne sont pas de
l’acquis comme la couleur des yeux à la naissance : ces dons sont des
germes à faire pousser dans la patience, le temps, le désir, l’attente.
Ça n’a rien à voir avec la
paresse ou la passivité. Il s’agit d’une patience et d’une attente actives.
Pourquoi sommes-nous si impatients, si désolés, si paniqués, parfois, devant la
situation difficile de la baisse de la foi, de la pratique, des vocations,
etc. ? Peut-être que nous pensons – pensions - tout maîtriser avec de
beaux programmes, et plans d’action, et en oubliant peut-être
l’essentiel : la confiance active dans la réalisation de la promesse du
Christ ressuscité, la patience des lentes germinations, le désir que ce soit
vraiment la gloire de Dieu et non la nôtre qui soit en valeur – c’est
l’Evangile de ce jour (Jean 1b,11a).
Croire, c’est faire confiance
en la promesse de quelqu’un qui est crédible et fiable, croire, c’est la
désirer, contribuer à ce qu’elle se réalise, attendre activement cette
promesse.
Un maître spirituel
disait : « Faites comme si tout dépendait de vous, sachant que tout
dépend de Dieu. » « Et puis - ajoutait-il
– détendez-vous ! »
Préparons-nous cette semaine
à accueillir le don de l’Esprit de Pentecôte.
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