dimanche 1 juin 2014

Homélie 7e Pâques A 2014

Homélie 7e Pâques A 2014
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

On n’aime pas bien attendre !

Notre société est plutôt impatiente, il faut aller vite, pour les plus jeunes, avoir tout de suite ce qu’on décide. Si l’automobiliste qui est devant nous tarde quelques secondes à démarrer au feu vert, si une personne met du temps à chercher sa carte bancaire à la caisse du magasin alors que la file d’attente est longue et les caddies bien remplis, voilà que nous sommes impatients, énervés, stressés.

Comme disait le grand-père : « On prendra bien le temps de mourir ! »

Oui, le temps, la patience, l’attente, la durée - mises à mal dans nos modes de vie modernes - sont par conséquent encore plus indispensables, à la fois pour notre vie tout court et pour notre vie chrétienne. Ça fait partie du style de Dieu, bien que - pour lui - le temps n’existe pas, et que sa patience soit sans limite envers nous.

C’est l’expérience que font les amis de Jésus depuis l’Ascension jusqu’à la Pentecôte : temps de l’attente, du désir, de la patience.

C’est la situation dans laquelle nous sommes : l’attente, le désir, l’accueil du don de Dieu et de l’Esprit Saint qui rend présent le Christ dans son absence visible.

Après que Jésus eut disparu à leurs yeux à l’Ascension – c’est la première lecture (Actes 1,12-14) -, les onze retournèrent au mont des Oliviers, de juste mémoire le lieu de la détresse de Jésus, de la trahison, de l’attente de la mort ; ils l’ont vu vivant, mais ils continuent à avoir des doutes. Là, à l’étage de la maison, les amis attendent, désirent, préparent leur cœur, par la prière, à accueillir la réalisation de la promesse d’une présence. « Le Seigneur ne vous laisse pas orphelins : il reviendra vers vous, alors votre cœur connaîtra la joie. » - c’est l’acclamation de l’Evangile.

L’attente, la patience et le désir : c’est ce qui permet à la graine de germer - ce qui permet au don que Dieu nous fait de prendre corps en nous, de s’enraciner, de germer et de porter du fruit. Il n’y a pas de moisson, ni de vendanges, ni de fruit, sans la patience - ses longues et lentes germinations.

Les amis de Jésus, à l’étage de la maison, avec quelques femmes, dont Marie – ce qui est exceptionnel dans le monde juif de ce temps-là – attendent chaque jour : est-ce que la promesse va se réaliser ? D’un seul cœur, ils prient, ils préparent le terrain - leur cœur, leur esprit, leur corps - à recevoir le don d’une présence nouvelle, plus intense que la présence physique.

Cette présence, on le verra dimanche de Pentecôte, c’est la santé, le tonus de Dieu lui-même qui nous sont donnés : force, lumière, ouverture d’esprit, recherche de vérité, paix et joie intérieures.

Ces dons ne sont pas de l’acquis comme la couleur des yeux à la naissance : ces dons sont des germes à faire pousser dans la patience, le temps, le désir, l’attente.

Ça n’a rien à voir avec la paresse ou la passivité. Il s’agit d’une patience et d’une attente actives. Pourquoi sommes-nous si impatients, si désolés, si paniqués, parfois, devant la situation difficile de la baisse de la foi, de la pratique, des vocations, etc. ? Peut-être que nous pensons – pensions - tout maîtriser avec de beaux programmes, et plans d’action, et en oubliant peut-être l’essentiel : la confiance active dans la réalisation de la promesse du Christ ressuscité, la patience des lentes germinations, le désir que ce soit vraiment la gloire de Dieu et non la nôtre qui soit en valeur – c’est l’Evangile de ce jour (Jean 1b,11a).

Croire, c’est faire confiance en la promesse de quelqu’un qui est crédible et fiable, croire, c’est la désirer, contribuer à ce qu’elle se réalise, attendre activement cette promesse.

Un maître spirituel disait : « Faites comme si tout dépendait de vous, sachant que tout dépend de Dieu. » « Et puis - ajoutait-il – détendez-vous ! »

Préparons-nous cette semaine à accueillir le don de l’Esprit de Pentecôte.

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