dimanche 31 août 2014

Homélie 22e dimanche A – 2014

Homélie 22e dimanche A – 2014 - Carmel de Saint-Maur -
Père Maurice Boisson

On y est ! C’est la rentrée ! La reprise ! Ça fait la une des nouvelles ! Mais c’est aussi la continuation des activités qui n’ont pas arrêté ! Ça peut être aussi le temps d’un changement - de lieu, de travail, de situation, la suite du parcours interminable vers la recherche d’un emploi…

La vie continue, avec son lot d’inconnu, d’événements plus difficiles ou plus heureux, avec sa part de soucis, de plaisirs, de morsures et de caresses de la vie.

Dans ce qui fait - ou défait - nos existences, nous essayons de nous frayer un chemin, un sens, une direction - qui peut nous conduire soit à être un peu ou beaucoup heureux, même dans les difficultés, soit à nous résigner à traiter notre vie comme un boulet, soit à nous enfoncer dans des impasses.

Trouver un sens à sa vie d’aujourd’hui, une direction : où on va, vers quoi ? Un sens : une signification : ce que je vis, est-ce que ça correspond à mes désirs profonds ? pas à mes caprices ?

Dans l’Evangile de ce dimanche (Matthieu 16,21-27), Jésus nous indique un chemin, un sens pour orienter nos vies : faire le choix de la vie, qui peut nous rendre heureux intérieurement, d’accord avec nous-mêmes – « Celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la gardera » (Matthieu 16,25).

On ne se réalise pas en restant clos sur soi-même, en étant trop préoccupé de soi. On ne devient pas forcément heureux par une grande quantité de biens, mais par la grande qualité de son existence, la qualité de ce qu’on est, avec et pour les autres, avec soi-même, avec et pour Dieu.


La vie est faite pour être donnée, parce qu’elle nous est donnée. Nous ne nous sommes pas donné la vie. On la reçoit, pas pour se la garder, mais pour la donner.

Sur ce chemin et ce sens du don, nous rencontrons la Croix : des souffrances, des choix douloureux, des difficultés.

« Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa Croix et qu’il me suive » (Matthieu 16,24).

Qu’il prenne sa Croix, la sienne, sans vouloir en inventer, ni en rajouter ; c’est déjà pas rien de porter cette difficulté - qui peut être lourde – à se donner soi-même, à donner de soi, à aimer l’autre quand même, à pardonner, à écouter, à être fidèle… Tous, nous faisons l’expérience qu’il n’y a pas d’amour sans croix, sans choix, sans renoncement ; nous faisons aussi l’expérience que ces croix peuvent être source de joie profonde, de liberté, de paix et de sérénité intérieure. Ces croix que Jésus nous invite à assumer librement pour aimer, sont chemin, sens, vers la Résurrection : « Qui perd sa vie, la trouvera ».

Cette proposition de sens de la vie - dans cet Evangile - ne va pas bien, c’est vrai, dans le courant et le sens du monde d’aujourd’hui. Elle va plutôt à contre-sens de la direction vers l’individualisme, le repli, les barrières, la peur de la vie, la peur de l’autre.

C’est la réaction de Pierre, dans cet Evangile, et la nôtre : « Tu ne vas quand même pas monter à Jérusalem pour y mourir ! » - « Passe derrière-moi, Satan - lui répond Jésus (Matthieu 16,23) – tu m’empêches d’avancer sur ce chemin de l’amour donné, librement. »

Jésus va à contre-courant, à contre-sens du monde. Il ne s’agit pas d’être dans le vent – c’est l’ambition des feuilles mortes, ça va être la saison – mais d’être dans le courant qui pousse nos pauvres embarcations, à réussir la traversée de nos vies – c’est aussi l’ambition de Paul dans la deuxième lecture : « Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais pensez et vivez de manière à reconnaître quel est le désir de Dieu, ce qui est bon » (Romains 12,2).

On prendra alors une bonne direction, un bon sens, pour que notre vie ait un sens. Choisir la vie, celle qui vaut le coup, de vivre : c’est celui qui perd sa vie en se donnant qui trouvera.

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