mardi 14 octobre 2014

Synode :« Je sais que cela va bien se terminer, mais je ne sais pas encore comment », dit Mgr Danneels


Synode :« Je sais que
cela va bien se terminer, mais je ne sais pas encore comment », dit Mgr DanneelsSynode :« Je sais que cela va bien se terminer, mais je ne sais pas encore comment », dit Mgr Danneels

Invité par le pape François à participer au synode extraordinaire sur la Famille qui se tient jusqu’au 19 octobre à Rome, le cardinal Godfried Danneels nous livre ses sentiments à l'entame de la deuxième semaine synodale.
Dans l’entretien qu’il a accordé à notre correspondant au Vatican, le cardinal Danneels dit sa confiance dans la manière dont les travux du syonde aboutiront. Pour lui, le synode est l’un des plus importants qu’il ait connus.
Les débats avant le synode ont été serrés entre certains cardinaux et principalement autour de la question des divorcés remariés. Aujourd’hui, dans quel esprit se déroulent les débats synodaux ? Et quelle tonalité François leur a-t-il donnée ?
Avant le synode comme aujourd’hui, tout le monde a pu parler ouvertement. La liberté de parole a été totale. C’est le pape qui a permis cela. Par sa simple présence François permet que tout soit dit et que personne ne soit intimidé ou gêné par sa présence. Au contraire, il semble dire « allez-y, dites ce que vous avez à dire, c’est très intéressant ». Il y a une grande sérénité dans la salle, tout comme de la bonhommie et de l’humour.
Ce synode va-t-il au-delà de ce que l’on attend d’un synode ? Certains l’ont commenté en évoquant un esprit conciliaire.
Tout peut y être dit, tout est dit, et donc tout est possible. Bien sûr on ne va pas aller à l’encontre de la doctrine, mais il y a un accent de vérité que je n’ai jamais connue lors d’un synode, et cela même si les problèmes ne sont pas faciles. Je n’ai d’ailleurs connu aucun synode aussi important que celui-ci.
Il y a parmi les croyants d’énormes attentes. Cette atmosphère permettra-t-elle de mettre au jour des réponses à la hauteur de ces dernières ?
Il y aura dans les réponses apportées une certaine marge concernant leur application, une certaine liberté, mais sans doute certains seront-ils tout de même déçus. Tout n’est pas possible, surtout concernant la question des divorcés remariés. C’est une question difficile, et il n’y a pour le moment pas d’unité dans l’assemblée. L’Asie, l’Amérique latine ou l’Afrique ont d’autres conceptions que le nord-ouest de l’Europe. Je sais que cela va bien se terminer, mais je ne sais pas encore comment. Nous sommes seulement au stade des discussions. On verra ce que l’on pourra trouver comme chemin de miséricorde.
Vous-même dans votre intervention, vous avez essayé de tracer une perspective pastorale.
Oui, il faut réconcilier à la fois la doctrine qui ne doit pas spécialement changer, et d’autre part les situations très concrètes du quotidien pour lesquelles elle a un rôle prophétique à jouer si, du moins, elle est comprise.
Le Père Antonio Spadaro, directeur de la revue jésuite italienne Civilta Cattolica et père synodal, a évoqué deux visions de l’Église qui se confrontent : une « Église-phare et une Église-torche ». Quelle est la vision de l’Église qui vous plait le plus ?
J’ai été un peu jaloux de ne pas avoir inventé cette double image, car elle est très très belle. Quand on est un phare, on reste stable, on voit très clair devant, mais rien sur le côté. Celui qui a une torche peut quant à lui avancer avec le marcheur et donner de sa lumière sur chacun des nouveaux problèmes. Le défi pour l’Église est d’être les deux à la fois : être miséricordieux tout en demeurant juste.
Au-delà des questions médiatiques, quelle question trop peu évoquée vous semble capitale ?
Le fait que le monde soit inondé de pornographie par exemple. Tout le monde est touché par la pornographie et cela fait énormément de mal. C’est un désastre même : tout est ébranlé, il n’y a plus aucun point de référence sauf ses propres désirs et ses propres émotions. C’est le fruit d’un très grand individualisme coupé de toute responsabilité sociale. L’influence de la pornographie est sous-estimée et sous-évaluée aujourd’hui.
Il y a un an et demi, vous évoquiez la liberté, la spontanéité de François, tout en craignant que certains le poussent à jouer un rôle qui ne serait pas le sien. Vos craintes sont-elles toujours d’actualité ?
Je continue d’avoir de l’espoir. Le même espoir qu’il y a un an et demi. Avec ses « armes », le pape est capable de faire de grandes choses. De temps en temps, en me levant je me dis « qu’aura-t-il encore trouvé aujourd’hui ? » Et chaque jour je le trouve très bon, et chaque jour il m’étonne.
Quel est sa qualité principale, quel est son apport le plus important pour l’Église ?
D’être véritablement humain et tout aussi croyant. Il combine une profonde nature humaine et un profond sens de sa vocation d’être Pierre.
Propos recueillis à Rome par Bosco d’Otreppe

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