dimanche 2 novembre 2014

Homélie 2 Novembre - 2014

Homélie 2 Novembre - 2014 - Carmel de Saint-Maur -
Père Maurice Boisson

Sagesse 2,1-4a . 22-23 ; 3,1-9 ; Psaume 26 ; Romains 8,14-17 ; Luc 12,35-38.40

Quand j’étais jeune prêtre, j’allais aider un prêtre âgé ami pour les fêtes de Toussaint : confesser, prêcher…
Je me souviens qu’il m’avait dit, avec son bon sens et son expérience : « Si tu parles de la mort, n’en dis pas trop ! Ne fais pas de grands discours ! » On n’en a pas l’expérience, sinon celle de voir les autres mourir, et de les accompagner.

Ça me rappelait une réflexion du Cardinal Veuillot, alors archevêque de Paris, atteint d’une grave maladie, disant à son secrétaire : « Recommandez aux prêtres de ne pas trop parler de la souffrance. » Lui-même en faisait l’expérience.

Il y a des situations, des événements, devant lesquels on se sent bien petit, où on a envie d’être bien humble, et de ne pas « faire les malins », comme me disait encore le vieux curé de mon village.

Ce qui touche la profondeur, le cœur de notre existence, c’est comme un sanctuaire qu’on approche avec respect, en ôtant ses sandales, comme près du buisson ardent, … « ce lieu est saint » (cf. Exode 3,5) ; les mots se raccourcissent quand ils sont en profondeur.

La Parole de Dieu elle-même est sobre. Pensons à Job et à ceux qui causent. Pensons à la Passion du Christ : peu de paroles, quelques mots, murmures et cris ; et surtout au silence étonnant du samedi saint : le Père lui-même se tait.

Ce jour de prière et de souvenir, pour les défunts, au lendemain de la fête de tous les saints, nous remet devant notre destinée et devant les mystérieuses questions de l’existence : la mort, et après ? La souffrance, pourquoi ? Le sens de la vie ? Où ça va ?

En voyant les gens dans les cimetières ces jours, je me demande toujours : « Qu’y-a-t-il dans leur tête, dans leur cœur, dans leur pensée ? Qu’y-a-t-il en nous, en moi, quand nous prions ce matin pour les défunts ? »

Peut-être qu’on se retrouve à certains moments dans ce que dit la première lecture, et qui est d’une étonnante actualité : « Personne n’est jamais revenu –  Notre existence est brève et triste – la vie n’est rien, de la fumée – la pensée s’éteint et le corps s’en va en cendres » (cf. Sagesse 2,1).

Déjà ! Avant Jésus…

En parlant de son papy mort il y a quelques semaines, un petit garçon demandait à sa maman : « Dis, Maman, le Papy, quand c’est qu’il aura fini d’être mort ? » Quelle lourde question cet enfant portait dans sa tête et dans son cœur !

La Parole de Dieu de ce jour ne nous assène pas des théories ni des Alléluia qui ne seraient pas justes ; elle nous murmure à l’oreille, au cœur, à la raison, comme des secrets… « Les secrets de Dieu », dit encore la première lecture (Sagesse 2,22). C’est plus vrai que les grands discours, les secrets de Dieu : « Dieu a créé l’être humain pour une existence impérissable : une image de ce qu’il est lui-même » (Sagesse 2,23). « Nous sommes enfants de Dieu  - c’est la deuxième lecture (Romains 14,16-17) – alors nous sommes héritiers, héritiers de Dieu avec le Christ. » Alors ! Nous aurons part à son héritage !

Le plus grand secret est d’avoir fait mourir la mort en rendant Jésus à la vie.

Sans connaître, ni phantasmer sur le comment ça se fera, le comment ça se passera, comment nous serons, on peut faire confiance que Dieu ne nous a pas faits pour nous envoyer à la fin au néant, à rien.

Rappelons-nous bien : Ils se tenaient debout ! Ils étaient de partout, ils étaient habillés de blanc, c’est-à-dire de lumière ! (cf. Apocalypse 7,9)

Mais c’est vrai qu’il faut être prêt, « en tenue de service, les lampes allumées » (Luc 12,35), des veilleurs ; c’est l’Evangile.

Le secret de Dieu : c’est d’avoir, en Jésus, mis pied à terre pour que nous mettions pied au ciel. Nous disons : enterrement ; nous pourrions aussi bien dire : en-cielement.

« Au pays de la soif, il est une fontaine. Au pays de la nuit, il est une lumière. Elles s’appellent espérance. »

« Les secrets de Dieu. »

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