dimanche 7 décembre 2014

Homélie 2e dimanche de l’Avent - 2014 -

Homélie 2e dimanche de l’Avent - 2014 -
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

Isaïe 40,1-5.9-11 ; Psaume 84 ; 2 Pierre 3,8-14 ;  Marc 1,1-8

La préparation de Noël s’active ! On prépare, on fait des courses, on prévoit des idées de cadeaux, on décore un sapin, on place la crèche. Espérons qu’on a encore le droit d’en faire une !

Au Carmel, on prépare aussi sans doute, les célébrations, et la préparation est plus intérieure, dans la prière.

C’est bien et c’est important de préparer, pour la joie de tous. Est-ce qu’on a aussi le soin de nous préparer, de préparer nous, notre cœur, notre tête,… de nous « habiller le cœur », dit le Petit Prince.

Ce temps, avec l’ambiance de fête, les lumières, les guirlandes, les décorations, embellit – provisoirement – la grisaille de la morosité habituelle. C’est bien et ce n’est pas suffisant, s’il n’y a pas en même temps de la lumière et de la beauté intérieures, de la fraternité, de l’affection, de la vraie joie profonde d’accueillir le cadeau qui nous est donné d’une présence, qui est la lumière, la vie, la bonté, l’Amour.

« Mettez l’intérieur, disait de Père Chevrier - fondateur du Prado - à ses prêtres, l’extérieur viendra. »

Préparer, c’est surtout ne pas oublier de mettre l’intérieur, le sens, l’âme, le cœur.

« Préparez » - c’est l’invitation de ce deuxième dimanche de l’Avent et de cette semaine qui vient. Elle nous est proposée par les deux grands porte-paroles de celui qui vient : Isaïe, le messager, et Jean-Baptiste, le cousin. Ils ouvrent la route à Celui qui vient, non pas avec des motards, des sirènes et des gyrophares, mais avec des appels à ouvrir nos cœurs. Car la route de celui qui vient traverse nos vies, nos situations, nos fragilités et nos désirs, et traverse la vie de notre monde.

C’est ce passage qu’il nous faut ouvrir, préparer, désencombre : la route de ce qui fait la vie quotidienne et banale, les joies et les soucis, pour que la grâce de l’Amour arrive jusque-là.

« Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers » (Marc 1,3 ; cf. Isaïe 40,3)… car il vient – « Voici votre Dieu » (Isaïe 40,9). Il est déjà là et avec lui « un ciel nouveau et une terre nouvelle » (2 Pierre 3,13) où résidera la justice : l’ajustement au désir et au cœur de Dieu, non seulement de nos vies, mais de la création et de l’humanité.

Ça se travaille, ça se prépare, ça s’accueille activement, maintenant – insistent nos deux messagers – ils ne sont pas « décalés » dans un autre temps ! Ils pourraient faire un journal télévisé : rendre droite la route, rectifier ce qui est tordu, combler les ravins – de la bêtise et de la méchanceté qui tirent l’humanité vers le trou, les escarpements dangereux, les montagnes qui dominent, les monts « ego » - ça nous parle, c’est aujourd’hui.

« Préparez, disent-ils, faites des ponts pour relier, des tunnels pour faire se rejoindre, et ne pas aller dans le mur, prenez patience et prudence pour passer le nid de poule et les bosses, et arrivez sans tout casser. »

Préparer la route au Seigneur, c’est favoriser la relation, le lien, la communication, avec Dieu, avec les autres, avec nous-mêmes. Il s’agit d’ouvrir des chemins dans nos cœurs, pour que ce trésor d’Amour qui est la venue de Dieu puisse atteindre le plus profond de nous-mêmes et de la vie du monde.

La grâce peut difficilement passer à travers une toile cirée : elle peut pénétrer ce qui est poreux et perméable à l’amour…

Prions, cette semaine, avec cette belle prière qui a ouvert notre Eucharistie : « Ne laisse pas le souci de nos tâches présentes entraver notre marche à la rencontre de ton Fils, mais éveille en nous cette intelligence du cœur qui nous prépare à l’accueillir. »

Eveille en nous l’intelligence du cœur - on en a tellement besoin : ce qui nous permet de rejoindre l’intérieur, l’essentiel, l’invisible.

Là où peuvent s’ouvrir des chemins dans nos cœurs pour nous laisser rejoindre et habiter par la grâce, par l’Amour qui nous est offert en ce temps, préparons ces chemins du Seigneur.

Bonne semaine.

 

Aucun commentaire: