lundi 12 janvier 2015

12 Janvier 2015, Quelques pistes de réflexion

12 Janvier 2015, Quelques pistes de réflexion
P JM Bouhans


Devant le temps ordinaire, que pensons-nous ? Est la même chose de dire le temps ordinaire recommence ou bien le temps ordinaire est toujours un commencement ? Les lectures d’aujourd’hui donnent quelques indications à ce sujet. Dieu a parlé au long de l’histoire, il a parlé en ces temps derniers non pas pour se répéter, pour recommencer mais pour nous dire du neuf… Il a parlé par son fils. Et ce fils quand il est là, signale clairement que les temps sont accomplis, que le Règne de Dieu est tout proche… là non plus il ne s’agit pas d’un recommencement mais d’une progression, d’un accomplissement... Le Temps ordinaire, ce n’est donc pas pour recommencer mais pour aller plus loin.
 
L’évangile selon s. Marc est bien spécial : dans les 13 premiers versets, il y a la mission de Jean Baptiste, l’entrée en scène de Jésus avec son baptême et les tentations au désert. Tout se déroule très rapidement. Et nous arrivons aujourd’hui à première parole de Jésus dans l’évangile selon s. Marc : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ». Les temps sont accomplis, cela ne veut pas dire que la cloche a sonné. Il ne s’agit pas du temps chronologique de la montre mais du temps de Dieu, le « bon moment » de l’annonce… Parce que Jean a été livré, le moment est venu pour Jésus de commencer sa mission. Le même verbe livrer sera utilisé quand Jésus sera livré : qui se lèvera alors pour l’heureuse annonce ? C’est bien le même cheminement de Jésus au début et à la fin de l’Evangile selon s. Marc. Jésus vient de Galilée, passe en Judée où Jean baptisait et revient en Galilée commencer sa mission. A la fin de l’Evangile, il viendra de Galilée à Jérusalem (en Judée), pour la passion – Jésus en parle comme d’un baptême -et après la résurrection il demande de le rejoindre en Galilée.

Revenons aux premiers appelés. Nous retrouvons le schéma des nombreux appels aux long de la Bible : tout d’abord une rencontre, et celui qui va être appelé est bien quelqu’un qui sait quoi faire de sa vie. Il y a ensuite l’appel, puis l’abandon des instruments de travail, enfin le départ avec celui qui appelle. Jésus passe et voit Pierre et André en train de pêcher et il les appelle. Aussitôt, ils laissent les filets et le suivent. Plus loin Jésus voit Jacques et Jean. Ils préparaient les filets. Jésus les appelle. Aussitôt, ils quittent leur père et ses ouvriers et partent derrière Jésus.

C’est raconté de manière rapide : 4 vocations en 5 versets. Marc insiste sur l’initiative de Jésus. Il passe, voit, dit, appeler. Du côté des appelés, il est simplement dit ; « aussitôt ils le suivirent » « aussitôt ils s’en allèrent avec lui ». Cela n’est pas sans problème et déjà certains Pères de l’Eglise taxaient de légèreté d’esprit le fait de tout abandonner pour suivre un inconnu dont on ne sait presque rien. Disons que la vraisemblance historique ou psychologique n’est pas le souci de Marc.

A noter aussi les différences entre les deux récits de vocation. Au premier groupe, Jésus invite « venez derrière moi » puis complète l’appel : « je vous ferai devenir pêcheur d’hommes ». Quel sens donner à cette phrase de Jésus : « je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes » : la formulation est intéressante : ce n’est pas un ordre : « devenez pêcheurs d’hommes ». Ce n’est pas une obligation : « il faut que vous deveniez pêcheurs d’hommes ». A un ordre, on obéit. À une obligation on se soumet. Rien de cela ici : c’est une promesse de Jésus et devant une promesse, on se risque dans la confiance. Et que voudrait dire aujourd’hui, je vous ferai infirmières d’hommes, architectes d’hommes, ingénieurs d’hommes, professeurs d’hommes, peintres d’hommes, chauffeurs d’hommes, policiers d’hommes, etc. ? – j’ai oublié d’apporter les pages jaunes mais vous pourrez compléter la liste -. Quel rapport entre notre engagements et les hommes d’aujourd’hui ?

Autre différence entre les deux groupes des premiers appelés : ils n’ont pas le même statut social. Jacques et Jean laissent leur père et ses ouvriers. Cela indique un certain statut social. Zébédée est suffisamment aisé pour recourir à un personnel salarié. Cela aussi montre bien la diversité des appels de Jésus dans toutes les conditions sociales.

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