jeudi 14 mai 2015

Homélie Ascension B 2015 -

Homélie Ascension B 2015 -
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Actes 1,1-11 ; Psaume 46 ; Ephésiens 4,1-13 ; Marc 16,15-20

Si on fait un petit sondage dans la rue sur ce qu’est l’Ascension, ce qui vient en premier, c’est le pont, le grand pont de l’Ascension… mais encore ? Ensuite, on ne sait plus bien dire, entre la Résurrection, l’Assomption, l’Ascension, les apparitions, le Saint Esprit… Bref, on ne connaît plus très bien aujourd’hui la signification des fêtes religieuses, sinon qu’elles permettent des temps de loisirs, de fête, de repos.

Rassemblés ce matin, nous célébrons le Christ ressuscité. Il va quitter ses amis d’une manière visible. Il leur reste présent autrement, encore plus intensément. Il les prépare à cette séparation en leur promettant de leur envoyer l’Esprit qui les aiderait à attester sa présence invisible.

Ce sont eux, ses amis, qui sont chargés de montrer qu’il est présent partout et toujours. Il ne nous a pas quittés.

« Vous allez recevoir une force, le Saint Esprit, et vous serez alors mes témoins. » Il disparut à leur regard. Les amis fixaient le ciel où Jésus s’en allait. C’est le récit de l’Ascension dans la première lecture (cf. Actes 1,8-10).

En fait, Jésus ressuscité ne s’en allait pas comme une fusée dans l’infini des mondes. Il ne montait pas : c’est une nuée qui le cache à leurs yeux. Il descendait, il s’enfonçait dans la profondeur du cœur de ses amis, dans le nôtre, et dans l’humanité, là où il est resté, là où on peut le trouver, là où « Dieu est plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes », dira Saint Augustin.

Pas dans les nuages : dans la profondeur de l’être de la vie, de l’Amour, des choix.

Au matin de Pâques, les femmes cherchaient leur ami Jésus dans le tombeau. Deux hommes vêtus de lumière leur avaient dit : « Pourquoi chercher le vivant parmi les morts ? Il est vivant en Galilée » (Luc 24,5-6).

De même, nous dit le récit de la première lecture, deux hommes en blanc, en lumière, disent aux apôtres : « Galiléens ».  Ils les saluent bien dans leur terre, leur pays, leur vie.

« Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? » (Actes 1,11)

On se souvient de Gagarine qui, dans le premier voyage vers l’espace, avait dit : « Je n’ai pas rencontré Dieu. » Dieu était en lui-même, pas loin de lui.

La fête de l’Ascension, c’est l’expérience que nous faisons de la présence dans l’absence.

Il y a des absences qui sont des présences invisibles, plus intenses parfois que des présences visibles et touchables.

On peut vivre côte à côte et s’ignorer royalement, ou ne pas exister pour l’autre et inversement. On peut être proche en étant loin et aussi en étant proche. Ce qui est invisible n’est pas inaccessible, ni inexistant. Le visible et le tangible ne sont pas forcément le vrai et l’accessible. La confiance ne demande pas de preuves mais des signes.

C’est la situation de Jésus ressuscité, pour nous aujourd’hui. Son absence physique le rend infiniment plus présent, et plus intensément proche, à tous et partout.

C’est le don de l’Esprit qui assure sa présence, en faisant de nous les témoins, les signes concrets, visibles, de sa présence.

« Vous serez mes témoins (Actes 1,8) partout où vous serez. ». Témoins d’un vivant. C’est l’Evangile : « Voici les signes qui diront quelque chose de moi : se battre contre le mal quel qu’il soit, imposer les mains aux malades » (cf. Marc 16,17-18).

Ça veut dire : faire du bien à ceux qui en ont besoin. « Et ceux-là s’en trouveront bien », dit Jésus (Marc 16,18).

Parler en langues nouvelles, être des polyglottes du cœur, avoir un langage, des paroles, qui parlent, pas seulement par les mots mais par les attitudes, les actes, dans des situations diverses, dans l’humilité, la douceur, la patience, la paix, dit la deuxième lecture (cf. Ephésiens 4,2).

En nous quittant d’une façon visible, Jésus ressuscité ne nous abandonne pas, il part sans nous quitter. Il nous confie la relève d’assurer sa présence, une présence réelle. C’est le temps de la mission, du témoignage, de la responsabilité.

« Pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? »

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