dimanche 14 juin 2015

Homélie 11e dimanche TO B 2015 -

Homélie 11e dimanche TO B  2015 -
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

Ezéchiel 17,22-24 ; Psaume 91 ; 2 Corinthiens 5,6-10 ; Marc 4,26-34

Dans un groupe de caté, au Carême, il y avait au programme la parabole de l’enfant prodigue. En commençant, j’ai eu l’idée (qui n’était pas très bonne !) de poser la question : « Savez-vous ce qu’est une parabole ? » D’un seul mouvement, toutes les mains se sont levées ! Tous avaient une réponse. « Et alors, c’est quoi une parabole ? » Et unanimement : « C’est pour regarder la télé ! Pour avoir les chaînes ! »

Si Jésus était là à notre époque, il aurait de quoi dire beaucoup de paraboles à partir de la parabole.

« Par de nombreuses paraboles, Jésus leur annonçait la Parole » (Marc 4,33) – c’est la fin de cet Evangile. C’était une façon de parler, avec des histoires du temps, des comparaisons, observations de la nature, pour faire comprendre des réalités qu’on ne peut pas enfermer dans des définitions de deux lignes.

C’est le cas du « Royaume de Dieu » que Jésus annonce : le Royaume, « c’est comme »… le semeur qui sème du grain,… c’est comme du levain qui fait lever la pâte,… c’est comme un trésor caché dans un champ,… c’est comme la semence jetée en terre et qui pousse toute seule, c’est tout petit mais ça devient un grand arbre.

Ce sont les deux paraboles que nous venons d’entendre.

Les grains, les semences, ont une énergie vitale intérieure qui les fait croître ; elles poussent sans nous, malgré nous parfois, et aussi avec notre aide pour préparer le terrain, le nettoyer, et donner un coup d’arrosoir quand c’est trop sec.

Mais on ne tire pas sur les haricots ou les salades pour qu’ils poussent plus vite.

Notre monde, nos vies, sont ensemencés de Dieu. Le Bien est en germe en chacun, mais l’ivraie, les mauvaises herbes, peuvent étouffer ces semences.

Le Royaume, le monde de Dieu, sa présence et tout ce qu’elle représente, c’est déposé en nous, en chacun, pour que ça se développe jusqu’à la moisson.

La deuxième parabole de cet Evangile nous dit que cette croissance, on ne la voit pas toujours : seulement quelque temps après. On voit surtout ce qui ne va pas - c’est souvent plus visible - et il arrive que l’on découvre, à un moment ou à un autre, que ces semences, ces grains de Dieu, ont grandi, qu’elles se voient et qu’elles font le bonheur de ceux qui profitent de leurs fruits et de leur feuillage, comme les oiseaux de notre parabole.

J’entendais des parents, l’autre jour, dire à propos de leur fils : « On ne l’a pas vu grandir. » On découvre à un moment qu’il est grand.

Cet Evangile nous appelle à la confiance : le Royaume de Dieu grandit dans l’invisible - c’est la deuxième lecture : « Nous ne sommes pas dans la claire vision, mais dans la foi » (2 Corinthiens 5,7).

Gardons toujours confiance en cette énergie ensemencée en chaque personne comme au cœur de l’humanité : elle grandit dans l’invisible mais notre regard, notre esprit, sont tellement pleins de tout ce qui ne va pas que, souvent, nous ne pouvons pas voir, apercevoir, deviner, cette petite fleur qui sort de la broussaille, ce petit arbre qui se fait une place dans les buissons.

Croyons aux germes, aux semences de vie, de justice, d’amour, de paix, de vérité, de recherche de fraternité ; soyons attentifs à ce qui naît, à ce qui pousse, à tout ce qu’on appelle – nous - des « petites choses », ces petits gestes, ces paroles, qu’on dit banals, ces actions qu’on croit inefficaces, ces présences qui semblent sans importance, ces regards qui nous paraissent être rien, ce temps apparemment perdu : ce sont des petites semences du monde nouveau de Dieu - qui est déjà là - appelées à grandir.

Le Père Congar, un des artisans du Concile Vatican II, écrit dans son journal : « Entre cent grammes de blé vivant et une tonne de bois mort, je n’hésite pas ! »

C’est vrai qu’on entend un arbre qui tombe, ça fait du bruit ; mais on n’entend pas la forêt qui pousse. On entend un pan de mur qui s’écroule – il y en a quelques-uns – mais on n’entend pas le blé qui lève dans le silence… Et pourtant, le Royaume de Dieu, c’est comme de la semence semée en nous et dans notre monde, pour le bien de tous.

A nous d’en prendre soin.

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