dimanche 26 juillet 2015

Homélie 17e dimanche TO B 2015

Homélie 17e dimanche TO B  2015
- Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

2 Rois 4,42-44 ; Psaume 144 ; Ephésiens 4,1-6 ; Jean 6,1-15

On n’a que ça ! Qu’est-ce que c’est pour nourrir tout le monde ? C’est rien ! Trois fois rien !

« Il nous faudrait l’équivalent d’au moins dix mille euros », dit Philippe.

Il nous faudrait beaucoup pour subvenir aux gens qui sont dans le besoin, pour vous aussi, amis du Togo, pour accueillir ces jeunes orphelins, les enseigner, leur donner un métier ; pour nous aussi, dans nos pays divers.

Cinq petites galettes, deux poissons : qu’est-ce que c’est ? C’est rien, rien !

« Rien, c’est rien ! Mais trois fois rien, c’est quelque chose ! », disait Raymond Devos.

« Et en plus, il y a du rab », dit Jean.

Jésus a les pieds sur terre. Il n’est pas venu habiter parmi nous pour faire semblant. Il voit tous ces gens  à qui il faut donner à manger. Il met Philippe et les autres dans le coup : « Où peut-on trouver du pain pour qu’ils aient à manger ? » (Jean 6,5)

Philippe a vite fait de calculer : plus de dix mille euros ne suffiraient pas. Pas question.

André a repéré un jeune garçon avec son sac à dos ; il avait emmené son pique-nique : cinq petites galettes et deux poissons grillés. Il est prêt à les donner. Mais qu’est-ce que c’est, pour tout ce monde ? Trois fois rien ; ça va être quelque chose !

Jésus souffle à l’oreille d’André de demander à ce jeune de lui apporter son casse-croûte.

Jésus reçoit le pas grand-chose de ce garçon, mais il en remercie Dieu, de ce peu ; sinon, il n’aurait rien pu faire !

Ce peu va permettre de nourrir tous ces gens. Le peu que nous avons, le peu que nous sommes, peut devenir beaucoup.

Jésus distribue ces pains et ces poissons. Saint Jean ne parle pas de multiplication des pains ! Jésus donne, distribue, ce que lui a donné ce garçon. Il y en a pour tout le monde ; ils mangèrent à leur faim ; et il y a du rab !

Jésus donne le peu qu’il a reçu.  C’est le don qui multiplie. Quand on donne, quand on partage, la générosité multiplie ; il y en a pour tous, et même il en reste pour ceux qui ne sont pas là !

Bien sûr qu’il ne s’agit pas seulement du pain du boulanger et des poissons du lac : le pain de la bonté, de la justice, de la paix, de la dignité de l’accueil.

Le peu donné par ce jeune garçon, c’est son geste qui fait boule de neige, comme une source qui, venue des entrailles du cœur, s’est répandue dans le cœur de tous.

Le pain non mangé, non partagé, rassit, durcit, moisit ; c’est vrai de tout pain qui peut nourrir notre être, notre vie ensemble, notre corps, notre cœur, les relations, l’attention aux autres…

Qu’est-ce que c’est pour tous ces gens ? Rien, trois fois rien !

C’est quelque chose !... « Oh, vous savez, on  n’a pas grand-chose… surtout : on n’est pas grand-chose ! »

Surtout « on n’est pas grand-chose » : justement, tu deviendras nourriture pour beaucoup si tu offres, dans les mains de Dieu, ce que tu crois être.

De nos trois fois rien, Dieu fait des trois fois saints pour tous, « pour rassasier avec bonté tout ce qui vit et donner à chacun la nourriture, toute nourriture, en temps voulu » (cf. Psaume 144,15-16).

Les petites galettes et les deux poissons de ce garçon sont devenus nourriture pour tous ; mais en fait c’est lui qui est devenu nourriture par le don qu’il a fait du peu qu’il avait, du peu qu’il était.

Même le peu que nous avons et que nous sommes, il nous est donné.

Ce don nous rend donnant à notre tour, pour être nous-mêmes, comme le Christ dans cette Eucharistie, nourriture, pain, vie, amour. Ces trois fois rien que nous croyons être peuvent être beaucoup si nous acceptons qu’ils passent entre les mains de Dieu.

 

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