dimanche 24 janvier 2016

Homélie 3e Dimanche C,

Homélie 3e Dimanche C,
Père Maurice Boisson - Carmel de Saint-Maur
 Lc 1, 1-4, 4, 14-21

Un petite Sœur du P. de Foucault, sœur Odette, tuée en Algérie en 1995, avait laissé dans sa poche un papier sur lequel étaient écrits ces mots  (je les ai cités aux sœurs ici) : « Le moment présent est une frêle passerelle, si tu le charges des regrets d’hier ou de l’inquiétude du lendemain, la passerelle cède et tu perds pied. Le passé, Dieu le pardonne, l’avenir, Dieu le donne. Vis le jour d’aujourd’hui. »

« Aujourd’hui, dit Jésus, s’accomplissent les promesses de Dieu que vous venez d’entendre. »

On a toujours un peu de mal, surtout à notre époque de grande vitesse en tout genre, de vivre le présent, l’aujourd’hui. On est de plus en plus projeté vers demain et après-demain, sans savoir d’ailleurs de quoi il sera fait, et en même temps on est raccroché par le passé… qui n’est plus.

Aujourd’hui, c’est le temps que Dieu nous donne, ici et maintenant. Ce sont les réalités, de notre vie, de nos activités, de nos relations, de notre situation… ça ne veut pas dire qu’on n’a pas à prévoir, bien sûr, ni à ne pas tenir compte du passé. Il s’agit de ne pas s’enfermer dans un passé, ni de rêver sans cesse un avenir qui n’est pas. C’est aujourd’hui, nous dit Jésus, que se réalisent les promesses de Dieu. Que nous avons à les réaliser, et pas à les rêver. Quand Jésus disait ces paroles, ceux qui l’écoutaient étaient marqués par l’histoire de leur peuple, et ils étaient dans l’attente de celui qui changerait leur situation. C’est moi, dit Jésus, et ces promesses d’avenir exprimées par les prophètes par le passé, elles se réalisent maintenant par des actes, des gestes de Bonne Nouvelle, de guérison, de libération, de lumière, aujourd’hui.

Quand Jésus prononçait ces paroles, il évoquait la situation de son temps, de l’aujourd’hui qui était le sien.

Comment nous réalisons, nous accomplissons aujourd’hui dans le temps qui est le nôtre cet aujourd’hui de Dieu ?

Le Pape François dans la lettre d’annonce de l’Année de la Miséricorde ; « Le Visage de la Miséricorde », commente ce passage d’Evangile de ce matin : « Aujourd’hui le Seigneur m’envoie porter la Bonne Nouvelle aux peuples, annoncer aux captifs la libération, aux aveugles la vue et aux opprimés la liberté. »

Je cite le commentaire du Pape François : « Dire une parole et faire un geste de consolation envers les pauvres, annoncer la libération de ceux qui sont esclaves des nouvelles prisons de la société moderne, redonner la vue à qui n’est plus capable de voir, car recroquevillé sur lui-même (…) C’est à nous aujourd’hui, de faire que cette Bonne Nouvelle soit de nouveau visible aujourd’hui, dans le témoignage des chrétiens » (N° 16). Nous avons besoin, dit encore François, de faire l’expérience concrète de la miséricorde, d’être une Eglise qui réchauffe le cœur des gens par son attention et sa proximité. »

C’est à chacun, et à nos communautés chrétiennes, de savoir qui, aujourd’hui, est pauvre, de quelles richesses il a besoin (pas toujours matérielles), de quelle lumière il a besoin, de quelle clef pour ouvrir son cœur, etc. C’est aujourd’hui, en particulier, dans la fragilité et les turbulences de notre temps, le temps favorable de la miséricorde, de prendre  modèle sur l’agir de Dieu envers nous, pour agir avec les autres : parole et gestes pour se relever, reprendre goût à la vie, reprendre la route… Plus on se rapproche de Dieu, de son agir, de ce qu’il est, plus on est utile aux autres. Plus on sera à même  de réaliser, aujourd’hui, dans le concret des réalités, le désir de Dieu sur nous, sur notre monde.

Ça ne veut pas dire qu’on ne se laisse pas envahir soi-même par l’obscurité qui traverse notre temps, et s’y engloutir, cette peur contraire à la Foi. L’Eglise vit dans le monde de ce temps, dans l’Aujourd’hui de sa vie, pas dans le passé, ni encore dans le Royaume totalement réalisé. Oui, l’Evangile, c’est aujourd’hui.

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