dimanche 3 janvier 2016

Homélie Epiphanie 2016 -

Homélie Epiphanie 2016 -
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

Isaïe 60,1-6 ; Psaume 71 ; Ephésiens 3,2-3a.5-6 ; Matthieu 2,1-12

Quelle surprise ! Et quel étonnement ! Pour ce petit monde de l’étable, voir arriver de grands messieurs ! Les pauvres bergers côtoient des savants ; Joseph et Marie accueillent des chercheurs d’un Roi ; le Bébé fait risette à ces grands personnages ; les animaux se frottent à leurs beaux habits…

Pensez donc ! Et tout cela non pas dans un palais protégé par des gardes, mais dans un abri d’animaux ouvert à tous vents…

Cette fête de l’Epiphanie fait entrer la diversité du monde dans l’intimité de la crèche, et dans notre propre cœur. Avec ces astrologues venus des bouts du monde, c’est Dieu - dans l’enfant de la crèche - qui tend ses bras au monde.

Marie pourra raconter un jour à son grand garçon qu’avec ces hommes, tout l’univers s’est rassemblé sous son étoile, et c’est pour eux tous qu’il est venu.

Les mages viennent de loin, guidés par une étoile ; Joseph et Marie sont de passage ; les bergers sont tout près, dans les champs à côté, et ils sont guidés eux aussi par une étoile, une lumière.

Le monde franchit l’entrée, la porte qui donne accès à la Lumière, à la Paix, à l’Amour.

Osons-nous franchir la porte de la crèche - que nous venions de loin ou de tout près – pour, à notre tour, oser ouvrir la porte de nos crèches intérieures - là où Dieu naît - à ceux qui cherchent un peu de lumière, de paix, de chaleur, de bonté ?

Melchior, Baltazar, Gaspard – on les appelle comme ça – sont à la recherche d’un roi qui vient de naître. Ils désirent le voir. Ils ont préparé les cadeaux. C’est une étoile qui les met en route - une étoile pas tout à fait comme les autres, qui attire leur attention. Ils pressentent qu’elle est porteuse d’un signe particulier. Ce sont aussi des devins. Ils se laissent guider par elle.

Quelle étoile intérieure nous met en route et nous guide ?

Quelle est notre recherche intérieure, notre désir profond de lumière ?

« Les gens ont des étoiles qui ne sont pas les mêmes », dit le Petit Prince.

Quelle est notre étoile, qui traverse nos cieux intérieurs, nos nuits et nos aurores, pour nous indiquer l’étable de Dieu et nous y guider ?

Ils cherchaient un roi, nos savants ; ils arrivent - c’est normal - dans la capitale, au Palais du Roi Hérode, et pas dans un abri d’animaux. Mais voilà qu’à ce moment ils ont perdu la trace de l’étoile. Elle ne brille plus, au-dessus du Palais d’Hérode, parce que, là, ce sont les ténèbres : la jalousie, la ruse, la cruauté, la méchanceté d’Hérode, qui a peur de cet enfant et qui veut le tuer.

Les obscurités du cœur, ça éteint les étoiles. Les lumières artificielles, qui éblouissent sans éclairer, empêchent de voir les étoiles.

Ils la retrouvent, cette étoile, en quittant Hérode. Elle les guidait de nouveau et, en la voyant - dit le récit - « ils se réjouirent d’une grande joie » (Matthieu 2,10). Retrouver l’étoile intérieure est source de joie. Il peut nous arriver de perdre la trace de la lumière - ça peut arriver à tout le monde - quand nos vies sont dans le brouillard, quand nous nous laissons éblouir par l’apparence et le faux, quand nos yeux et notre cœur se ferment à la lumière de la Vérité, de la Paix, de l’Amour.

Oui, il peut nous arriver de perdre la trace, le repère, la direction de l’étoile, mais elle, elle ne nous perd jamais. Elle nous retrouve quand nous reprenons la route, quand nous ouvrons notre cœur et nos yeux, nos bras ; elle est toujours là, pour nous guider et repartir. C’est l’étoile de Noël, de l’Epiphanie, la petite lumière de Dieu, invincible, qui éclaire le cœur humain - l’étoile de tous les jours – « Christ est lumière ». Elle a conduit nos trois hommes au bout de leur recherche, de leur désir, de leur attente ; peut-être avec des détours !

Ça doit faire drôle, pour ces savants, de se retrouver dans une étable en cherchant un roi, et là, d’y trouver celui qu’ils cherchaient. C’est aussi souvent le chemin de nos vies. Ils n’étaient pas déçus – ils ouvrent le sac de cadeaux – le meilleur d’eux-mêmes. Se vérifie cette expérience du psaume : « Ceux qui te cherchent, Seigneur, ne seront pas déçus ».

En ces jours de vœux, souhaitons que luise dans nos cœurs, dans nos vies, dans notre vie ensemble, dans ce monde, l’Etoile du Christ. Qu’elle éclaire nos routes. Même si parfois on l’a perdue de vue, elle ne nous quitte jamais.

Et si on était des petites étoiles les uns pour les autres, même toutes petites – reflets de l’Etoile du Christ – on pourrait faire naître beaucoup d’étoiles.

Bonnes étoiles ! – Bonne année !

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