samedi 19 mars 2016

Homélie Solennité de Saint Joseph 2016

Homélie Solennité de Saint Joseph 2016
Carmel de Saint-Maur – P. Maurice Boisson

Chaque matin, en arrivant au Carmel, après avoir franchi le portail, c’est saint Joseph qui m’accueille : on est contents de se voir, l’hiver, dans la nuit encore épaisse, dans le brouillard ou sous la neige, sa silhouette blanche se devine dans la lumière des phares de l’auto. A la belle saison, discrètement, elle prend sa place dans la douce naissance du printemps, dans le vert feuillage de l’été, et les ors de l’automne. St Joseph, le veilleur des quatre saisons. De la présence permanente. Bonjour St Joseph ! On  aimerait tant se parler, ces matins-là… Mais on se comprend… dans le silence.
Joseph le silencieux, « comme la terre à l’heure de la rosée », dit si bien Claudel, un silence fécond, parlant, tendre, rafraîchissant et nourrissant, beau comme les perles de rosée.

Dans les Évangiles, on ne rapporte aucune parole de lui, on dit de lui que lorsque Marie enfante un fils, il l’appelle du nom de Jésus… tout est dit ! Le silence de Joseph, il fait du bruit… intérieur, pas du vacarme extérieur, … un « fin silence » ; comme le murmure de la brise légère du passage de Dieu près d’Élie, ce même murmure dans la conscience de Joseph : « N’aie pas peur de prendre chez toi ton épouse, Marie… L’enfant qu’elle porte vient de l’Amour de Dieu… tu vas prendre soin des deux et faire grandir le fruit de ton amour.
Joseph, le silencieux et aussi l’écoutant, ça va ensemble. « Il fit ce que le messager du Seigneur lui avait demandé. » Une histoire sans parole, sinon celle d’un cœur qui écoute une présence, et la rend réellement présente.

Pour écouter, pas entendre, mais écouter, il faut faire silence en soi. Écoute, Israël. Le silence, l’écoute, et la réponse des actes, c’est le langage que Dieu préfère, c’est sa langue, c’est celle de Joseph, des humbles, des grands de cœur.
C’est pour ça que les gens aiment bien saint Joseph. Il est à notre portée, on ne peut pas tous faire comme Mère Thérèse, Sr Emmanuelle, on peut être comme Joseph, comme Marie. Comme Joseph dans son atelier, comme Marie, allant chercher l’eau à la fontaine. Chacune, chacun de nous, à notre place, dans notre quotidien, on peut permettre que se réalise un peu, le désir, le projet de Dieu, ce que le murmure intérieur de la Parole de Dieu nous demande… Il nous apprend d’abord à écouter, et à  pouvoir dire : Je veux bien essayer de faire ce que tu dis, avec ta grâce. Je pense que si Ste Thérèse d’Avila s’est prise d’affection pour St Joseph, ou de dévotion, si vous préférez ce mot, il y a entre elle et Joseph un lien de proximité, d’amitié, de confiance. C’est que Joseph résume en lui et notre expérience humaine, au ras des pâquerettes, celle de tous et du quotidien, et le crédit qu’il a auprès de Dieu, selon l’expression de Thérèse, de par sa simplicité paisible, d’écoute, de responsabilité, de discernement.

C’est quand même étonnant, en tout cas pour moi, qui ne suis pas de l’intérieur du Carmel, d’entendre Ste Thérèse : « Que celui qui n’a pas de maître pour lui enseigner l’oraison, prenne ce St Joseph comme guide, il ne risque pas de s’égarer. » Joseph, guide de l’oraison, pour ne pas s’égarer dans cet exercice. En essayant de voir pourquoi elle disait cela. Je crois qu’en effet, St Joseph dans son attitude et ses dispositions intérieures, sans discours, est à l’essentiel : écouter, dans le silence intérieur fécond, faire ce qu’il murmure au plus intime de nous-mêmes, aller dans la confiance, les pieds bien sur terre, et sur cette terre qu’est notre existence, celle d’enfants de notre monde, le Cœur aimant concrètement, dans les situations de la vie, dans ce qu’il a vécu avec Marie,… la raison juste, droite, de bon sens et efficace, … tout cela, dans les questions, les doutes, les épreuves, les choix… « N’aie pas peur de prendre chez toi Marie ton épouse… Il fit ce que le Seigneur lui avait demandé…
En redescendant tout à l’heure, Joseph, notre ami, st Joseph, on se fera encore un salut et un clin d’œil… en silence, bien sûr ! Un silence qui parle… au cœur.

Continue de veiller sur nous et Bonne fête !

Aucun commentaire: