jeudi 17 mars 2016

Pourquoi ces rameaux en mains ?

Dimanche prochain, célébration des Rameaux et de la passion du Seigneur pour ouvrir la grande Semaine Sainte. Nous rappelons l’entrée de Jésus à Jérusalem et son amour, lui qui n’a pas refusé de souffrir pour nous donner la vie. Le Jour du Seigneur vous emmène chez les Fraternités monastiques de Jérusalem, au cœur de Paris, dans l’église Saint-Gervais-Saint-Protais. La liturgie y est à la fois intime et rayonnante. Comme dans toutes les églises de France, il y aura la bénédiction et la procession des Rameaux.
Ce rite qui était déjà pratiqué au 3e siècle, à Jérusalem, n’est entré dans notre liturgie romaine que vers le 10esiècle. Pendant longtemps, en Occident, on a surtout médité la passion du Christ, déjà une semaine avant Pâques. Et c’est plus tard que l’on a pris l’usage de l’Orient : une longue procession avec des palmes ou des branches vertes. Elle est venue se placer avant la lecture de la Passion. Ce que nous connaissons aujourd’hui.
Au-delà de la bénédiction des Rameaux, ce qui est important, c’est de se mettre en marche. Car il s’agit de vivre la Semaine Sainte comme un pèlerinage, c’est-à-dire un retour aux sources de notre vie. Avec les Rameaux en mains, nous acclamons Celui qui est la source de notre vie : le Christ. Rameaux en mains, nous manifestons que c’est dans sa mort que nous trouvons la vie. Nous acclamons le Christ qui va vers sa mort, mais surtout vers sa vie et notre vie. Nos vies cabossées, nos souffrances, nos péchés, nos deuils et nos peurs de la mort, nous les mettons en marche derrière lui.
Quand nous élevons nos Rameaux et suivons le Christ qui passe au milieu de nous, nous disons qu’il est comme un roi. Un roi sans faste. Un chef sans abus de pouvoir. Un Sauveur au grand cœur à qui nous avons envie de dire : « Maître, que dois-je faire ? » Dans la pratique, nous savons que nos intentions sont souvent bonnes, mais nous laissons parfois tomber ces bonnes intentions sur le chemin. Le pèlerinage va nous faire regarder en face ce dont nous ne sommes pas fiers. Parce que nous avons acclamé le Christ qui entre dans nos vies monté sur un ânon, pour aller jusqu’au fond de notre histoire, jusqu’au fond de notre cœur. Notre cœur, c’est notre Jérusalem à nous…
Mais après avoir acclamé Jésus, voulions-nous aussi crier : « Crucifie-le ! » ? Bien sûr que non. Mais nous le faisons, pourtant. L’Evangile selon saint Jean rapporte un échange entre Jésus et certains qui croyaient en lui(Jean 8, 31-42). J’entends qu’il leur dit : « Avez-vous été prêts à faire la vérité sur vos désirs ? N’avez-vous pas gâché votre liberté ? Ma parole a-t-elle vraiment trouvé sa place en vous ? Acceptez-vous vraiment que Dieu soit votre Père ? » C’est qu’il y a de notre part des refus obstinés, qui crient : « Crucifie-le ! Laisse-nous tranquilles ! ».
La liturgie des Rameaux, ce n’est pas la course à un trophée béni. Les rameaux, c’est notre vie elle-même que nous portons et présentons à Dieu : « Bénis-la, Seigneur, notre vie ! Rends-la libre ! Fais-nous aimer la vérité, même si nous y laissons des plumes. Nous voulons être tes enfants bien-aimés et qui t’aiment ! »
Traditionnellement, au début du Carême, nous recevons les cendres qui ont été faites en brûlant les rameaux de l’année précédente. Ces cendres représentent la fragilité de notre vie et son humilité. Mais à présent, avant Pâques, ce sont les rameaux verts que nous portons. En les portant, nous exprimons que notre vie est belle et qu’elle veut s’associer à la victoire de Dieu sur notre mort. Dans votre église ou devant votre télévision, dites-vous que ces rameaux représentent votre vie. Et Dieu la bénit !

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