lundi 18 juillet 2016

Homélie 16e dimanche Temps Ordinaire

Homélie 16e dimanche Temps Ordinaire
Carmel de Saint-Maur  - P. Maurice Boisson

Textes : Gn 18, 1-10a ; Ps 14 ; Col 1, 24-28 ; Lc 10, 38-42
Comme le Samaritain de dimanche dernier, Marthe et Marie ont, elles aussi, traversé les siècles et les frontières. Elles sont toujours bien vivantes et d’actualité, en chacune de nous. Elles en font dire, des paroles, pour justifier ou opposer nos manières de vivre : nous réaliser dans l’activité débordante qui peut nous faire fuir de nous-mêmes, ou nous désintéresser des tâches matérielles qui nous font décoller des réalités de la vie. « Heureusement qu’il y a Marthe et des Marthe ! Sinon, qu’est-ce qu’on mangerait à midi ! » Jésus lui-même en a bien profité, de ces bons repas, dans la maison de Béthanie… Et pourtant ! Il n’y a pas que les choses matérielles qui comptent ! On a besoin de nous arrêter, de réfléchir, de prier, de nous poser dans le tourbillon de la vie ! Marthe, Marie, que l’on étiquette trop vite ! « Marthe au fourneau, Marie au salon » !

Elles sont chacun, chacune de nous, en nous, pour nous rappeler l’essentiel : le message de Jésus de ce Dimanche.
L’impatience de l’accueil, de prendre le temps de la disponibilité, d’écouter, de nous asseoir, et le temps de prendre soin, de réconforter… c’est notre Samaritain de dimanche dernier : il voit, il s’arrête… il prend soin, tandis que les autres, occupés a leurs affaires, passent leur chemin.

Jésus ne fait pas de reproche a Marthe. Par deux fois, il l’appelle, dans une douce proximité : Marthe, Marthe… comme pour l’apaiser dans son agitation : « Marthe… Ne fais pas compliqué ! » Dans le texte original, traduit par « tu te donnes du souci, tu t’agites pour bien des choses ! Ne fais pas compliqué », pour prendre le temps d’être avec nous, assieds-toi, 5 minutes, j’ai des choses importantes à partager… Et Dieu sait- c’est le cas de le dire- si Jésus, ce jour-là, avait besoin de se confier, pensant à ce qui allait lui arriver. Il ne voulait pas faire de sermons ! Cette maison de Béthanie était un endroit de paix, d’amitié, de réconfort… Dans les moments difficiles, on a besoin d’écoute, de confiance… Marie, assise, écoutait sa parole. Saint Jean dans son Évangile, nous dit que « Jésus aimait Marthe, et sa sœur, et Lazare (11,5). »
Bien sûr que les affaires matérielles, c’est important. On ne peut pas les négliger. Jésus ne dit pas le contraire. Il ne s’agit pas de jouer aux anges ! On sait ce que ça donne… Votre Mère sainte Thérèse, mes sœurs, dit des choses importantes sur le sujet. Quand elle parle des casseroles, je crois, ou qu’elle dit que les sœurs qui préparent le repas s’estiment heureuses de servir comme Marthe ! Jésus nous invite toujours à la même vigilance : qu’est-ce qui est essentiel, premier, dans ta vie… Par quoi tu te laisses prendre, accaparer, au point de ne plus écouter, de ne plus prier, de ne plus savoir t’arrêter pour te retrouver toi-même, retrouver l’Autre, l’autre. La vie d’aujourd’hui nous entraîne dans une accélération qu’on a parfois du mal à maitriser. On est pris, très pris, occupé comme on dit d’un téléphone qu’il est occupé, « pas joignable ». La disponibilité intérieure peut se boucher, cette meilleure part dont parle jésus, le meilleur de nous-même, pour nous-même, pour les autres, pour Dieu, pour vivre, et pour quoi ?

Un compagnon de saint Bernard était devenu Pape- Eugene. Quand on est Pape, on doit être très occupé. Saint Bernard lui écrit avec fermeté : « J’ai peur qu’au milieu de tes occupation sans nombre, tu finisses par t’y faire et t’endurcir le cœur au point de ne plus en ressentir les dangers : un cœur fermé à l’amour de Dieu et des hommes… si tu te laisses absorber entièrement dans les occupations, sans rien réserver de toi-même ! » Puissions-nous unifier et pacifier nos vies en étant à la fois Marthe et Marie : offrir, sans rien opposer, a la fois notre cœur, nos oreilles… et nos mains, et nos bras, offrir l’amitié et la table… Les fleurs et le pain, le dévouement de Marthe et l’écoute de Marie… chercher l’essentiel, la meilleure part de nous-mêmes.

 

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