dimanche 6 novembre 2016

Homélie 32ème dimanche C



Homélie 32ème dimanche C
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson  

                La veille de la Toussaint, un journal titrait ainsi : « La mort ? Et après ? Et après  tout ! »… Bien des gens s’interrogent sur l’au-delà. Et après ? Et puis, après, peu importe après tout ! Si les questions sont nombreuses, les réponses qui sont données sont diverses.
                Et après ? Il n’y a rien, néant, terminus…
                Il y aurait quand même bien quelque chose, on ne sait pas quoi, une vague destination vers un inconnu. 
                Certains aussi croient qu’ils vont se réincarner dans une ou plusieurs existences successives, dans le monde animal, végétal…
                Un courant de pensée voit le jour actuellement montrant que l’être humain pourrait, ou pourra ne pas mourir par la grâce de la science et de la technique, qui iront au-delà des limites humaines. 
                Il y a notre foi chrétienne au Christ ressuscité : nous croyons que la mort est un passage vers la Vie, une vie autre, heureuse, totale, remise à neuf, pour toujours.
                Ce n’est pas le moment de développer tous les essais de réponses à ces questions de l’après. 

                Cet Évangile est tout à fait d’actualité. Y-a-t-il une résurrection ?
Il n’y en a pas, disent les sadducéens à Jésus. « Ils soutiennent qu’il n’y a pas de résurrection » nous dit Luc. Mais pour le démontrer, ils présentent un cas complètement farfelu à Jésus : cette histoire de la femme aux 7 maris successifs qui meurent l’un après l’autre sans laisser de descendance. La Loi de Moïse demandait que si un homme a un frère qui meurt en laissant son épouse sans enfant, il doit épouser cette veuve pour assurer une descendance. On sait toute l’importance que représentait le fait d’avoir une descendance. Les 7 maris meurent. La femme aussi. Ouf ! Alors, disent les sadducéens qui veulent piéger Jésus : s’il y a une résurrection, duquel des 7 sera-t-elle la femme ? On est en plein délire ! En fait, ce n’est pas très loin de certaines questions actuelles ! Et après ? Est-ce que je vais ressusciter avec mes rhumatismes ? Faudra-t-il que je me retrouve avec ce voisin ou cette voisine qui m’énerve ? Surtout pour l’éternité !
                Jésus ne se laisse pas piéger en apportant des précisions sur la situation de cette femme ou si nous continuerons de porter des lunettes… Il réaffirme que nous vivrons : Nous aurons « part au monde à venir et à la résurrection d’entre les morts, nous serons semblables aux anges ». Ça, c’est une bonne nouvelle ! On va respirer un peu ! Notre vie sera autre, nous serons nous-mêmes autrement. Ce sera du neuf et pas seulement une simple prolongation de notre vie ici-bas. Pour prendre quelques exemples : le beau papillon ressemble-t-il à la chenille dont il est issu ? Pourtant, c’est le même dynamisme de vie. Sainte Thérèse d’Avila a de très belles pages sur ce thème. La belle tulipe qui sort au printemps, est-elle la même que le bulbe mis en terre à l’automne ? Pourtant, c’en est la continuité. Le bel épi de blé, bien doré de juillet, a-t-il quelque chose à voir avec le grain pourri en terre de l’hiver ? Pourtant, c’est la même puissance de vie !
                Aux sadducéens refusant la résurrection et se référant à la Loi de Moïse, Jésus répond en s’appuyant sur Moïse, disant : « Le Seigneur n’est pas le Dieu des morts mais des vivants. » L’être humain, nous, nous sommes faits pour la vie et non pour la mort ! Dieu est la source de la Vie, il la donne ! Ce n’est pas pour la reprendre ou la détruire, mais pour l’accomplir pleinement, totalement. « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant » dit Saint Irénée de Lyon. La question de l’après, c’est celle de maintenant et d’ici. Que fais-tu de la vie qui t’est donnée ? Aujourd’hui et ici, qu’est-ce que tu sèmes, qu’est-ce que tu cultives, en toi, avec les autres, avec Dieu, qui ne pourra jamais mourir, qui fera que tu ne mourras pas ? Que tu ne pourras plus mourir, dit notre Évangile, même si tu dois faire le passage incontournable d’une certaine mort. 

                Et après ? Ça dépend de nos choix de vie : Dieu nous dit: « Je mets devant toi la vie et la mort. Choisis la vie et tu vivras. » (Dt 30,19) Choisir la vie, c’est choisir d’aimer, comme le Christ, mort et ressuscité. Mourir, ce n’est pas cesser de vivre, c’est cesser d’aimer. On peut déjà être mort en étant vivant. 
                Puissions-nous dire, comme Thérèse de Lisieux : « Je ne meurs pas, j’entre dans la Vie », confiants en cette parole de Jésus : « Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. » (Jn 10,10)


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