dimanche 4 décembre 2016

Homélie du 2ème dimanche de l’Avent, année A



Homélie du 2ème dimanche de l’Avent, année A
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson  
                 Si vous le voulez bien, je vous propose de nous arrêter quelques minutes à la prière d’ouverture de ce deuxième dimanche de l’Avent : une des plus belles prières de l’année, réaliste, prenant en compte nos préoccupations, nos soucis présents, demandant une grâce, un don essentiel : l’intelligence du coeur. Elle nous invite en ce temps de l’Avent, à nous laisser habiter par l’Esprit et les dons de la venue du Christ, en particulier celui de la Paix en nous-mêmes, avec les autres, pour être réellement non seulement des pèlerins de Paix qui la cherchent, qui l’accueillent mais surtout des artisans de Paix, qui la font concrètement. 
                Ces prières qui ouvrent la célébration de l’Eucharistie peuvent parfois échapper à notre attention… et à notre prière… Reprenons celle d’aujourd’hui : « Seigneur tout puissant et miséricordieux, ne laisse pas le souci de nos tâches présentes entraver notre marche à la rencontre de ton Fils, mais éveille en nous cette intelligence du coeur qui nous prépare à L’accueillir et nous fait entrer dans Sa propre vie. »


                Arrivant à la messe, nous sommes là simplement, devant Dieu, miséricordieux, accueillant, plein d’attention. Nous arrivons avec ce que nous sommes, nos soucis de la semaine, nos préoccupations, nos joies, nos tâches présentes, ce qui nous a marqués -santé, famille, travail, relations, avenir, fins de mois, choix à faire, informations sur la vie du monde… C’est ce que nous offrons au Seigneur par le pain et le vin, fruits du travail des hommes, signes de ce qui fait nos vies et la vie du monde et qui deviendront le corps du Christ. Dans notre prière, nous ne demandons pas à Dieu de nous débarrasser de tout cela, - c’est la vie - mais de ne pas nous laisser dominer, enfermer, envahir par ce qui nous empêcherait de rechercher les biens essentiels. 

                « Éveille en nous l’intelligence du coeur ! » Éveille, suscite, provoque en nous cette qualité intérieure à discerner, dans tous nos soucis et préoccupations ce qui est essentiel et ce qui l’est moins ou pas du tout. 
                L’intelligence du coeur est une grâce, un don à demander pour mener notre vie dans ce qui nous sollicite au quotidien et qui, parfois, peut nous faire oublier le pourquoi et le sens de nos tâches présentes. Le don de l’intelligence du coeur n’est pas un tas de connaissances intellectuelles, c’est une capacité intérieure qui nous permet d’évaluer à sa juste mesure ce qui arrive, ce que nous avons à faire, ce qui nous accapare : ce qui compte, ce qui vaut, ce qui est premier, ce qui a du poids, ce qui est le mieux, le meilleur, le plus dit Saint Ignace.
                « Apprends-nous la vraie mesure de nos jours, de nos préoccupations » (Ps39,5), c’est ce qu’exprime la première lecture en parlant de l’Esprit du Seigneur à accueillir en ce temps de l’Avent : « Esprit de sagesse et de discernement ». Cet esprit est une qualité intérieure de pouvoir sentir, démêler, peser où est le bien véritable. Il est aussi la force intérieure de réaliser, ou plus humblement, d’aller dans la direction de ce qui nous apparaît le meilleur et le mieux. L’intelligence du coeur ne se trouve pas dans un distributeur automatique : « Éveille en nous », ça se demande dans la prière, se nourrit dans la confrontation à la Parole de Dieu, à l’Évangile et surtout se vérifie dans notre relation aux autres et à nous-mêmes. 

                Demandons cette grâce de l’Avent : « Seigneur miséricordieux, ne laisse pas le souci de nos tâches présentes entraver notre marche à la rencontre de ton Fils, mais éveille en nous cette intelligence du coeur qui nous prépare à L’accueillir ! »… Et à nous accueillir les uns les autres.

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