jeudi 16 mars 2017

Homélie du 2ème dimanche de Carême – Année A



Homélie du 2ème dimanche de Carême – Année A
Carmel de Saint-Maur. Père Maurice Boisson

La Transfiguration du Seigneur ou « les clins d’œil du Seigneur dans nos vies »

Ces jours, primevères, crocus, jonquilles et autres bourgeons sont apparus. Clin d’œil de la nature. « Nul hiver ne désespère qu’un printemps nouveau renaisse » (hymne de Claude Duchesneau)
               
Dans les flots, souvent boueux, des informations : des actions, des gestes de bonté, de justice, de solidarité arrivent  à émerger. Clins d’œil d’humanité, signe que tout n’est pas tout moche, perdu. Le bon, l’humain, la justice sont possibles.
Rencontrer un ami, Bernard, qui traverse un passage difficile, et voir son visage et ses yeux transfigurés de lumière et de sourires parce qu’il s’en sortait enfin ! Clin d’œil de la vie : des chemins s’ouvrent dans ce qui apparaissait bouché.

Sommes-nous attentifs, dans notre vie, aux clins d’œil de la grâce de Dieu, nous indiquant que les hivers, les brouillards, les nuées sombres ne sont pas les derniers mots de la vie ?
Sur la route de Jérusalem, chemin faisant, Jésus confie à ses amis ce qui les attend au bout de cette route : procès, souffrance, mort… Dans la tête et le cœur de ses amis qui marchaient avec lui, c’est l’incompréhension, le refus, la peur, la colère… « On n’a pas suivi un Messie libérateur pour que ça finisse comme ça ! » Le silence est lourd, pesant, Jésus le sent.
A un moment donné, sur la droite, un sommet… Jésus quitte la route, prend le sentier qui y conduit, et appelle avec Lui Pierre, Jacques et Jean, les amis de la première heure. Ils montent, à l’écart, prendre un peu de hauteur. Quand tout se brouille, que ça devient noir dedans parce que noir dehors, on a besoin de prendre du recul, du calme, à l’écart, un moment d’intimité avec soi-même, qui permet d’accueillir une lumière de Dieu, à travers les nuées sombres, pour que celles-ci deviennent lumineuses. Et, en-haut, le voici le lumineux clin d’œil de Dieu : Ce Jésus, sur la route qui le conduit à la mort, est transfiguré, rempli de lumière. Ses amis le voient autrement : c’est bien Lui et ce n’est pas le même. Il est rayonnant de lumière. Quand nous vivons quelque chose de fort en nous-même, de bonheur ou de souffrance, cela se voit… sur notre visage !

La nuée devient lumineuse, elle laisse passer la voix de Dieu, du Père : « Celui-ci est mon fils bien aimé, écoutez-le ! » Alors, s’il le reconnaît comme son Fils, le Père ne le laissera pas tomber, il lui donnera raison au final. Clin d’œil de Dieu indiquant que le terme ne serait pas la souffrance ni la mort, mais la lumière et la vie. Clin d’œil de la Résurrection, que Jésus traduit envers ses amis : il s’approche d’eux, les touche et leur dit : « Relevez-vous et n’ayez pas peur ! » N’ayez pas peur de la suite ! Ils en avaient besoin, ces 3 ami, de ce signe, pour leur redonner courage, pour qu’ils tiennent bon dans les moments difficiles, pour qu’ils soient rassurés sur l’aboutissement de la route qu’ils venaient provisoirement de quitter. Plus tard, le cœur  tout brûlant, ils se rappelleront le visage transfiguré, et ils reconnaîtront dans  le visage défiguré, le visage ressuscité. C’est bien souvent après coup, que l’on comprend les évènements et ce qui se passe : « Nos cœurs n’étaient-ils pas tout brûlants, lorsqu’il marchait avec nous vers cette auberge ? »  (cf Lc24,32)

Quelle expérience de l’itinéraire de nos propres vies ! Ce visage de Jésus marqué des traits du Père, façonné des morsures et des caresses de la vie, de la sienne et de celle de ses frères et sœurs humains. Ce visage, il nous est présenté en ce dimanche de Carême, visage rayonnant de lumière, transfiguré, annonçant le visage ressuscité, le même et tout autre, pour que nous sachions ce que deviendront nos propres visages, nos propres existences, notre monde. Les clins d’œil sont habituellement discrets et de connivence, ceux de Dieu nous font un petit signe de ce que sera notre avenir, de ce qu’est notre présent, par-delà les traversées difficiles.
C’est possible d’espérer. Quand, sur nos routes menant à Jérusalem, l’obscurité, la fatigue, l’incompréhension, le mal, les évènements, la peur nous mordent le cœur et la raison, ne manquons pas ce petit sentier qui nous conduit provisoirement un peu plus haut, pour voir un peu plus loin, avant de reprendre la route. Ne manquons pas le clin d’œil de Dieu, qui nous donne rendez-vous vers la lumière, la paix intérieure, l’espérance. Il nous rappelle ce que nous entendrons tout à l’heure dans la Préface : sur la montagne, « Il nous révélait que sa Passion le conduirait à la Résurrection. »

Il n’y a pas de Vendredi Saint sans matin de Pâques !

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