dimanche 26 mars 2017

Homélie du 4ème dimanche de Carême – Année A



Homélie du 4ème dimanche de Carême – Année A
Carmel de Saint-Maur – Père Maurice Boisson

                4 étapes marquent, jusque-là, notre route de Carême avec Jésus. Nous sommes partis au désert, le lieu du combat intérieur avec les forces du mal, lieu du regard et du choix vers l’essentiel. Arrivés sur la montagne de la Transfiguration, nous voyons plus loin que l’immédiat. Après l’obscurité et la nuit, vient le jour. Après le Vendredi Saint, apparaît l’aube de Pâques.
                C’est près du puits que nous nous sommes arrêtés dimanche dernier, avec Jésus et une femme de Samarie venue chercher de l’eau, de l’eau vive. « Celui qui boira de cette eau, n’aura plus jamais soif… Si tu savais le don de Dieu » (Jn 4).

                Et nous voici, aujourd’hui, en compagnie d’un aveugle de naissance, au bord de la route. Quelqu’un qui cherche de la lumière, n’est-ce pas nous, notre société, qui cherchons tant à voir clair ?!

                En passant, Jésus vit cet homme que personne ne voyait plus, tant il faisait partie du paysage, à mendier au bord de la route. Il mendie, mais il ne demande rien à Jésus, pas même de le guérir. Jésus voit les yeux de son cœur cherchant la lumière.
Il lui rend la vue. C’est le don de la lumière. Jésus, lui-même « La vraie Lumière qui éclaire tout homme en venant dans le monde » (Jn1,9), il ne veut pas laisser cet homme dans la nuit, non seulement il est « La Lumière », mais il fait la lumière. Sur ce non-voyant, comme sur nous (souvent non-voyants du dedans), Jésus refait le geste premier de la Création, il reprend le geste du Créateur : il crache par terre, fait de la boue avec sa salive et la poussière du chemin, il en recouvre les yeux de l’aveugle. « Va te laver ! » lui dit-il. Quand il revint, il voyait. Il était tout autre. Les gens avaient du mal à le reconnaître. Pourtant, il était le même, il disait : « C’est bien moi ! » Lui aussi était transfiguré, éclairé de l’intérieur, comme la samaritaine, apaisée dans ses désirs et sa soif.

                « Y voir plus clair », comme on dit, nous fait revivre. « Je revis, j’y vois plus clair ! », dans ma vie, dans mes soucis, ma situation etc… On a tellement besoin de lumière à l’intérieur de nous-mêmes, comme dans les évènements extérieurs. Cette lumière nous mène dans les profondeurs des évènements, de nous-mêmes, où nous rejoignons la Lumière de Dieu et les petites lumières des autres.

                Ceux qui accompagnaient Jésus se perdaient dans des explications, des théories qui enfermaient cet aveugle encore plus dans la nuit, celle de son passé (s’il est né aveugle, c’est que quelqu’un a péché ! Lui ou ses parents ?). « Ni lui, ni ses parents » répond Jésus. Ce n’est pas le problème. Ce genre d’explications ou de théories servent souvent de bonnes raisons pour ne rien faire et empêchent d’aller à l’essentiel. Jésus, lui, ouvre un présent, un avenir : « Il voyait », il voyait non seulement les choses et les gens mais bien  au-delà. Ses yeux, son esprit, son cœur s’étaient éclairés pour reconnaitre qui était celui qui l’avait guéri. « C’est toi, Seigneur ! » « Je crois, Seigneur ! »

 En cette étape, au bord de la route, comme au bord du puits, comme dans nos déserts,  laissons le Seigneur emplir nos cœurs de lumière. Pas d’une lumière qui éblouit, celle-là, elle aveugle. Mais de la douce et sûre Lumière qui éclaire nos pas, qui nous donne et nous redonne la vision intérieure dans les traversées obscures. « Christ, lumière intérieure », atteins jusqu’à l’aveugle en moi, touche mes yeux afin qu’ils voient … au-delà du visible, cette légère et douce clarté annonçant le jour !

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