lundi 3 avril 2017

Homélie du 5ème dimanche de Carême – Année A



Homélie du 5ème dimanche de Carême – Année A
Carmel de Saint-Maur – Père Maurice Boisson

                Ce matin, nous voici arrivés dans un village : Béthanie, à environ 3 kms de Jérusalem. Là, habitent deux sœurs, Marthe et Marie, et leur frère Lazare. Jésus aimait s’arrêter dans leur maison, y prendre un repas, se reposer, partager dans l’amitié ses soucis, ses rencontres, sa mission…Cette maison est un lieu d’une grande amitié et d’une grande tendresse, nous dit Saint Jean : « Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare. » Les deux sœurs font dire à Jésus : « Celui que tu aimes est malade ». Lazare meurt. Jésus se rend à son tombeau. Quand il vit que Marie pleurait, il fut saisi d’émotion alors « il fondit en larmes », dit le mot grec. Et ceux qui était là disaient : « Voyez comme il l’aimait ! »
Jésus est « cet homme plein d’humanité qui a pleuré sur son ami Lazare. » C’est dans la Préface, que nous entendrons tout à l’heure. 
Oui, nous croyons en Dieu, capable de pleurer, sur un ami, à cause de deux femmes qui ont de la peine. Nous croyons en Dieu, capable d’être bouleversé, saisi d’émotion devant les épreuves. « IL en coûte au Seigneur de voir mourir les siens » (PS116,15).

Au nom de quoi, aurions-nous peur d’exprimer des sentiments et des émotions,  des pleurs, lorsque nous sommes atteints au plus profond de ce qui nous tient à cœur. Au nom de quoi, resterions-nous de marbre lorsque l’épreuve nous bouleverse en nous-mêmes, dans nos proches ou un peu plus loin de nous. Le Père Valensin, sj., un maître spirituel écrit : « Jésus pleure. Désormais, qui pleure parce qu’il aime, qui pleure près d’un lit de mort, qui pleure sur la souffrance, fait revivre en soi l’homme-Dieu. Jésus pleure en lui et par lui. » N’ayons pas peur de cette intuition fondamentale du Concile Vatican II, exprimant l’attitude du Christ, lui-même : « Il n’est rien de vraiment humain, qui ne trouve un écho dans le cœur des disciples du Christ » (Gaudium et Spes 1).
« Le langage du Christ est celui d’un cœur fraternel et bon » écrit Madeleine Delbrel.

                « Jésus fondit en larme ». « Voyez comme il l’aimait ! » Le témoignage que nous donnons du Christ et de l’Evangile, passe par notre capacité à compatir à ceux qui sont éprouvés, d’une manière ou d’une autre. Pas seulement d’une présence physique, mais d’une présence au-delà du visible qui compatit avec le cœur et la prière et rejoint, dans un même mouvement, à la fois les situations humaines et le cœur de Dieu. C’est votre témoignage, mes Sœurs. Lorsque vous portez dans la prière les évènements du monde, les intentions confiées, les joies et les peines de tous. Vous êtes plus que tout autre au cœur de la vie du monde.

                Jésus est l’homme qui pleure, qui compatit, et qui ouvre à la vie et à la Résurrection. Il est en même temps, Dieu qui fait sortir le mort de son tombeau et qui, dans sa tendresse pour tous, nous conduit jusqu’à la Vie nouvelle ! C’est encore la Préface de tout à l’heure : « Enlevez la pierre », les pierres qui ferment le tombeau et enferment. « Lazare, viens dehors ! » « Déliez-le, enlevez-lui ses bandes. » et « Laissez-le aller ! »

                A quelques jours de la Passion, à quelques kilomètres de Jérusalem, Jésus donne le signe de la vie, de la résurrection : « Pour que vous croyiez ». « Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ».
                Nous n’avons pas le pouvoir de ressusciter Lazare ni nos amis et proches. Nous pouvons ôter les pierres qui ferment, qui enferment. Nous pouvons sortir de nous-mêmes et peut-être aider d’autres à sortir aussi. Nous pouvons enlever les bandes qui nous attachent. « Déliez-le… Laissez-le aller ! » Nous pouvons, à notre tour, donner ce que nous recevons : le don de la Vie, après celui de la Lumière, après celui de l’eau vive, après celui de l’espérance. Nous pouvons enlever la pierre et les bandes du découragement, de la tristesse et ne pas répéter comme Marthe : « il sent déjà ! ».

« Ne reste pas dans cette odeur de mort, sors du tombeau. Je te veux vivant, debout !
Je suis la Résurrection et la Vie ! »

Aucun commentaire: