mercredi 12 juillet 2017

Homélie du 14ème dimanche ordinaire — Année A



Homélie du 14ème dimanche ordinaire — Année A

Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson


            Cette semaine, plusieurs fois j’ai entendu cette phrase : « j’ai besoin de me poser », « on a besoin de se poser ! » Ce refrain est peut-être suscité par le début de ce temps d’été mais c’est sûrement une réalité pour beaucoup. Besoin de s’arrêter, de poser soi-même, son corps et son esprit, poser son soi intérieur, alourdi au fil des jours par la fatigue, les soucis, les ennuis, les événements, etc… Il est vrai aussi, et c’est banal de le dire, que le rythme de notre vie, dite moderne, ne laisse guère de répit. Ma grand-mère, qui ne connaissait pas les vacances, disait déjà : « On n’est pas des machines ! »

            Se poser, c’est arrêter de voler, comme un oiseau ou un avion qui se posent. On arrête, pour se re-poser, repartir après avoir fait les pleins et les vérifications.

            L’Évangile de ce dimanche, « en ce temps-là », tombe bien pour « ce temps-ci ». Jésus nous indique une aire de repos, un terrain pour se poser : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. » Ce terrain d’atterrissage peut être tel ou tel lieu favorable au ressourcement pour refaire ou fortifier ses forces physiques et intérieures. Mais c’est surtout une manière d’être, d’être nous-mêmes, que nous offre la présence du Christ. Il est toujours aussi présent « en ce temps-ci » qu’il ne l’était « en ce temps-là », près de ceux qu’il rencontrait. Présent à nos fardeaux, à nos situations humaines, à nos bonheurs comme à nos à nos peines, nos fatigues et nos lassitudes. C’est une énergie intérieure. Par Jésus le Christ, avec Lui et en Lui, Dieu notre Père porte notre sac avec nous.
Nous ne sommes pas seuls. Bien sûr, il ne supprime pas nos fardeaux d’un claquement de doigts. Comme sur un certain chemin, conduisant à une auberge, il rejoint les marcheurs fatigués moralement, ils ne savent même pas qui est cet inconnu mais sa présence réchauffe peu à peu leur coeur et leur redonne  courage. La présence, le soutien d’amis peuvent alléger le poids du fardeau. Le Christ est de ceux-là, qui porte, avec nous, notre sac. Il nous indique une manière de le porter qui fasse moins mal aux épaules.

            « Prenez sur vous mon joug ». « Attelez-vous avec moi pour tirer la charrue ». Cela sert à cela un joug : à ne pas être seul à tirer la charrette !
            Pourquoi cette invitation de Jésus à se poser en Lui ? « Venez à moi vous tous qui peinez » car, parce que, « je suis doux et humble de coeur ». « Vous trouverez le repos »
            On connait bien cette expérience : la douceur, l’humilité (les vraies, pas les malfaçons) reposent, apaisent, quand on rencontre quelqu’un qui vit de cette douceur et de cette humilité. De même que la sagesse nous apprend que celui qui ne se repose pas fatigue les autres, de même la Parole de Dieu de ce jour nous dit que douceur et humilité sont les qualités de Dieu, c’est le psaume : Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère, plein d’amour et bon pour tous, il redresse les accablés ». La première lecture nous présente le Seigneur roi, monté sur « un petit âne gris, image d’évangile, vivant d’humilité » comme le chante Hugues Aufray.
            « Oui, Père, ce que tu as caché aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits », il s’agit de cette même attitude intérieure du coeur faite de douceur et d’humilité, à laquelle Jésus nous invite « en ce temps-ci ». Une paisibilité, une sérénité intérieures qui acceptent de se recevoir des autres   et de la présence du Christ, cette part de joug nous permettant de porter et de tirer les fardeaux.

            Puissions-nous trouver, en ce temps qui nous est donné, un espace intérieur pour nous poser, et être,  à notre tour, des coeurs doux et humbles, reposants pour les autres !

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