mardi 8 août 2017

Homélie de la Transfiguration — Année A



Homélie de la Transfiguration — Année A
Père Maurice Boisson — Carmel de Saint-Maur

Aux obsèques d’un ami proche, un autre ami me dit à l’oreille : «  il y a 3 semaines, quand on s’est retrouvé avec lui, on a passé un super moment. On a bien fait. Cela nous aide maintenant. » En parlant de la journée de la rencontre des religieuses et religieux contemplatifs à Acey, l’une d'entre vous me disait : «  Cela fait du bien, cela nous encourage pour notre quotidien. »

Oui, on a besoin, dans le courant de la vie, de prendre un peu de hauteur, de recul, pour voir plus moins que l’immédiat. Les amis de Jésus, Pierre, Jacques et Jean, avaient besoin, eux aussi, de voir plus loin que la perspective proche des annonces de Jésus : le procès, la croix, la mort. Ils avaient besoin d'être encouragés pour une traversée, qu’ils pressentaient difficile et qu’ils avaient du mal à accepter.

Jésus les emmène à l’écart, au calme, à l’abri des agitations, sur une haute montagne, pour prendre un peu de hauteur et lever « le nez du guidon ». Saint Jean de La Croix, nous apprend que gravir la montagne est une montée plus spirituelle que physique : une démarche intérieure, s’élever pour voir plus loin. Ces amis de Jésus, de qui on est proche par notre expérience, ne comprenaient plus bien ni le sens, ni le but, de cette aventure avec Jésus et des événements qu’il  annonçait. On sait un peu ce que c’est que de se trouver devant un mur, dans l’obscurité, dans le découragement. L’idée de la résurrection leur échappait comme celle d’un avenir dont le terminus ne serait ni le mal ni la nuit.


Jésus a le souci des siens, de nous. Il ne veut pas nous laisser dans nos peurs, devant nos murs. Il ne les supprime pas, Il nous aide à les traverser en nous indiquant un avenir.
Sur la montagne, c’est Dieu lui-même, le Père qui intervient : il oriente les regards et les cœurs au-delà d’un horizon bouché par l’immédiat et l’épreuve à venir. « Ce Jésus, que vous avez suivi, dit le Père, vous annonce un passage difficile : sa Passion et sa mort. C’est bien mon Fils, je le reconnais comme mon Fils. Alors, vous pensez que Moi, son Père, je vais le laisser tomber ? Je lui donnerai raison. Quand vous verrez son visage défiguré par le mal, la méchanceté, la violence, vous vous sauverez. Mais vous vous rappellerez ce visage transfiguré, brillant comme le soleil, sur cette montagne. Il est l’annonce du visage ressuscité qui vous attendra au bord du lac après une nuit d’échec. Ce visage buriné au soleil des routes de Palestine, où vous avez marché avec lui, ce visage transfiguré dont vous êtes témoins, ce visage défiguré sur une autre colline sera visage ressuscité. Il vous rejoindra dans votre déception et votre tristesse sur le chemin d’une auberge, où le cœur tout brûlant de sa présence vous le reconnaîtrez au partage du pain. »
L’événement de La Transfiguration est l’expérience de nos vies, de nos visages, des visages du monde : visages façonnés par les joies et les épreuves, visages défigurés par le mal, la maladie, la brutalité, visages transfigurés des moments de joie et de bonheur, ils deviendront visages ressuscités, lumineux comme le soleil, nous dit Pierre, témoin direct de ce qui s’est passé (2ème lecture) « Vous faites bien de porter votre attention sur un plus loin, comme sur une lampe brillant dans un lieu obscur, jusqu'à ce que paraisse le jour et que l’étoile du matin se lève dans nos cœurs. » Ils ont mis du temps à le comprendre, ces 3 amis, c’est un chemin intérieur décapant et patient, éclairé par l’ombre d’une nuée lumineuse. Expérience d’ombre et de lumière. Une nuée lumineuse n’est pas là clarté totale. Un nuage reste un nuage mais il est éclairé, puisqu’il fait de l’ombre. Et il laisse passer une voix, celle d’une présence, d’une voix intérieure qui nous indique une issue. Cela n’a pas empêché nos 3 amis d’avoir peur, comme nous, quand l’obscurité est plus forte que la clarté et nous colle à terre. « Ils tombèrent la face contre terre. » Jésus s’approcha, il se fait proche de ses amis, de nous, il est tout près, pour nous indiquer l’au-delà des choses. Il les toucha, il nous  touche : geste de proximité et d’encouragement. Relevez-vous ! Parole de résurrection, c’est le même mot.

Cette fête de la Transfiguration est un beau message d’espérance : sur nos routes quotidiennes, comme sur les routes du monde, Dieu est près de nous. Il nous invite à transfigurer ce qui est défiguré, il en fera du ressuscité.

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