mardi 24 octobre 2017

Homélie du 29ème dimanche A - Journée des Missions



Homélie du 29ème dimanche A - Journée des Missions
Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson

      
      Parler d'impôts ces jours, c'est risqué. Rassurez-vous, je m'arrête là !
            Ces débats ne sont pas nouveaux… «Est-il permis, oui ou non, de payer l'impôt à César ! » César était la figure du pouvoir politique de l'empire romain qui occupait la Palestine au temps de Jésus.

            Cette question est comme un pile ou face truqué : quelle que soit la réponse, de toutes façons, celle-ci pourra être un motif de procès. «On va bien voir » : s'il répond oui, il faut payer l'impôt à l’occupant, c'est un collaborateur un traître à notre pays. S'il répond non, c'est un résistant rebelle à dénoncer au pouvoir en place. De toute façon, Jésus est coincé.

            L'intention des pharisiens et cette façon de faire que Jésus qualifie de perverses attirent notre attention sur la qualité et la vérité de nos relations dans le dialogue. Évangéliser suppose un dialogue en vérité, dans le respect.
Qu’a-t-on dans la tête, dans le cœur, quand on rencontre l'autre, différent de nous ? Cherchons-nous à « l’avoir » comme ces pharisiens ou acceptons-nous un dialogue en vérité, qui peut nous bousculer ?
            Connaissant leur perversité, jésus dit « hypocrites ». Il touche le profond des intentions de ses accusateurs : ceux-ci miment extérieurement les pensées qui sont en eux, sans les faire voir clairement. Souvent, l'Évangile attire votre attention sur la droiture, la vérité de nos dialogues. C'est essentiel à la mission. De Nathanaël qui cherche, Jésus dit : « Il n'y a rien de faux en lui » alors qu’Il traite de pervers hypocrites ceux qui veulent le piéger.

            Ce dimanche des missions, s'il nous conduit par la pensée et la prière au bout du monde, c'est en passant à l'intérieur de nous-mêmes. Nous avons besoin de recevoir nous-mêmes l'Évangile et sa force de conversion pour en donner le goût à d'autres. « Ensemble, oser la mission», c'est d'abord oser se laisser habiter du Christ et de l'Évangile, ensemble.
            Ne serait-ce pas rendre à Dieu ce qui est à Dieu ? Nous nous arrêtons souvent à la première partie de la réponse de Jésus : « Rendez à César…» pour marquer une séparation entre les réalités matérielles, politiques, sociales et les réalités spirituelles. Sur la pièce de monnaie, on voit bien l'effigie de l’État mais où voit-on l'effigie, l'image de Dieu? Elle est gravée au cœur et dans la chair de tout être humain, dans notre propre existence. Tout être humain et toute la Création appartiennent à Dieu. Et nous avons à rendre à Dieu ce qui appartient à Dieu. Ce qui appartient à Dieu ne réside pas dans les sacristies. C'est la totalité de l'être humain, sa dignité, ses droits fondamentaux et inaliénables, quelle que soit l'étape de sa vie. C’est la justice, la paix.

            Oser la mission, c'est oser rappeler et vivre cette dimension fondamentale de l’humanité qu’est sa relation à Dieu, base des relations sociales. Aux pharisiens, Jésus renvoie la monnaie : rendre à César ce qui le concerne sans oublier de rendre à Dieu ce qui est à lui. Il n'y a pas de cloisons hermétiques entre les deux. La dimension humaine et spirituelle traverse les réalités matérielles et la vie. Oser la mission, c’est mettre dans notre monde, là où l'on est, ce plus d'humanité que nous offrent l'Évangile et les dons de Dieu. C'est de notre responsabilité.

            « À quoi servirait le meilleur parfum, s'il restait dans un vase fermé ! »
            Le monde a besoin du parfum de l’Évangile.

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