Homélie du jour des défunts- 2 Novembre Année A
Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson
Hier
après-midi, j’ai fait une visite dans le cimetière de mon village. J’y ai
rencontré d’autres personnes, qui faisaient comme moi. Un homme du pays me dit
: « Cela me remue chaque fois que je viens là, je vois ces noms qu’on a
connus. Et je me dis, un jour, ce sera ton tour. Alors, cela me donne le
tournis. » Et il ajoute : « Mais toi, ce n’est pas pareil, tu y crois
! » C’est vrai, je crois que ce cimetière n’est pas la fin du voyage. Il y
a en nous des choses qui ne peuvent pas mourir. Je crois que ce n’est pas comme
au cinéma où à la fin, c’est marqué FIN. Pour nous, il y a une suite. « Tu
as de la chance »… On a causé un peu et finalement, je lui ai dit :
« Tu sais, cela ne m’empêche pas d’être d’être remué, comme toi ! »
Comme j’aurais
aimé lui partager la belle première lecture de cette messe, écrite bien avant
Jésus et rejoignant les questions de tous les temps, qui remuaient notre ami
Bernard, et qui nous remuent aussi, sans doute, tant il y a, au fond de tout
être humain, à la fois la braise de cette espérance d’un toujours et la marque
de l’épreuve qui conduit à ce toujours.
Nous sommes
dans les mains de Dieu, nos défunts sont dans la main et la paix de Dieu, dit
le Livre de la Sagesse, même si, aux yeux des humains, leur départ est vu comme
un malheur et une séparation - ce qui est aussi une réalité. Ne passons pas
trop vite du Vendredi Saint à Pâques. Entre les deux, il y a le silence du
Père, l’obscurité, les larmes, et peut-être la révolte. Ce samedi, où le jour
tarde à venir… où la visite de Dieu se fait attendre. C’est encore ce que dit
la lecture.
Mais, elle
vient, cette visite qui brûle et qui réchauffe « comme l’étincelle sur la
paille ». Il visite ses amis. Pour eux,
« grâce, miséricorde et paix », « ils resteront dans son
amour près de lui ». Un beau message d’espérance, non pas dans les nuages
mais qui pousse dans ce qu’il y a de plus humain et de divin en nous : l’icône
de Dieu.
Cette espérance
est concrète, dit Jésus dans l’Évangile : « Restez en tenue de service,
gardez vos lampes allumées », même si ce n’est qu’une petite braise, une
petite lueur au fond de vous.
« Restez
en tenue de service », ou comme Thérèse d’Avila aimait à le répéter :
« Vivre toute sa
vie,
Aimer tout son amour
Mourir toute sa
mort »
Vivre
pleinement l’aujourd’hui qui nous est donné de vivre. Dans cet aujourd’hui,
dépenser pleinement sa force d’aimer.
Mourir toute sa
mort, on ne peut guère en parler ! Sinon d’accueillir au quotidien la visite de
Dieu à ses amis, de se laisser remplir de son Amour et de le redonner.
Chaque matin,
nous avons la chance, la grâce de chanter ou de dire :
« Grâce à la
tendresse, à l’amour de notre Dieu
Quand nous visite l’astre
d’en-haut…
Pour conduire nos pas aux
chemins de la paix. »
Les défunts,
que nous prions, à qui nous pensons, eux qui ont fait l’expérience de la terre
et du monde de Dieu, nous disent qu’il n’y a pas un royaume des morts et un
royaume des vivants, il y a le Royaume de Dieu. Nous y sommes. C’est la table
eucharistique, où Il nous attend et où nous rejoignons ceux qui sont avec Lui,
par le Christ ressuscité, avec Lui et en Lui.
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