dimanche 10 décembre 2017

Homélie pour les obsèques de notre Soeur Marie-Denise de Jésus



Homélie pour les obsèques de notre Soeur Marie-Denise de Jésus
Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson

            Bien qu’originaire de la région des sapins, Soeur Marie-Denise avait des connivences avec la vigne, par des familles de viticulteurs en quelques bons crus jurassiens !
            Mais sa véritable complicité avec la vigne, c’est bien ces 70 ans et plus de vie religieuse. Une vie, comme un sarment, greffée sur la vigne qu’est le Christ, travaillée et soignée par le vigneron, Dieu lui-même. Une vie, comme un sarment bien vivant et vif, porteur de fruits, souvent invisibles, mais bien réels. « Je suis la vraie vigne, mon Père est le vigneron, dit Jésus, vous êtes les sarments », « Qui demeure en moi et moi en lui porte beaucoup de fruits. » (Jn15,1; 5).

            Quelle belle comparaison - elle nous parle -  que celle de la vigne ! Elle nous dit l’essentiel de notre existence humaine et chrétienne, en particulier de la vie religieuse qu’a vécu Soeur Marie-Denise : la recherche et l’abandon confiant à l’Essentiel, qui laissent deviner une Présence de Dieu en nous, habite notre monde. Au-delà les brouillards, une clarté existe : « Je suis la lumière et la vie » (Jn8).

            La vie religieuse rend ce service, service discret, essentiel à notre société : indiquer la route, le but, le sens de la vie et les chemins pour y parvenir. Servie discret, parfois incompris… comme si on disait que le terroir n’est pour rien dans le goût du vin…
            Dans la profondeur des vies données, se puise la recherche de Dieu. De là se répand le bon bouquet du sens et du goût de la vie et de la destinée. « Je suis la vigne, vous êtes les sarments pour porter du fruit » dit Jésus. Auprès de Soeur Marie-Denise cet après-midi, rendons grâce pour cet Essentiel dont la vie religieuse est le signe.

            Nous savons aussi que les sarments que nous sommes peuvent subir les intempéries, les maladies, les blessures. Soeur Marie-Denise n’a pas été épargnée. Elle a dû souvent méditer ces quelques lignes de Sainte Thérèse :
« Que rien ne te trouble
Que rien ne t’épouvante
Tout passe
Dieu ne change pas
La patience triomphe de tout
Celui qui possède Dieu
Ne manque de rien
Dieu seul suffit ! »

            Le vrai vigneron n’abandonne jamais le soin de sa vigne, que nous sommes.
            Lors de notre dernière rencontre, il y a une douzaine de jours, Soeur Marie-Denise m’a dit plusieurs fois qu’elle était en paix, de cette paix intérieure qui est le fruit du sacrement du pardon, demandé et accueilli, où le passé cède la place au présent et à l’À-venir, dans lequel elle entre totalement, sans peut-être trop d’étonnement. Soeur Marie-Denise savait ce qu’elle voulait, vous le savez. Elle disait récemment : « Je sais où je vais », c’est ce qu’exprime le psaume 26 : « C’est ton visage, Seigneur, que je cherche … Sois fort et prends courage, espère le Seigneur. »              
            Quelques mots confiés à une jeune Soeur, lors d’une dernière visite, résument bien le coeur de Soeur Marie-Denise : « Courage, courage, sois généreuse. On a de la chance d’être au Carmel, Dieu seul suffit ! »

            Une vie nourrie de la sève de la vigne, qu’est le Christ, jusque dans les moments de la Passion et de la Croix, marquée des intempéries de la vie, apaisée au souffle consolateur de l’Esprit et par le soutien de la communauté, de la famille, de la maison Saint François d’Assise, des amis. Les raisins de toute vie, produits de notre coeur, deviennent dans l’Eucharistie que nous célébrons, par le Christ, avec Lui et en Lui, le vin du Royaume éternel.

1 commentaire:

ANDRE Marie-Françoise a dit…


Merci pour cette magnifique homélie. Au nom de la famille GIRARDOT (chemin de Pymont à Lons), je témoigne ma profonde sympathie aux Sœurs du Carmel et à la famille de Sœur Denise. Le souvenir de son sourire serein et de son regard éclairé de l'intérieur continuera longtemps de nous accompagner. Lorsque vous prierez pour elle, veuillez lui associer une autre Denise, Denise André née Girardot, ma chère Maman, rappelée à Dieu il y a un an aujourd'hui.

Dans l'Espérance
Marie-Françoise André