lundi 1 janvier 2018

Homélie de la fête de Marie Mère de Dieu - 1er janvier - Année B



 Homélie de la fête de Marie Mère de Dieu - 1er janvier  - Année B
Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson

            Pour offrir des voeux, quels meilleurs souhaits que ceux que le Seigneur donne à Moïse pour son peuple dans la 1ère lecture : «  Que le Seigneur te bénisse et te garde ! »
            Béni ! Benedicere : dire du bien. Que l’on puisse dire du bien de toi, de vous, cette année et que tu dises du bien des autres !
            Le contraire de bénir, c’est maudire, dire du mal…

            Bénir est un geste humain essentiel qu’on retrouve d’une manière ou d’une autre dans toutes les cultures. Le prêtre fait souvent le geste de la bénédiction mais il ne lui est vraiment pas réservé. Chacun peut bénir ceux à qui il souhaite et veut du bien. C’est un geste ou une parole d’une grande humanité, qui engage. Se souhaiter la bonne année, comme se dire bonjour le matin, nous engage à faire que cette année ou ce jour soit bon pour celui ou celle à qui nous le souhaitons, dans ce qui nous est possible, bien sûr. Ce serait une grande hypocrisie et un mensonge de dire «  bonne année ! » , « bonjour » en pensant au fond de soi : «  je vais t’en faire voir cette année » «  je vais te gâcher ta journée »; mais, grâce à Dieu, ce n’est pas le cas !


            « Que le Seigneur vous bénisse et vous garde ! », qu’il vous protège, vous soutienne, vous aide à marcher vers l’inconnu d’une année. Marie méditait dans son coeur non seulement les évènements passés mais l’inconnu à venir.
            Que le Seigneur te garde en tous ses chemins ! Les psaumes sont pleins de ce souhait. Prendre soin de notre relation à Dieu, prendre soin des autres, prendre soin de soi-même.
            « Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage ! » (en hébreu : qu’il te montre un visage souriant !) « Qu’il tourne vers toi son visage ! » poursuit Moïse. C’est aussi ce que dit le psalmiste : «  Que ton visage s’illumine pour nous ! » (Ps 66). C’est aussi le message du beau document du Pape François, sans cesse à reprendre  « Chercher le visage de Dieu ». Le visage de Dieu, qui n’a pas de visage, dont le visage humain est celui du Christ, ce visage se reflète sur nos propres visages. Et il n’a pas que des traits de joie, il a les traits de la vie, doucement ou plus fortement éclairé d’une lumière intérieure. Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage ! Notre souhait est d’accueillir cette lumière, si petite soit-elle et même si certaines fois, elle ne fait que frôler notre visage, elle chasse un peu d’obscurité.

            « Que le Seigneur te prenne en grâce, qu’il t’apporte la paix ! », la paix, comme plénitude de bonheur en hébreu. Toutes ces bénédictions, ces voeux, le désir que se réalise ce que nous souhaitons (et nous sommes engagés dans la réalisation), sont tout le contraire des voeux pieux, ces voeux qui n’ont aucune chance de se réaliser.

            « Qu’il t’apporte la paix » a-t-on chanté pendant l’Avent, à Noël et hier soir, lors de la veillée, ce don de Dieu au plus intime de nous-mêmes. Cette paix que cherchent ces jours-ci à Bâle, des jeunes, dans l’esprit de Taizé, où le message a toujours été, depuis l’origine : Tu cherches la paix, commence par te pacifier toi-même intérieurement. Chemine avec un coeur réconcilié, sois en paix avec les autres, en accueillant ce don de Dieu qu’est la Paix.

            Ces « Meilleurs voeux, bonne année, la santé… » sont devenus tellement formels qu’ils peuvent être un peu usés. Nous avons besoin d’en retrouver le sens, la profondeur, l’actualité. Nous avons besoin de faire ces souhaits qui nous engagent et qui soient des bénédictions. Une société, une religion sans rite, sont déshumanisés mais ne sont pas forcément plus spirituelles.

            Dans l’Évangile de ce jour, tout le monde cause autour de la mangeoire, chacun donne son avis sur le bébé. « Marie cependant, retenait tous ces évènements et les méditait dans son coeur ». Accueillir l’évènement, ce qui arrive, y discerner les traces du désir de Dieu, faire confiance à ses pas pour y poser les nôtres, mettre notre main dans la sienne, pouvoir compter sur les autres, c’est ce qu’ont vécu Marie et Joseph.
            C’est ce que je vous souhaite pour une belle année, en vous bénissant !

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