lundi 3 septembre 2018

Homélie au Carmel (02 septembre 2018)

Homélie au Carmel (02 septembre 2018) -  Père Farel Djembo


Frères et soeurs, peuple de Dieu, nous célébrons aujourd’hui selon l’usage du Carmel la fête de la Solennité de la dédicace de la chapelle du Carmel. 
Pour cette liturgie seul l’évangile change mais les autres textes sont ceux du 22 dimanche du temps ordinaire de l’année liturgique B. L’extrait de l’Evangile selon Saint Jean présente Jésus aux prises avec les juifs lors de la Fête de la Dédicace du temple, fête juive qui commémore la purification et la reconstruction du temple en 165 av. J.-C. par Judas Maccabées (1 Ma 4, 36-56, 2 Ma 10, 1-6) à la suite des profanations d’Antiochus Epiphane. On la célébrait en attente de l’arrivée du Messie qui décidera du sort de l’ancien autel des holocaustes qui avait été profané (1Ma 4, 46). 
Pour cette célébration, on cessait des jeûnes, on illuminait les demeures, on mangeait de la bonne chair et on prêtait main forte au temple ou à la synagogue. La fête de la Dédicace du temple est la fête des Lumières, de la restauration du culte au vrai Dieu. Les rabbins iront jusqu’à dire que c’est le symbole de « de la victoire de l’esprit sur la force brutale, du judaïsme sur le paganisme, image de l’âme d’Israël et de sa pérennité ». Et comme le dira Zacharie 4, 6 « ce n’est ni par la force ni par la violence, mais par mon Esprit » que cela s’est produit. C’’est surtout du fond de l’obscurité que la Lumière brillera et vaincra.

En effet, Saint Jean en évoquant cette fête indique l’identité du Christ, le Fils de Dieu. Aussi, il proclame l’avènement d’un nouveau culte en Jésus par tous les croyants. Mais comme nous venons de l’entendre, c’était l’hiver. A en croire les textes, c’est bien un hiver qui réduit l’homme à ne regarder pas trop loin, le jour est court, ses pensées suffisent et sa vision ne va pas au-delà. Il reste prisonnier de son passé et de ses choix, de l’immédiat, du « tout fait», de ses vues à œillères. Ces hommes de l’Evangile, comme tout fidèle, sont incapables de percevoir la nouveauté, le nouveau message apporté par Jésus. « Parles-nous ouvertement » clament-ils dans l’Evangile. Et pourtant c’est au cœur même de cet hiver et de l’obscurité que resplendit la Lumière de l’Envoyé par excellence, le libérateur d’Israël, notre libérateur : Jésus le Christ. Il nous appelle à être cette lumière « qui ne doit pas être mise sous le boisseau » (Mt 7,15) mais pour éclairer le monde et les hommes qui croisent nos chemins.
Cette Lumière symbolise sans nul doute l’Espérance d’Israël, notre espérance à nous. Désormais avec Jésus nous n’avons plus à attendre le prophète, il est le Prophète par excellence, l’image du Père, le visage parfait de Dieu. Si l’autel de l’holocauste était sur une pierre désormais l’autel de Dieu c’est le cœur de l’homme où sera célébré et proclamé le nouveau et vrai culte. C’est en Esprit et en vérité qu’il faudra adorer Yahvé, le Dieu de Jésus-Christ. Pour les juifs c’est incompréhensible tout ceci. Ils ont besoin des preuves matérielles, des œuvres pour croire. Mais les œuvres de Jésus sont là et les mains de Dieu tiennent tous ceux qui le reconnaissent comme sauveur et libérateur.
Les mains de Dieu, les œuvres de Jésus sont la clé de lecture du nouveau monde, de la nouvelle vie en Dieu. Avec Jésus on ne peut célébrer le culte et avoir le cœur loin de Dieu. Le vrai fidèle est celui qui reconnait Christ à travers l’œuvre de ses mains. Les mains ont toujours été le signe de l’action et de l’œuvre que nous accomplissons. Les mains peuvent donner la vie comme peuvent conduire à la mort. L’appartenance au nouveau et vrai temple de Dieu dépend du rôle que nos mains auront à jouer dans l’édification du règne de l’amour. Il s’agit des mains vont donner à manger, qui vont habiller les personnes, qui vont accueillir l’étranger, qui vont relever celui qui est par terre, etc. Ce sont ces œuvres qui ont été accomplies par le Christ pour la vie de l’homme qui pour nous témoigneront de notre appartenance au Christ. Le vrai temple ne saurait être le lieu de la comédie, du théâtre des hommes, des luttes du pouvoir ou mieux un culte inutile auquel ne correspond le cœur. Car le cœur est appelé à accomplir les œuvres de Dieu.
Aujourd’hui posons-nous la question de savoir comment l’hiver glacial de nos relations humaines, de notre foi terne et chancelante, l’hiver de notre indifférence face à la mondialisation du mal, à la globalisation des choix et chemins de mort peut recevoir la Lumière du Ressuscité ? Et ceci nous amène à nous demander sur l’usage de nos mains : A quoi elles ont servi réellement pour que le monde et l’homme soient si défigurés ? Pourquoi le monde nous a-t-il facilement corrompus ?
Si nous avons des raisons de nous préoccuper de notre monde actuel, nous devons avoir des raisons réelles pour nous convertir et retrouver l’unité et la vérité en Christ seul, source et chemin de la vraie vie. Car entre les mains du Père rien ne pourra nous arracher. Et le culte célébré dans nos chapelles fera de nous des véritables disciples du Christ.

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