mardi 5 février 2019

Homélie du 4ème dimanche Temps Ordinaire Année C 2019


Homélie du 4ème dimanche Temps Ordinaire Année C 2019
Père Maurice BOISSON – Carmel de Saint Maur (39 Jura)

1ère lecture : Jérémie 1, 4-5. 17-19
2ème lecture : 1ère lettre Corinthiens 12, 31-13,13
Evangile : Luc 4, 21-30

            Ce serait dommage de ne pas nous arrêter à la 2ème lecture : une des plus belles évocations de l’Amour qui aient été écrite, nous l’entendons parfois dans les célébrations de mariage.
            En écoutant ces paroles de Paul, on est tenté de dire : c’est tellement beau, c’est trop beau, mais c’est pas réalisable. Ce sont de belles paroles, un peu comme on admire des pièces de musée... Mais on est loin de les mettre en pratique.
            Paul nous parle de ce qu’il y a de plus profond dans l’être humain, parce que c’est l’être même de Dieu. Nous sommes faits à son image et à sa ressemblance. Dieu est Amour. Il n’est qu’Amour. Il met en nous ce qu’il est lui-même : cette énergie d’Amour avec laquelle il nous aime pour l’aimer et nous aimer les uns les autres comme il nous aime : d’un amour qui est don de soi et pas don pour soi.

            La difficulté que nous avons pour exprimer cette belle réalité du cœur humain, c’est d’avoir un seul mot pour dire des sentiments différents : j’aime mes enfants, ma famille, et j’aime le chocolat ou le cinéma. C’est quand même pas pareil. La référence d’aimer, c’est la manière dont Dieu aime, celle que le Christ a vécu. « Il n’y a pas de plus grand Amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » (Jn 15,13). « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils... (Jn 3,16) » Aimer, c’est se donner soi-même, donner le meilleur de nous mêmes : c’est pas s’appauvrir, c’est s’enrichir dans notre être.
            Ce que Paul exprime ici, c’est la clef de toute relation, de toute vie ensemble. On le sait bien, c’est notre expérience, on a du mal à aimer, autrement le monde serait meilleur et notre vie ensemble, plus agréable.
            Paul nous indique une direction pour aller vers ce qu’on recherche, vers cet appel venant du plus profond de nous-mêmes, parce que venant de Dieu, appel venant du plus profond de notre être, parce que nous sentons bien que là est une clef essentielle pour être heureux : vous pouvez avoir tout ce que vous voulez, argent, honneur, connaissance, puissance etc, même la foi, si vous n’avez pas en vous la force d’aimer, tout cela ne sert à rien, « je ne suis qu’une casserole qui résonne » dit Saint Paul (1 Cor 13,1). « Quand on a que l’Amour, dit la chanson, nous avons dans nos mains, dans notre cœur, le monde entier ».
            Vous recherchez dit Paul, et nous recherchons, ce qu’il y a de meilleur dans la vie, de plus beau, de plus fraternel. Je vais vous indiquer le meilleur chemin pour y arriver. Un  chemin c’est ce qui nous conduit à un but, ce qui nous fait aller vers ce qu’on désire. Ce chemin, ce n’est pas l’arrivée, c’est ce qui y conduit. Le chemin, on le fait, on marche, on trébuche, on se relève, on se fatigue, on s’arrête, on repart... toujours attentif à voir où en sont nos compagnons de route. Pour aller au but, il ne suffit pas de s’asseoir sur le poteau indicateur... il faut marcher là où il nous indique l’arrivée. Je vous indique le meilleur chemin, dit Paul, pour mieux aimer. Il faut faire le chemin, pas avec les idées, mais avec ses pieds et tout son être.
            Ce chemin il nous fait passer par quelques repères, nous dit Paul. Par la patience, par le service, par la confiance, par la vérité. Il nous fait éviter quelques dangers : la jalousie, son propre intérêt, la rancune, la violence, l’orgueil.
            Ce chemin pour apprendre à aimer, dont l’Abbé Pierre disait qu’il fallait bien toute la vie, c’est celui de l’Accueil et du Don.  A     l’image des fleurs : elles accueillent la lumière, l’eau... pour nous redonner leur couleur, leur parfum, leur beauté, leur symbole. Aimer suppose d’accueillir l’Amour à la source. Dieu est Amour. Pour redonner cet amour, le meilleur de nous-mêmes... « Ayant aimé les siens, Jésus les aima jusqu’au bout » (Jn 13, 1-15). C’est l’Eucharistie que nous célébrons.

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