dimanche 10 février 2019

Homélie du 5ème dimanche Temps Ordinaire Année C 2019


Homélie du 5ème dimanche Temps Ordinaire Année C 2019
Père Maurice BOISSON – Carmel de Saint Maur (39 Jura)

1ère lecture : Isaïe 6,1-2a, 3-8
2ème lecture : 1ère lettre Corinthiens 15,1-11
Evangile : Luc 5,1-11


           « Avance au large !  Ne reste pas au bord. Jetez vos filets pour la pêche »  dit Jésus à Simon Pierre (Luc 5,4). « On a peiné toute la nuit, on n’a rien pris. Ça mord pas ! Tu ne vas pas nous apprendre notre métier ! On est des pros !  Mais, bon, puisque tu le dis, sur ta Parole, je vais jeter les filets ! On va bien voir » répond Pierre d’un haussement d’épaule... On s’y croirait, à la place de Simon et de ses compagnons de pêche. On s’est donné de la peine, pour mettre en place telle activité, pour aider nos jeunes, pour faire vivre l’association etc. On a peiné... On y voyait pas trop clair, comme dans la nuit de la pêche, et puis rien : ça ne mord pas !... Sinon la fatigue, le découragement. On baisse les bras ! Qui n’a pas connu ces jours et ces nuits de peine sans résultat !
            Voilà bien le moment - on ne l’attendait pas – où Jésus s’en mêle, ce moment où ces pêcheurs n’avaient pas la pêche ! « Avance au large, va où c’est profond, en pleine mer, au large : là où il y a de l’espace, de la profondeur, ne reste pas au bord, à la surface, n’aie pas peur : Tu verras ». Une parole, une présence, un signe, un geste, nous disent parfois que tout n’est pas bouclé.  Jésus ne donne pas à Pierre et à son équipe, des conseils techniques. Il ouvre dans leur cœur, dans leur état d’impuissance et de faiblesse, un chemin de confiance, de courage et de persévérance.
            On a besoin d’accueillir cette Parole qui fait repartir : même si parfois on a du mal à y croire. Comme Pierre, dans un agacement mêlé d’une secrète lueur d’espérance. « Puisque tu le dis... Sur ta Parole !... On repart. » En pleine mer, là où c’est profond, au large, au-delà du petit périmètre de ta pêche habituelle bien délimitée, au-delà des limites de tes eaux de pêche habituelle. Ils capturent une telle quantité de poissons, qu’ils avaient du mal à faire face. 
            L’Evangile n’invite pas les chrétiens à rester sur la plage, ni à se barricader dans des eaux territoriales bien protégées. « Avance au large ! N’aie pas peur. » Ne reste pas à la surface de tes impressions, et de tes habitudes, ne crois pas que tu sais tout parce que c’est ton expérience, ne t’arrête pas à la plage, au bord, mouille-toi ! C’est vrai que c’est peu confortable et moins risqué, la plage ! La première réaction de Pierre est la peur, l’effroi ! La peur, dans l’Evangile, est toujours le contraire de la Foi, de la confiance, peur de l’inconnu des vagues et des vents qui font bouger la barque. « Avance au large ! ». Devant la réussite de la pêche, Pierre reconnaît qu’il n’a pas fait confiance... « Eloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. » (Luc 5,8). Comme le prophète dans la première lecture : « Je suis un homme aux lèvres impures » (Isaïe 6,5). La reconnaissance que Pierre fait de sa faiblesse, et de faire le malin, ça le sauve. Au cœur de nos faiblesses, la grâce agit, si nous consentons, à reconnaître notre besoin de la grâce de Dieu. Un jour, Pierre reconnaîtra la grâce d’Amour du Christ, au cœur de sa faiblesse – c’est encore ce qui le sauvera - « Seigneur, tu sais bien que je t’aime ! » (Jean 21,15). « Alors, avance au large, ce sont des hommes que tu prendras ». Ce sera une autre pêche... et tu auras la pêche : ce sont des être humains que tu pêcheras, que tu repêcheras, que tu sortiras de l’eau, la tête de l’eau, pour qu’ils respirent et qu’ils vivent. Quand tu pêches des poissons, c’est pour les faire mourir et les manger. Les êtres humains, que tu sortiras de l’eau, tu les feras vivre de cette vie que je vous donne. « Pêcheurs d’hommes ».  C’est une belle mission. « Laissant tout, ils le suivirent. Avance au large ! » C’est difficile et risqué d’avancer en eau profonde, au-delà des  ondulations superficielles qui caressent la plage. A moins que... nous n’ayons pas oublié l’ancrage de la Parole, de la présence et de la main du Christ...
            « Comme tu le demandes, sur ta Parole, je vais jeter les filets... Les filets se remplirent »- A condition d’avancer au large, de jeter les filets, et surtout de faire confiance en la Parole du Seigneur. Sur ta Parole... et pas sur la mienne craintive et fatiguée, je vais jeter les filets.

           

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