vendredi 19 avril 2019

Homélie du Jeudi Saint Année C 2019


Homélie du Jeudi Saint Année C 2019
Carmel de Saint Maur – Père Maurice BOISSON

Is 61, 1-3a.6a.8b-9 ; Ap 1,5-8 ; Lc 4,16-21.


Ce soir nous sommes comme les amis de Jésus, autour de Lui, à table, au repas d’adieu.
Nous sommes là, avec Lui, pour recueillir son Testament : les mots et les gestes de l’Amour.

L’ambiance n’était pas à la fête à ce repas… Qui avait imaginé que ces années de compagnonnage, d’amitié, de courage redonné, de misères intérieures et de maladie guéries, de blessures soignées, de pardon donné, de personnes relevées, d’espérance rallumées… Qui avait imaginé une telle fin ? Violence, procès, abandon, mort…
 Toutes les situations, si dures soient-elles, portent en elles-mêmes un germe de leur contraire. Comme si le mal ne pouvait se résigner au mal… Au cœur même de ce qui, apparemment, se terminait par une prise de pouvoir du mal… Voici le repas : signe du partage, du don, de l’amitié. Voici, dans l’obscurité des cœurs, une lueur que rien ne pourra éteindre, un germe que nul ne pourra détruire : le Testament de Jésus, signé de son sang : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime… ».


Ce Testament n’est pas fait de paroles, mais d’actes, de gestes accompagnés de paroles qui font ce qu’elles disent.
Deux gestes contraires à cette situation de violence et de misère intérieure, deux gestes fondateurs qui constituent les communautés de celles et ceux qui croient en Lui et se réclament de Lui, Jésus, le Christ :
-         Jésus lave les pieds de ses amis : un exemple de service humble, un signe de la charité quotidienne.
-         Jésus partage le pain et la coupe de vin… C’est mon corps livré, mon sang versé, le don que Jésus fait librement de sa vie par Amour, pour rendre à ses frères et sœurs humains, une humanité divinisée.
Deux gestes inséparables, pour lesquels Jésus nous dit :
-         « Vous ferez cela en mémoire de moi… ». « Cela » : pas seulement le geste matériel de l’Eucharistie, mais le don de nous-mêmes, dans la Charité.
-         « Je vous ai lavé les pieds, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres ».

La Charité, ce qui touche à notre relation aux autres, inspirée de la manière d’être du Christ, et l’Eucharistie, communion au don du Christ, sont inséparables. Pratiquer l’une sans l’autre est illusoire.
-« Ubi Caritas ». « Où sont amour et charité, Dieu est présent ». L’Eucharistie rend Dieu présent, c’est la Présence Réelle.
L’amour et la charité rendent Dieu présent, parce que Dieu est Amour. C’est aussi la Présence Réelle.
Ces deux gestes seront jusqu’à la fin des temps, les signes distinctifs des amis et disciples de Jésus. Il nous a donné Lui-même ces deux signes « à faire » en mémoire de Lui, jusqu’à ce qu’Il revienne.

Nous ne faisons pas ce soir le geste matériel du Lavement des pieds. « C’est un exemple », dit Jésus, « pour que vous fassiez vous aussi comme j’ai fait pour vous ».
Dans un temps de silence soutenu par l’orgue, demandons-nous : à quoi cet exemple correspond-il pour nous, pour notre communauté, aujourd’hui ? Quels appels pour rendre plus réelle la présence de la charité fraternelle et pour que l’Eucharistie soit vraiment « la source de notre vie chrétienne » ?…

« Vous ferez cela, ces deux gestes, en mémoire de moi ».


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