dimanche 4 août 2019

Homélie du 18ème dimanche T.O.C 2019


Homélie du 18ème dimanche T.O.C 2019
Carmel de Saint Maur – Père Maurice BOISSON

Qo 1,2,2.21-23 ; Col 3,1-5,9-11 ; Lc 12,13-21.

Les affaires d’héritage et de partage sont parfois (hélas !) cause de brouilles dans les familles. Ce n’est pas nouveau. Quelqu’un demande à Jésus : « Dis à mon frère de partager avec moi l’héritage ! ». Ça ne devait pas se passer très bien ! Jésus refuse de faire le juge ou le notaire : « Qui m’a établi pour être l’arbitre de vos partages ? ». Il renvoie chacun à sa responsabilité, à sa conscience, en ajoutant une mise en garde de taille : « Gardez-vous bien de toute avidité ou désir démesuré, exagéré de posséder... Car la vie de quelqu’un, même s’il est dans l’abondance, ne dépend pas de ce qu’il possède ».
Il faut bien comprendre ces avertissements de Jésus : il ne s’agit pas de jouer « les misérables ». Si la récolte est bonne (c’est l’exemple qu’il donne) tant mieux ! Il vaut mieux que les troupeaux ne manquent pas de fourrage... que la vigne ne soit pas détruite par le gel ou la grêle, que l’ouvrier ne voit pas fermer son usine. Jésus ne nous appelle pas au mépris des bien matériels (il sait ce que c’est que le travail) il nous invite à les mettre à leur place et à ne pas nous laisser prendre par le désir exagéré d’avoir, de posséder, en arriver à être possédé par les biens qu’on possède ou qu’on désire. Cela ne concerne pas seulement les biens matériels.
On peut vouloir posséder la vérité, le pouvoir, l’influence, des personnes (etc) au détriment d’autres valeurs et au détriment des autres et même de nous-mêmes. C’est la dernière phrase de notre Evangile : « Il ne s’agit pas d’amasser pour soi-même, pour soi tout seul, par orgueil pour être le plus fort... Il s’agit de s’enrichir pour être riche auprès de Dieu, aux yeux de Dieu », de puiser en lui nos richesses intérieures qui nous font humains, et d’être riches aussi et surtout d’autres biens, d’autres valeurs que matérielles : celles qui  donnent sens à la vie et du goût à la vie ensemble, à l’autre, aux autres. Jésus nous invite à mettre les choses, les désirs, à leur vraie place : ce qui est premier, essentiel.
« La vie de quelqu’un, dit Jésus, ne dépend pas de ce qu’il a, elle dépend aussi et surtout des valeurs qui font la qualité de la vie, le prix de la vie ». Acheter, vendre une maison, du terrain, c’est de l’argent. Donner de l’amour, de l’attention, du temps, du soin ou en recevoir, c’est toi même qui te donnes, ou l’autre qui se donne lui-même. « Ton argent, qui l’aura, quand on va te redemander ta vie ? » dit Jésus. Ce que tu es, tes richesses intérieures produiront du fruit parce qu’elles ne seront pas détruites et serviront à tous.
« Notre vie est comme un souffle fragile, comme une herbe changeante » dit le Psaume de ce jour «elle fleurit, elle fane... ». Sans aller jusqu’à être désabusé, comme l’auteur de la 1ère lecture « Vanité des vanités, tout est vanité », le message de cet Evangile nous rappelle « la vraie mesure de nos jours », les vraies richesses de la vie. A quoi, avec quelle mesure une vie peut-elle être évaluée, mesurée, pesée ? Quelle richesse en sera la mesure ? Les richesses du cœur qui inspirent nos actes, nos comportements. « Etre riche à la vue de Dieu », c’est ce qui lui rassemble, ce qui a le goût de l’Evangile, de la vie ensemble, le goût des autres, c’est ce capital, ce domaine qu’il nous faut agrandir... « Ouvrez les yeux et considérez votre capital d’amour et augmentez la somme que vous aurez découverte en vous-même. Veillez sur ce trésor afin d’être riches intérieurement » dit Saint Augustin.
Prions avec le Psaume de ce jour : « Apprends-nous la vraie mesure de nos jours... Que vienne sur nous, sur nos familles, sur nos communautés, sur notre pays, la douceur du Seigneur notre Dieu ».

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