dimanche 15 septembre 2019

Homélie du 24ème dimanche T.O.C 2019


Homélie du 24ème dimanche T.O.C 2019
Carmel de Saint Maur – Père Maurice BOISSON

Ex 32,7-11,13-14 ; 1Tm 1,12-17 ; Lc 15,1-32

« T’as vu chez qui il a mangé ?  Chez des gens vraiment pas fréquentables ! Et il leur fait des courbettes et des sourires ! Pas étonnant qu’ils viennent l’écouter ! ». Ce « il » c’est Jésus... Et ces notables religieux ricanent : « cet homme fait bon accueil aux pécheurs, il mange avec eux ! ». Heureusement que Dieu est comme ça ! Nous ne serions pas à sa table en ce moment... nous autres pécheurs !
A ces critiques, Jésus ne répond par les réponses du catéchisme, il dit 3 petites histoires de la vie courante : un berger a la garde de 100 brebis, l’une d’elle veut goûter l’herbe du voisin d’à côté, elle se perd et s’égare. Le Berger laisse les autres, il fait tout pour la retrouver. Il la retrouve, la ramène au bercail, c’est la joie : « Réjouissez-vous avec moi je l’ai retrouvée ! ». Une sur 100 ? Est-ce que ça valait le coup de mettre les 99 autres en danger en les laissant sans berger pour aller rechercher l’égarée ? Oui nous dit Jésus. Chacun, chacune est unique et compte pour Dieu. Chacune, chacun a du prix aux yeux et au cœur de Dieu.

Comme si le message n’était pas bien compris. Jésus en remet une couche : une femme a 10 pièces d’argent, toute sa fortune ! Elle en perd une, il en restait 9. Elle renverse toute la maison pour la retrouver. Ça y est, je l’ai. Café, thé, gâteau avec les voisines : réjouissez-vous avec moi ! La joie de retrouver ce qui est précieux et de partager cette joie !
Ces deux histoires pour nous dire que chacun, chacune est un trésor dans le cœur de Dieu, chacun chacune est important à ses yeux. Dieu ne dit pas : j’ai encore 99 moutons,1 de moins pas grave, ou : il en reste encore 9 pièces, on a encore du monde... Pourquoi tant d’investissement à rechercher la brebis ou la pièce ? A nous d’actualiser dans les situations d’aujourd’hui. Dieu n’est pas dans la « culture du déchet » dont parle le Pape François, où on ne s’émeut pas pour une brebis manquante ou une pièce perdue. Dieu ne se résigne pas à qui s’éloigne de lui ou de la communauté croyante, ou de la communauté humaine. Même si le fils ainé de la 3ème histoire est jaloux du retour de son frère parti et accueilli à bras ouverts par son Père.
Nous connaissons bien cette 3ème histoire. Il suffit simplement de nous laisser prendre, de nous laisser convertir par l’attitude du Père, image de Dieu. Il avait tant de raisons de tirer un trait sur l’absence et le départ volontaire de son fils... tant de raisons de se rallier à la réactions du fils aîné qui, lui n’avait jamais désobéi dit-il et avait toujours été « dans la ligne ».
Ce Père, c’est le portrait de Dieu : il use ses yeux à regarder le bout de la route débouchant du virage où il apercevrait la silhouette d’un jeune en guenille dans son vêtement et dans son cœur... Parce qu’on ne voit bien qu’avec des yeux qui ont pleurés, il reconnaît, il sait, que dans celui qui apparaît au sortir du virage, c’est son fils, c’est lui. « Je savais qu’il reviendrait ». Sans questions inutiles, sans reproches culpabilisants, le Père serre son fils dans ses bras, pose ses grosses mains sur son dos et l’embrasse. Tout est dit. Le frère aîné, que nous sommes parfois, fait la tête : rien ne lui sera enlevé !
Ces 3 histoires sont les plus belles photos de Dieu, de qui il est et de ce que nous-mêmes sommes appelés à être. Si on pouvait dire de chacun, de chacune, de nos communautés : « Ah, c’est bien le portrait de leur Père ! ».
C’est un chemin... alors, prenons-le... La vie sera plus belle au quotidien et le monde sera meilleur comme celui du Bon Berger  qui retrouve sa brebis, comme cette femme qui retrouve son argent, comme le Père qui accueille son Fils et qui nous accueille à la table de cette Eucharistie.

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