dimanche 12 juillet 2020

Homélie Père Maurice Boisson15ème dimanche A


15ème dimanche A
Carmel de Saint Maur - Homélie Père Maurice Boisson

Is 55,10-11; Rm 8,18-23; Mt 13,1-23.

C'est le temps des moissons. Il se termine. Pour récolter ces beaux épis dorés qui donneront de bons pains, il a fallu semer le grain. "Le semeur sortit pour semer". C'est l'Evangile.
Si le tracteur et le semoir ont remplacé le geste auguste du semeur, ce geste continue à nous parler. Il m'est revenu à la mémoire quelques mots du poète Victor Hugo à ce sujet: "Il contemple le semeur qui jette à poignée la moisson future aux sillons... Il marche, va et vient, jette la graine... L'ombre semble élargir jusqu'aux étoiles le geste auguste du semeur". Auguste : ce qui a du poids, de l'importance, de la noblesse... C'est le geste de Dieu qui sème en abondance. Il sème ce qu'il est et ce qu'il souhaite pour nous. C'est le geste de tous les témoins connus et inconnus qui, à travers l'histoire humaine, ont répandu les grains d'humanité, d'amour, de fraternité.
Les gestes du semeur ce sont nos gestes, nos paroles, nos attitudes, lorsque nous semons à notre tour les produits de Dieu, là où nous sommes, pour qu'ils donnent de beaux épis dorés et nourrissants.
"Le semeur sortit pour semer...".
Pour semer quoi? D'abord pour semer, le semeur sort, il sort de lui-même. La création ne s'est pas arrêtée à un moment de l'histoire. Dieu crée et re-crée en permanence, en semant sans cesse et en abondance les grains de vie, d'amour, de fraternité. Il sème en nous ce qui nous fait exister et aimer vraiment. Nous l'entendrons dans la Préface : "Dieu de qui nous tenons la vie, la croissance et l'être. Dans cette existence de chaque jour, les semences de la Vie Eternelle sont entrain de germer".
Dieu sème les grains de ce qu'il est lui-même afin que nous devenions ce qu'il est. Dieu met dans l'humus de l'humanité des grains pour que cette humanité devienne ce qu'elle est destinée à devenir : de beaux épis de justice, de paix, de fraternité, d'amour... Il nous faut sortir pour semer ce que nous recevons. Dieu n'est pas regardant sur la quantité à semer. Il sème en abondance, même si des grains sont perdus apparemment, mangés par les oiseaux, brûlés par le soleil, étouffés par les ronces. Qui sait? N'en restera-t-il pas quelques traces ? Des grains tomberont dans la bonne terre et donneront de beaux épis, peut-être là où on ne s'y attend pas. Beaucoup d'enseignements et de lumières sur nos vies sont contenus dans cette expérience du semeur. Dieu sème et le grain tombe dans les différents espaces de nos vies. Jésus nous invite à veiller à la qualité de notre terre intérieure où peut tomber la semence, pousser et donner du fruit. Cette terre c'est notre liberté, notre intériorité, notre petit lopin de nous-mêmes qui n'appartient à personne d'autre qu'à nous-mêmes et à Dieu.... Les endroits caillouteux, buissonneux, nos bords de chemin poussiéreux, secs, arides, on connaît! Ils sont aussi souvent connus.
Jésus nous dit surtout ce qui est essentiel : il y a en nous et en chacun, chacune, de la bonne terre dans laquelle pousse la graine de Dieu et donne du fruit. Cette bonne terre est souvent moins visible que les cailloux qui nous font mal aux pieds ou les ronces qui nous écorchent les mains. Mais, ni les oiseaux, ni le soleil, ni les épines ne peuvent empêcher cette terre d'accueillir les grains d'amour, de vie, de bonté de Dieu. Préservons, nourrissons, cultivons, la qualité de cet espace de bonne terre en nous, là où "le geste auguste du semeur" jette à poignée la moisson future.


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