lundi 7 septembre 2020

23ème dimanche A Homélie Père Maurice BOISSON

Carmel de Saint Maur 23ème dimanche A

 Homélie Père Maurice BOISSON

Ez 33,7-9; Rm 13,8-10; MT 18,15-20.


 

"Si ton frère ou ta soeur... a commis un péché contre toi..." : Que faire? Devant des situations compliquées et des propositions de solutions que nous venons d'entendre, Il est nécessaire de préciser de quoi il s'agit, pour éviter quelques écueils : celui de ne rien dire, celui de jouer sans cesse les redresseurs de torts, l'écueil d'appliquer sans discernement les conseils de Jésus lorsque survient un désaccord normal et bénin etc...

Il s'agit des relations entre les membres de communauté chrétienne auxquelles s'adresse Saint Mathieu.

Ces petites communautés naissantes avaient le souci de pratiquer la charité fraternelle par fidélité au Testament de Jésus : "Aimez vous les uns les autres, c'est à cela qu'on vous reconnaîtra comme mes disciples". Le signe distinctif d'appartenance au Christ est de vivre des relations fraternelles de charité. C'est toujours d'actualité.

Les premières communautés n'étaient pas parfaites, elles étaient aussi touchées par des divisions, des conflits, des commérages... Ça aussi c'est toujours d'actualité. Saint Mathieu nous rappelle ces paroles de Jésus sur les relations fraternelles comme condition de l'union à Jésus et du témoignage que nous donnons de lui, c'est la dernière phrase de cet Evangile : "Quand deux ou trois sont réunis en mon Nom, je suis au milieu d'eux". Ces conseils de Jésus pour régler les différents concernent d'abord les membres de la communauté chrétienne réunis au Nom de Jésus. Ils peuvent, bien sûr, avoir une incidence sur les relations sociales, professionnelles et de voisinage de la vie de tous les jours, mais ces conseils ne s'appliquent pas directement à ces situations : "Si ton frère a commis un péché contre toi" : ton frère ou ta soeur dans le Christ, qui partage la même foi, la même communion dans la même Eucharistie "qui nous rassemble en un seul Corps" dit la Prière Eucharistique n°2.

"Si ton frère ou ta Soeur a commis un péché contre toi". Il ne s'agit pas de bricoles, d'un désaccord sur une porte ouverte ou fermée, ni même sur le choix d'un chant pour la messe... Il s'agit d'actes sérieux, graves, ou de paroles qui font du mal, qui peuvent tuer et faire du mal à la communauté, à l'Eglise, dit le Pape François. Ne pensons pas uniquement aux évènements d'abus sexuels qui ont secoué l'Eglise : c'est une réalité triste. Il y a aussi beaucoup d'autres abus et péchés qui atteignent les communautés chrétiennes. Saint Mathieu, dans cet Evangile d'aujourd'hui, rapporte les paroles de Jésus pour aider les communautés à une fidélité plus grande aux relations fraternelles, condition du témoignage. Il indique des démarches patientes, respectueuses, envers celui ou celle qui a commis un péché, envers un frère ou une soeur de la communauté. Cette démarche s'appelle : "La correction fraternelle", c'est une vraie démarche spirituelle - et non juridique- qui demande de la délicatesse, du tact, du courage et beaucoup d'humilité. "Parle-lui seul à seul", pas dans la dénonciation ou le règlement de compte sur la place publique, ou la place de l'Eglise. Si ça ne marche pas, prends avec toi une ou deux personnes... Si ça ne marche pas, parles-en à la communauté... Encore une fois, s'il s'agit de choses graves, les indications de Jésus ne sont pas à appliquer à la lettre mais à nous inspirer de l'Esprit, de la pensée de Jésus, exprimés par Saint Paul dans la 2ème lecture : "N'ayez de dette envers personne, sauf celle de l'amour mutuel, car celui qui aime les autres a pleinement accompli la Loi" : c'est à dire le désir, la pensée, la volonté de Dieu. On a toujours une dette d'amour, on n'aime jamais assez. Paul termine cette 2ème lecture qui clôt cette homélie : "L'Amour ne fait rien de mal au prochain. Donc le plein accomplissement de la Loi, ou désir de Dieu, c'est l'Amour". Puisons dans cette Eucharistie, le don d'Amour du Christ, la force d'aimer, et surtout, même quand c'est difficile.

 

 

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